JOURNÉE DE RÉFLEXION DU 1ER-MAI : Le MMM dissèque son fonctionnement

La crise qui a secoué le MMM ces dernières semaines, avec le départ de nombreux membres, dont des dirigeants de longue date, a été le catalyseur de la journée de réflexion organisée hier par ce parti sur son avenir, avec comme thème général “Réformer et Innover”. La centaine de participants – des représentants des différentes instances au niveau national et régional – avaient eu carte blanche pour discuter « en toute liberté » de la structure du parti, de son mode de fonctionnement, de ses « valeurs et principes », de sa constitution et d’autres aspects. « Pena oken size tabou. Diskit tou saki ou anvi », leur a dit Paul Bérenger lors de son intervention à l’ouverture de cette journée. Il a ajouté qu’il n’a aucune objection que les militants discutent du poste de leader.
Cette journée de réflexion organisée hier par le MMM, et qui était centrée sur la vie interne du parti, a tranché nettement avec les traditionnels meetings, congrès et autres rassemblements que ce parti a organisés ces 40 dernières années lors de la Fête du Travail. « Depuis 35 ans que je suis dans le parti, c’est la première fois que nous organisons une journée de réflexion pour le 1er mai », a d’ailleurs fait remarquer Rajesh Bhagwan, à qui le MMM vient de confier le poste de président après le départ d’Alan Ganoo. « Mo kontan ki nou isi, anou tras lavenir parti, a nou reform saki bizin reforme pou ogment lefikasite lor terin e dan tou bann linstans parti », a déclaré Rajesh Bhagwan aux participants.
Paul Bérenger, très serein pour cette journée de réflexion en profondeur sur les forces et faiblesses du MMM, a reconnu que le parti est passé par une crise ces derniers jours, mais que cet épisode, selon lui, fait déjà partie du passé. « La crise est derrière nous », a-t-il soutenu. C’est la seule allusion dans le discours du leader du MMM aux récents événements qui ont agité son parti. Aucun autre commentaire n’a été fait sur ceux qui ont claqué la porte ces derniers jours.
Pour Paul Bérenger, le MMM est résolument tourné vers l’avenir et a souhaité que cette journée donne lieu à des discussions fructueuses. Le leader des mauves a beaucoup insisté sur la liberté d’expression pendant cet exercice en affirmant « qu’il n’y a aucun sujet tabou » pour lui concernant la structure et le fonctionnement du parti « Diskit libreman. Pena nanye ki ou pena drwa diskite. Faites des suggestions sur la manière dont le parti doit fonctionner en vue de plus de démocratie et d’efficacité », leur a-t-il dit. Paul Bérenger a fait clairement comprendre que cela ne le gêne nullement si les militants veulent discuter du bien-fondé de son poste du leader et si certains souhaitent des changements au niveau de la hiérarchie du parti. « Mo pena oken problem si bizin reget post-la », leur a rassuré le leader du MMM, soulignant qu’un tel poste n’existait pas durant les premières années du parti.
Paul Bérenger note que la tendance dans certains milieux est de se focaliser sur les travers du parti en oubliant les « valeurs fondamentales et les qualités du MMM ». Selon lui, il y a très peu de partis politiques dans le monde qui pratiquent la démocratie interne comme le fait le MMM. « Nou sel parti dan Moris kot ena demokrasi intern e dan le mond li byen rar. Il ne faudrait pas passer à la légère les acquis et les qualités du MMM », pense Paul Bérenger.
Pour les plus jeunes qui étaient présents, Paul Bérenger a fait un survol de l’histoire du MMM et a rappelé les quatre domaines où le parti a mené un combat sans relâche depuis sa naissance. Il a mentionné la lutte contre le communautarisme, la consolidation de l’unité nationale, le combat contre la fraude et la corruption ainsi que l’engagement en faveur de la justice sociale. Il affirme que le parti « n’a pas changé sur ces questions clés ».
Le leader du MMM, tout en reconnaissant qu’il est impératif aujourd’hui d’être au diapason des nouvelles technologies de l’information, a déploré le manque de connaissances de l’histoire du pays chez les jeunes. Il a annoncé qu’il tiendra bientôt une conférence-débat sur “Le MMM hier et aujourd’hui”.
Paul Bérenger a souhaité que ces débats enclenchés hier ne se limitent pas à ce qui ne marche pas au sein du parti, mais débouchent sur des « propositions concrètes ». Paul Bérenger a alors prévenu les participants que c’est la partie la plus difficile de cet exercice. Le leader du MMM a annoncé la mise sur pied d’un follow-up commitee pour produire un document à partir des propositions émanant de cette journée de réflexions, et qui tiendra compte aussi de tous les documents qui ont été envoyés par les différentes branches du pays ces derniers jours.
Une centaine de participants, membres des instances au niveau national (bureau politique, comité central, assemblée des délégués), mais aussi des représentants des « régionales » et de l’aile jeune du parti ont participé à cette journée d’hier, qui s’est déroulée à l’Hôtel Hennessy, à Ébène Il y avait, dans l’assistance, quelques vétérans, à l’instar d’Amad Jeewa. Les participants étaient répartis dans cinq ateliers de travail pour discuter des sujets suivant : « Valeur, principes et projet de société », « Structure et fonctionnement », « Communication interne et externe », « Formation » et « Parlement ».
Par ailleurs, le leader du MMM est aussi revenu hier dans son intervention sur l’alliance avec le PTr aux dernières élections et sur la cuisante défaite électorale. Paul Bérenger maintient que cette alliance a été contractée sur la base d’un accord écrit et dans lequel il était clairement stipulé qu’il allait être un Premier ministre avec pleins pouvoirs, tandis que Navin Ramgoolam devait être Président de la République. Or, dit-il, Navin Ramgoolam a donné l’impression à la population pendant la campagne électorale qu’il continuerait à gouverner le pays même en étant à la State House. « Ramgoolam a donné l’impression que les vrais pouvoirs resteraient entre ses mains, et donc entre les mains du Parti travailliste. Par son comportement, ainsi que son impopularité grandissante, Ramgoolam a saboté cette campagne », analyse Paul Bérenger. Ce dernier ajoute que c’est précisément pour ces raisons qu’il a dit qu’il tenait Navin Ramgoolam pour responsable de la défaite. « Avec le recul, je dis sans hésitation que nous avons eu tort pour cette alliance. Nou ti bizin al tou sel », a avoué hier le leader du MMM.
Vers la fin de son intervention, Paul Bérenger a commenté brièvement l’actualité politique du pays. Selon lui, le pays « is in deep trouble ». Il note « qu’il y a une désillusion généralisée » dans la population en l’espace de quatre mois seulement après les élections. Il se dit « triste » de cette situation et a demandé aux militants « de se tenir prêt » à affronter n’importe quel événement dans les mois à venir.

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