JUDICIAIRE : La magistrate de Rodrigues au centre d’une controverse

La magistrate siégeant au tribunal de Rodrigues, Meenakshi Bhogun Ramjuttun, se trouve actuellement au centre d’une controverse susceptible de déboucher sur une enquête tombant sous des provisions de la Prevention of Corruption Act. L’antenne de l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) à Port-Mathurin a déjà été saisie des détails de cette affaire avec des allégations d’abus d’autorité, de complot et de fausse déclaration portées contre la magistrate. Cette affaire concerne un accident de la route impliquant la voiture officielle attribuée à la magistrature, une Toyota noire immatriculée 4398 JL 08. De forts soupçons sont exprimés à l’effet que cet accident aurait été maquillé sur des instructions de Meenakshi Bhogun Ramjuttun.
Un premier constat de ceux qui ont eu l’occasion de vérifier l’état de la voiture de la magistrate quelques heures après l’accident est que les dégâts physiques à la Toyota noire sont nettement incompatibles avec la teneur de la déposition consignée au poste de police de Port-Mathurin sur les ordres de Meenakshi Bhogun Ramjuttun. Comme il peut être vérifié sur la photo, la partie avant-droite du véhicule a été complètement endommagée, rendant inconcevable la thèse avancée par la Woman Police Constable Gébert, qui se trouvait au volant.
Le rapport officiel dans l’Occurrence Book du poste de Port-Mathurin à 13 h 40 le 18 juillet dernier note que vers 12 h 15 la constable Gébert, qui était au volant de ce véhicule officiel dans la région de Jean Tack, où réside la magistrate, aurait été prise d’un malaise. Elle avait perdu le contrôle de la voiture et heurté le mur de la maison. Elle avait soutenu que le véhicule roulait à 5 km/h et que des dégâts avaient été causés à la partie arrière de la voiture, soit « the rear part on the offside ».
Or, les photos prises de la voiture accidentée démontrent clairement que la partie avant-droite de la Toyota avait subi d’importants dégâts et n’avaient pas été rapportées officiellement avant que le véhicule ne soit transféré au garage de la Commission de l’Infrastructure publique de l’Assemblée régionale de Rodrigues pour des réparations. Se basant sur des informations recueillies de sources sûres et des photos compromettantes à l’appui, l’inspecteur Rajesh Moorghen a consigné une déposition au bureau régional de l’ICAC, réclamant une enquête sur ce qui pourrait relever de délits d’abus d’autorité, de complot et de fausses déclarations en écrit.
Des recoupements d’informations effectués indiquent que pour mieux accréditer leur thèse de « cover-up », les complices présumés de la magistrate Bhogun Ramjuttun auraient simulé des détails en frottant le véhicule contre le mur de la maison. Le premier détail crucial que l’enquête de l’ICAC devra prouver concerne le jour, l’heure et le lieu de cet accident. Or, un témoin, le mécanicien qui avait été appelé au secours d’urgence, s’avère être déterminant pour la suite de l’enquête.
La version de ce mécanicien devra confirmer que l’accident de la Toyota immatriculée 4398 JL 08 n’avait pas eu lieu à Jean Tack le vendredi 18 juillet à 12 h 15, mais la veille au soir sur la plage de Pointe-Coton. Ce témoin avait été appelé en vue de décaler la partie avant de la voiture qui avait bloqué la roue du côté droit, empêchant le véhicule de bouger.
À partir de ce témoignage, les officiers de l’ICAC devront procéder à l’interrogatoire « under warning » de toute une série d’officiers de police, dont la WPC Gébert, le constable François, qui avait procédé à l’examen du véhicule endommagé et du sergent Guillaume du poste de Port-Mathurin, qui avait visité le soi-disant lieu de l’accident. Les photos prises par le caporal Khaidoo et les plans des lieux dressés par le constable Polimon auront également toute leur importance dans cette enquête, qui pourrait connaître des rebondissements avec la confrontation de la magistrate avec ces faits contradictoires à ceux communiqués à la police.
Du côté de l’ICAC, aucune information n’a transpiré dans cette affaire délicate avec une membre du judiciaire faisant face à des allégations de faux au sujet des circonstances de cet accident de la route. Aucune des sources n’a voulu s’aventurer pour confirmer si la direction générale de l’ICAC a déjà donné son feu vert pour une « Preliminary Inquiry » aux termes de la POCA.
Affaire à suivre…

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