Journée internationale de la femme aujourd’hui : Sans elles, ils perdraient le cap

Des maris touchés par la perte d’emploi rendent hommage à leurs compagnes

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Pour avancer ou ne pas sombrer dans la déprime, après la perte de leur emploi, ils ont trouvé en leur compagne une partenaire qui a su avoir la réaction réconfortante et la poigne solide pour maintenir le cap de leur foyer. Grâce à leurs épouses, ils ont affronté les épreuves du chômage, dans la dignité et ce malgré les fois où pour certains, l’impression de perdre leur identité engendrait des moments de frustration. En reconnaissant la résilience de leurs partenaires, ces hommes rendent hommage non seulement à leurs épouses, mais aussi à toutes ces femmes qui n’abandonnent jamais face aux aléas de la vie. 

Dans son regard et dans sa voix, il porte tout l’amour qu’il a pour elle. Sans elle, la femme qu’il a épousée il y a 30 ans, Mario concède qu’il serait incomplet. C’est même certain, dit-il, qu’il n’aurait pas eu le courage de se battre pour surmonter sa maladie et s’accrocher à la vie. Dire que derrière le combat ou l’ascension de chaque homme il y a le soutien indéfectible d’une femme n’est pas une légende. Le reconnaître n’est pas, non plus, un aveu de faiblesse de celui qui est porté par sa partenaire. Si les deux partenaires sont tenus à se soutenir mutuellement, en revanche, il y a des moments particuliers dans la vie d’un couple où l’un a plus besoin du soutien de l’autre.

Si ce sont des hommes qui nous racontent ces instants où ils ont puisé le courage auprès de leurs compagnes pour affronter les épreuves du chômage, c’est parce qu’aujourd’hui, Journée internationale de la femme, ce sont elles qui sont à l’honneur. Dans un monde où l’égalité des genres n’est toujours pas ancrée dans les habitudes sociales et où la suprématie masculine est instinctivement ou inconsciemment valorisée, cette journée a sa raison d’être. Et c’est pour cela que la voix, plutôt rare, de l’homme dans la promotion de légalité des sexes pèse lourd dans la balance.

« J’étais un hard worker. J’ai débuté comme helper, j’ai suivi des cours, j’ai gravi les échelons pour devenir soudeur. J’ai été licencié après 37 ans de service au sein de la même entreprise », raconte Jugdish, 53 ans. « La première réaction de ma femme a été de me rassurer. Je me souviens de ses paroles : pa kas to latet, nou pou gete kouma nou pou debriye, me disait-elle », poursuit-il. Marié il y a près de 20 ans à Preety, 40 ans, Jugdish confie que les conditions dans lesquelles il avait perdu son emploi l’avaient sur le coup profondément bouleversé. « Je suis parti de la compagnie sans un sou en poche. » La première personne à l’avoir écouté et réconforté, dit-il, c’est Preety. Mais elle a fait plus. Elle l’a aidé à faire face au chômage et encouragé toutes les fois où il a eu à se résoudre à se faire embaucher temporairement sur des chantiers.

De son côté, Richard, un ex-opérateur de 46 ans et au chômage depuis deux mois, rappelle que « la femme n’est pas un punching-ball. » S’il fait référence aux récents cas de féminicide, ses propos s’adaptent aussi au contexte où le chômage peut engendrer des conflits pouvant aller jusqu’à la violence au sein du couple.

Il déprime, elle gère

Le chômage est non seulement une épreuve mais aussi un véritable cauchemar pour le couple. Force est d’admettre que, généralement, les répercussions dans le foyer sont encore plus terribles lorsque c’est l’homme qui est touché par la perte d’un emploi. Le repli sur soi, la déprime, l’oisiveté C’est le cas de Michael. La trentaine, ce dernier traverse actuellement les pires moments de sa vie depuis qu’il ne travaille plus. Il y a un an, son contrat a été interrompu. Depuis, ce dernier, qui occupait un poste dans les opérations d’une entreprise, confie : « Zordi mo trase kot mo gagne. » Fini le temps où il ramenait un salaire fixe gonflé par des allocations et les heures supplémentaires.

Isabelle, son épouse, est désormais la bread earner de son couple. Miné par ce renversement de situation, Michael traduit sa frustration par la colère, une attitude aigrie que doit aussi gérer son épouse. Malgré la compréhension d’Isabelle et ses efforts pour ne pas céder aux tensions, Michael a du mal à accepter les épreuves du chômage. Mais il concède que sans l’encouragement psychologique et l’aide financière de son épouse, il se laisserait enfoncer dans un tourbillon d’inquiétudes sans fin. « Elle paye les plus grosses factures, règle les emprunts », explique Richard, en regrettant de ne plus pouvoir offrir des sorties à sa femme.

Preety, puéricultrice, touche le salaire minimum : Rs 10 200. C’est avec un mélange de fierté et de tristesse que Jugdish confie que malgré son faible salaire, c’est son épouse qui a pris en charge les principales dépenses familiales. « Quand j’avais mon salaire fixe de Rs 16 000, nous assurions les dépenses à deux. Pas plus tard que mardi dernier, nous étions au supermarché et elle a réglé les achats avec sa carte bancaire. Koman fini peye, li dir mwa : pa res nanie lor mo kart », confie Jugdish. Le couple, qui est parents de deux enfants, n’a plus l’aîné à sa charge. Celui-ci travaille et finance ses études en comptabilité. Mais la benjamine qui prendra part aux examens de School Certificate est dépendante de ses parents. Et les leçons privées coûtent cher. Là aussi, c’est Preety qui intervient.

Pour que sa femme ne porte pas toutes les charges de la famille sur ses épaules, Jugdish a décidé de « pa res an plas. » D’autant, dit-il, qu’il a toujours travaillé. Il s’arrange alors pour décrocher des journées de travail sur des chantiers. Et même prêter main-forte à des vendeurs de légumes les soirs de vente à l’encan. « Qu’importe la somme que je reçois, je lui donne toujours une partie pour contribuer aux dépenses », explique Jugdish. Admire-t-il le dévouement de Preety ? « Oui », répond Jugdish pudiquement. Contrairement à Richard, qui, lui, est capable de crier toute son admiration pour son épouse sur tous les toits, tant il lui est reconnaissant, Jugdish lui est plus introverti. Il parlera plutôt de la résilience de sa femme ou encore comment c’est elle qui se réveille aux aurores pour s’occuper de sa famille avant de quitter la maison à 7h pour rentrer en fin d’après-midi. Et faire à manger.

Il reconnaît qu’elle a aussi accepté de se priver de sorties familiales. Parce que Preety est un socle vital pour son couple et ses enfants, pour lui témoigner ses sentiments pour elle et quand il peut se le permettre, Jugdish tient à ce qu’elle pense aussi à elle. « Mo met enn ti kas dan so lame. Mo dir li fer li plezir. » Mais il n’ira pas jusqu’à lui dire ce qu’il a sur le cœur, que sans elle il n’aurait pas eu l’envie de se battre à 53 ans pour trouver du travail. « Li kone  » dira-t-il en esquissant un sourire.

Elle est son bras droit

Marié depuis une vingtaine d’années, Richard concède d’emblée qu’il ne se prive pas de dire chaque jour à sa femme qui lui a donné trois enfants qu’il l’aime et qu’elle lui est d’un support inestimable. « Elle est formidable, je remercie Dieu de m’avoir donné une femme comme elle. Je me sens flatté de l’avoir à mes côtés », dit-il. Le jour où il a appris qu’il s’est rendu au travail pour la dernière fois, il était déjà à son poste. « Elle avait appris la nouvelle par mon frère. Elle m’a appelé et a trouvé les mots qu’il fallait pour me remonter le moral. Moi, j’étais en état de choc. » La femme de Richard est baby-sitter. Même si ce dernier a été financièrement indemnisé par son ancienne entreprise, elle a pris les devants pour gérer le budget de la famille. « Elle est forte à ça ! C’est la ministre des finances du foyer ! » dit Richard tout sourire. Et de reconnaître : « Sans elle, je ne me serais pas senti bien. » Et c’est boosté par l’amour et les encouragements de son épouse qu’il s’est mis à chercher un nouvel emploi. Il commence très bientôt une nouvelle carrière.

Quand un cancer du pancréas le contraint à tirer un trait sur sa vie professionnelle, stable, active et prometteuse, Mario, 58 ans, s’apprête à «traverser les moments les plus sombres. » C’était il y a une dizaine d’années. Les épreuves, dit-il, l’ont davantage convaincu que Mary, quinquagénaire également, est la femme qui lui est destinée. Déjà, au départ, les deux partageaient les mêmes valeurs. Leur mariage avait pris naissance sur des bases solides. Mais lorsque le chômage et la maladie se sont ligués contre lui, Mario pouvait compter sur son âme soeur pour non seulement le soutenir, mais aussi faire avancer la famille — composée de cinq enfants — qu’ils ont fondée ensemble.

Du jour au lendemain, Mary, qui s’était engagée dans le social, a dû abandonner ses occupations pour prendre le relais à son mari afin de subvenir quasiment seule aux besoins du foyer. Elle s’est mise à travailler. Aidant Mario dans sa reconversion dans l’horticulture, elle a retroussé ses manches pour s’y impliquer également. «Je n’aurais pas eu la capacité de faire tout ce qu’elle a accompli entre-temps. Elle est la seule qui m’ait apporté son aide sans faille, quand beaucoup nous ont abandonnés, parce que je n’avais plus la même vie qu’autrefois », dit-il. Et quand épuisé, affaibli par la maladie, il ne peut poursuivre ses activités, Mary, explique-t-il, s’est mise à chercher du travail dans le service à la personne, pour s’assurer d’une rentrée d’argent dans le foyer.

« Je suis croyant et je remercie mon Créateur de l’avoir mise sur mon chemin. Nous avons des affinités, mais nous avons aussi des discussions assez dures lorsque nous ne sommes pas du même avis. Mais je ne cesserai de lui dire merci pour ce qu’elle est. Je suis conscient des sacrifices qu’elle fait. Je le ressens surtout quand elle est de service le soir », dit Mario. Croyant fermement dans l’égalité des genres, le mois de mars, confie Mario, revêt une importance particulière à ses yeux. Pour cause, « c’est le mois où on rend hommage à la femme, puis je célèbre l’anniversaire de ma fille et celui de Mary. »

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