JOURNÉE MONDIALE DE LA LUTTE CONTRE LE VIH/SIDA : La volonté de la communauté internationale n’y est pas

DR DIPLAL MAROAM

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À un moment où l’épidémie commence à marquer le pas, l’annonce du président Donald Trump de réduire drastiquement, dans le budget 2018, les cotisations des États-Unis à la lutte contre le VIH avait sonné comme un véritable coup de semonce l’an dernier lors de la conférence internationale sur le VIH/Sida, à Paris. En conséquence de cette décision, il va sans dire que le programme de thérapie antirétrovirale, qui a permis de réduire presque de moitié le nombre de décès en 10 ans, selon un récent rapport de l’ONUSida, sera forcément perturbé. Même si le cap de 50% de personnes séropositives sous traitement est aujourd’hui dépassé, le rythme à la baisse du nombre de cas d’infections est beaucoup trop lent pour permettre de juguler l’épidémie. Et la réduction des dotations américaines risque de mettre en péril le but fixé par l’ONUSida d’atteindre un taux de 90% de personnes séropositives sous traitement et avec une charge virale indétectable d’ici 2020.

À Maurice, avec un taux de séroprévalence estimé à 0,88%, soit environ 8 200 cas, selon les statistiques officielles, la maladie représente toujours une menace sérieuse à la santé publique. Si la prise en charge des patients doit impérativement être améliorée, le ministère de la Santé projette toutefois d’élargir son service de dépistage car plus de 15% de personnes vivant avec le VIH/Sida (PVVIH) ignorent qu’elles en sont atteintes ou leur statut sérologique. Pour les 191 cas, qui ont été répertoriés de janvier à juin dernier ou les 300 nouveaux cas en moyenne qui sont détectés chaque année, la drogue constitue toujours un mode de transmission important. Ainsi, les données font état d’une prévalence de 32,4% de la maladie chez les consommateurs de drogue alors qu’elle est de 15% chez les travailleuses du sexe ou de 17,2% chez les hommes ayant des relations intimes avec d’autres hommes. Vu que la plupart des personnes infectées vivent dans des situations de précarité, les convaincre de prendre leurs médicaments (antirétroviraux) relève parfois d’un véritable parcours du combattant. Car la stigmatisation et la discrimination sont bel et bien présentes, ce malgré un programme de conscientisation de grande ampleur sur les méthodes de transmission menées ces dernières années. C’est pourquoi, le 17e Colloque sur le VIH/Sida océan Indien tenu du 20 au 22 novembre dernier, à Balaclava, a mis l’accent sur la prévention et les mesures appropriées pour lutter contre la maladie.

Aujourd’hui, bien que les bases et moyens scientifiques existent pour mettre fin à la pandémie, les chercheurs reconnaissent que c’est effectivement une absence de fonds qui constitue l’obstacle majeur à la réalisation de leurs objectifs. Mais il est malheureux que pour une cause sanitaire planétaire si cruciale, tous les dirigeants des pays riches ne jouent pas toujours franc jeu. Brillant souvent par leur absence lors des conférences internationales sur le sujet, ils traînent souvent les pieds lorsqu’il s’agit de passer à la caisse. S’il est vrai que la surprenante variabilité génétique du VIH rend la tâche de la mise au point d’un vaccin bien plus complexe, force est de reconnaître toutefois que c’est effectivement le manque aigu des moyens thérapeutiques nécessaires qui avait favorisé la prolifération rapide du pathogène durant les 10 premières années de son apparition en 1981. Et que même après son identification en 1983, les décideurs politiques mondiaux avaient tardé à réagir. Aujourd’hui, le monde scientifique se trouve à la croisée des chemins. Seul un sursaut de la part de la communauté internationale pourrait faire évoluer la situation sanitaire mondiale de manière résolue et faire rejaillir enfin cette lueur d’espoir dans la lutte contre le VIH/Sida.

Dans son dernier rapport, l’ONUSida exprime son inquiétude face à la lenteur du progrès accompli jusqu’ici. Or, la lutte contre la maladie reposant considérablement sur la qualité des soins octroyés, le fonctionnement général du système de santé de chaque pays déterminera, dans une grande mesure, les résultats de la prévention, du diagnostic et du traitement de la maladie.

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