JUIN 1927 : L’île Maurice coloniale est l’hôte d’une troisième visite princière

En un peu moins de soixante ans, de 1870 à 1927, l’ile Maurice coloniale est gratifiée de trois visites de la famille royale britannique. Lors de la première visite, l’île accueille son Altesse Royale le Duc d’Edinbourg, le Prince Alfred, fils cadet de la reine Victoria, qui débarque de la Galatée le 24 mai. Les visiteurs royaux suivants, le duc et la duchesse de Cornouailles et d’York, arrivent à bord du HMS Ophir en août 1901. Puis sont venus en juin 1927, à bord du HMS Renown, « the Duke and Duchess of York, the future King George VI and Queen Elizabeth, parents of Her Majesty Queen Elizabeth II ». (1) C’est dans un geste de bonne volonté qu’ils acceptent « to stop for 2 days in Mauritius on their way from Australia where they had opened the Parliament ». (Idem)
Faisant une analogie avec la visite princière de 1901, l’historien Auguste Toussaint observera que « la  troisième visite princière que reçut la colonie en 1927 donna lieu à des fêtes encore plus éclatantes que celles qui avaient marqué la précédente en 1901 ». (2) Le couple princier, le fils cadet du Roi George V et son épouse – le Duc et la Duchesse de Cornouailles et d’York – débarquent à 11h03 du  » Renown, l’une des plus belles unités de la flotte britannique ». (Idem) Port-Louis s’est habillée de sa plus belle parure pour accueillir le coup ducal, comme cela a été rapporté dans la presse par Solange :
« La capitale, métamorphosée, miroitante, flambait jour et nuit dans une orgie de couleurs. Ce n’étaient partout que fleurs et verdures, oriflammes, et drapeaux claquant au vent, guirlandes d’ampoules multicolores qui, le soir venu, fleurissaient l’espace de corolles lumineuses, et suspendaient dans l’air des bouquets de fruits bleus, pourpres ou verts. Çà et là, de somptueux arcs de triomphe, dont les fragiles piliers de mousse s’étoilaient de roses, de lys, de camélias, de pâquerettes, et au fronton desquels s’inscrivaient de respectueuses formules de bienvenue, qui scintillaient, la nuit, en lettres de feu. Alors sous sa rutilante livrée d’apparat, on eut dit une ville enchantée des Mille et une Nuits.

Et que dire quand, le soleil disparu, surgissait cette grande magicienne qu’est l’électricité ? C’était alors une éblouissante vision de chimère et de rêve, un spectacle unique de féerie, une page étourdissante de Perrault, ou l’étincelant conteur eut prodigué les plus riches trésors de son imagination » (3)
En effet, « le soir la ville fut brillamment illuminée » et, pour en ajouter à l’éclat, « des feux d’artifice furent tirés au Champ-de-Mars et sur la Petite Montagne ». (2)
Conduits en limousine sous « des acclamations enthousiastes et euphoriques

Tout est fin prêt sur le quai de l’accueil pour recevoir le couple princier ». Sur le quai, trois grands pavillons sont aménagés. Dans le premier, tout contre le Chien-de-Plomb, se tiendront le Gouverneur et sa famille, les hautes autorités militaires, civiles et religieuses, les grands officiels, les députés. Les deux autres pavillons, situés un peu en arrière et à angle droit du premier, sont occupés par les invités du Comité de Réception. (3) A 10 heures précises, le gouverneur Sir Herbert Read, et sa délégation se pointent sur le Renown pour souhaiter la bienvenue en terre mauricienne au duc et à la duchesse. A 11 heures, la délégation descend du vaisseau, et les visiteurs royaux se font voir.
Le couple princier est accueilli à sa descente par une salve de 21 coups de canon, les acclamations enthousiastes de la foule et de la joyeuse musique. Solange passe au lyrisme lorsqu’elle se remémore le moment où le duc et la duchesse posent pieds sur le sol mauricien:
« Qui n’a point entendu les acclamations enthousiastes du peuple, ses hourrahs frénétiques, la salve impressionnante de 21 coups de canons, au moment solennel ou leurs Altesses mirent pied à terre, et les éclats joyeux des fanfares ; qui  n’a point vu, surtout, assis au fond de l’auto princière, un jeune homme svelte et finement racé, portant avec une souriante simplicité la grandeur de sa naissance et de son rang ; à coté de lui, une exquise jeune femme, rayonnante de grâce souveraine, auréolée du double prestige que confèrent la beauté et le lustre d’une  couronne ducale, celui-là, dis-je, ne peut comprendre l’émotion qui, en ce jour mémorable, étreignit l’âme mauricienne. » (3)
Se basant sur des informations fournies par Rex Fanchette quelque quarante-cinq ans après l’accueil de plus enthousiaste reçu par le couple à Port-Louis, le correspondant de Mauritius Times, Kanen Ragoonaden, confirme les témoignages contemporains : « Mauritius went heart and soul for the young  royal couple. As they were driven along the streets of Port Louis and around the Champ de Mars, thousands of people, men, women and children waved their Union Jack and shouted « Long Live the Duke and the Duchess! » And the royal couple graciously waved their hands and smiled back to the huge crowd who had come from the four corners of the Island, to express their joy. » (1) Le nombre de gens qui arrivent à Port-Louis, ce jour-là, est estimé à un tiers de la population de l’île : « D’après une statistique officielle, 35 000 se rendirent au Port-Louis le 1er juin pour assister aux fêtes de jour et de nuit. En estimant au double de ce chiffre le nombre de ceux qui étaient déjà dans la capitale ou qui s’y rendirent en autos et autocars on peut conclure qu’un tiers environ de la population générale de la colonie se trouvait ce jour-là dans la capitale. »(2)

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