JULIE BISHOP, ministre australienne des Affaires étrangères : « Le potentiel touristique australien est sous-exploité par Maurice »

Le ministre des Affaires étrangères de l’Australie Julie Bishop est actuellement en visite officielle à Maurice dans le cadre d’une tournée dans plusieurs pays de la région. Elle a eu samedi une session de travail avec le ministre des Affaires étrangères Arvin Boolell et s’est rendue au secrétariat de l’Indian Ocean Rim Association où elle a été reçue par le secrétaire de l’IORA, V. Bhagirath. Dans une interview accordée au Mauricien, elle évoque, entre autres, les relations bilatérales avec Maurice. Elle observe que le potentiel du marché touristique australien est sous-exploité par Maurice et souligne l’importance d’une meilleure desserte aérienne entre les deux pays.
Vous effectuez actuellement une tournée dans la région, la première semble-t-il, pouvez-vous nous en parler ?
C’est ma première visite à Maurice et à Madagascar, mais je me suis déjà rendue en Afrique du Sud auparavant. Cette tournée a deux objectifs, le renforcement des relations bilatérales avec les pays membres de l’Indian Ocean Rim et en tant que présidente de l’IORA (Indian Ocean Rim Association) de promouvoir la prochaine réunion ministérielle prévue le 9 octobre à Perth. Nous entretenons déjà des relations très solides avec Maurice construites sur les relations très profondes entre nos deux populations. Il y a beaucoup de Mauriciens qui vivent en Australie et qui y font leurs études supérieures. Un grand nombre d’Australiens imaginent Maurice comme l’endroit idéal pour passer des vacances. Il existe un grand potentiel économique entre nos deux pays. Durant ma visite je rencontrerai le président de la République et des personnalités gouvernementales dont le Premier ministre et le ministre des Affaires étrangères pour explorer les possibilités d’approfondir nos relations.
On évoque souvent la politique étrangère australienne consistant à « looking west », quelle importance accordez-vous à la région de l’océan Indien ?
Elle est très importante. Traditionnellement, l’Australie a toujours mis l’accent sur l’Asie et le Pacifique, mais au fur et à mesure que l’économie de la région ouest se développe pour devenir la force motrice de l’économie australienne, cette région est très intéressée à rehausser les relations avec les pays de l’océan Indien. Après tout, la côte ouest est baignée par les eaux de l’océan Indien. C’est là que nous vivons. Le nouveau gouvernement de coalition qui est arrivé au pouvoir en septembre dernier a défini la région dans laquelle se trouve l’Australie comme la région de l’océan Indien, de l’Asie et du Pacifique (Indian ocean-Asia-Pacific region). Nous insistons sur le fait que la région de l’océan Indien est une « area of responsibility ». C’est une région du monde très importante pour nous et elle est intégrée dans notre politique de coopération dans le domaine de notre politique étrangère, de notre politique commerciale, de défense, de notre politique touristique. La présidence de l’IORA est une occasion pour démontrer cela.
Concernant l’IORA, l’Australie et l’Inde ont été la force motrice dernière le développement de cette organisation. Quel regard jetez-vous sur celle-ci aujourd’hui ?
L’association a démarré ses activités en 1997 et a, à ses débuts, souffert d’un manque d’attention et de l’absence d’objectifs bien articulés. Il faut reconnaître que sous la présidence de l’Inde, un nouvel élan a été donné à l’association. Six piliers de développement ont été définis par les pays membres, dont la coopération économique, la sécurité maritime, la gestion des désastres naturels, le tourisme et l’éducation. L’Inde a donné une vigueur nouvelle à l’organisation. L’Australie a maintenant succédé à l’Inde qui a assuré la présidence pendant deux ans et est déterminée à poursuivre sur la voie qui a été tracée et à maintenir ce momentum. L’IORA est la seule organisation qui se concentre entièrement sur les pays du pourtour de l’océan Indien. Les pays membres sont aussi divers qu’on puisse l’imaginer et nous partageons tous un amour commun et un intérêt pour la préservation de l’océan Indien et assurer la paix et la stabilité dans la région.
Lors de la dernière réunion ministérielle, la sécurité dans la région était une des priorités à l’agenda de l’association. Comment évaluez-vous la situation aujourd’hui ?
La sécurité est toujours une de nos priorités. Nous dépendons tous de la mer pour le transport de nos marchandises. Nous sommes très concernés par la piraterie et la criminalité transnationale dans la région. À la prochaine réunion le mois prochain, l’accent sera mis sur la coopération économique en utilisant les ressources de l’océan Indien afin d’améliorer la vie des populations de la région. Il y a aussi d’autres domaines dans lesquels nous voulons partager nos idées, notamment le développement minier, l’exploration pétrolière et du gaz. Il y a beaucoup d’opportunités pour créer des valeurs dans cette région.
Vous avez travaillé avec les Seychelles concernant l’exploration pétrolière. Peut-on envisager le même type de coopération avec Maurice ?
En ce qui concerne les Seychelles, une compagnie pétrolière australienne fait de l’exploration pétrolière dans la zone économique seychelloise. Cela pourrait être une occasion pour les autres pays de reconnaître les expériences seychelloises avec une compagnie australienne spécialisée dans les ressources énergétiques. Je suis également allée à Madagascar cette semaine et des compagnies minières australiennes sont intéressées à aider la Grande Île à développer ses ressources minières considérables. Des compagnies minières australiennes sont les meilleures au monde et sont très conscientes de leurs responsabilités sociales et adoptent une attitude responsable vis-à-vis de cette industrie. Cette expérience peut être partagée avec les autres pays de l’océan Indien.
Avec l’Australie, la région peut donc bénéficier d’un apport technologique ?
Tout à fait. Elle pourra bénéficier de l’expérience australienne dans l’utilisation des technologies dans le domaine minier et des ressources pétrolières et énergétiques. Ce sera une occasion pour les autres pays de travailler en partenariat avec l’Australie d’une façon durable et en tenant en compte l’impact social et environnemental.
Est-ce que ce domaine sera inclus dans les domaines de coopération entre l’Australie et Maurice ?
La coopération entre Maurice et l’Australie est axée sur l’éducation, la formation professionnelle et la formation en général. J’espère qu’on pourra identifier d’autres zones de coopération à l’intention des étudiants mauriciens. L’économie océanique est également un domaine de coopération. Nous avons beaucoup à apprendre mutuellement. Nous avons encore beaucoup à faire dans le domaine touristique. 900 000 Australiens vont à Bali chaque année. Les Australiens cherchent toujours de nouvelles destinations pour les vacances. Si nous pouvions avoir une meilleure connectivité aérienne entre l’Australie et Maurice, il y aurait une augmentation sensible du nombre de touristes australiens à Maurice.
Peut-on envisager la desserte de Maurice par une compagnie aérienne australienne ?
C’est une bonne idée. Air Mauritius a deux dessertes à destination de l’Australie. Il faudrait d’autres dessertes afin d’être assuré d’avoir un flot régulier de touristes. Nous devons reconnaître que le coût d’opération des compagnies aériennes est élevé. Une plus grande compétition serait très saine. J’espère qu’une compagnie aérienne australienne puisse découvrir les avantages d’une desserte en partage de code dans la région de l’océan Indien.
Qantas est-elle toujours active ?
Très active et nous avons également Virgin Australia. Air Mauritius opère en partage de code avec Virgin à l’intérieur de l’Australie, mais pas à travers l’océan Indien.
La situation des Petits États insulaire en développement a été évoquée avec le ministre des Affaires étrangères qui avait dirigé la délégation mauricienne aux Samoa récemment. Pouvez-vous nous en parler ?
En effet, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’IORA étaient aux Samoa pour la conférence internationale sur les Petits États insulaires en développement. Il a été question du développement économique durable, de la création d’emploi, de mobilité de la main-d’oeuvre, d’amélioration des compétences. Les questions évoquées par les pays de l’IORA sont comparables à celles des pays du Pacifique et des Caraïbes.
La diplomatie australienne est très active en ce moment sur le plan international. Voulez-vous replacer l’Australie sur la carte du monde?
Nous sommes déjà bien placés sur la carte du monde. Nous siégeons en ce moment au Conseil de Sécurité des Nations unies. Nous sommes une nation avec des intérêts sur le plan international. Nous sommes une économie de marché orientée vers l’exportation. Notre pays dépend de ses capacités d’exporter des biens et produits à travers le monde. Nous sommes toujours à la recherche de nouveaux marchés et de nouvelles opportunités. Il y a eu un nombre de questions qui ont mis l’Australie sur la scène mondiale. Cela a été le cas lors de la disparition de l’avion malaisien. Nous avons participé aux recherches dans la région de l’océan Indien. À la suite de la tragédie qu’a connue l’appareil de Malaysian Airways en survolant l’Ukraine, nous avons présenté une résolution au conseil de sécurité. Cette résolution sera adoptée en un temps record. De la même manière, nous jouons un rôle dans le cadre du conflit opposant les États-Unis et l’Irak à une organisation terroriste criminelle. Malheureusement, un certain nombre de citoyens australiens sont également engagés dans l’organisation terroriste en Syrie et en Irak et prennent part à ces activités brutales. Le rôle de l’Australie est de protéger les citoyens et de combattre cette organisation terroriste et l’empêcher de continuer ses activités meurtrières.
Vous avez été très critique à l’encontre du président russe Vladimir Poutine ces jours-ci…
Rien de personnel, mais nous avons été très critiques envers la Russie par rapport à sa politique concernant l’Ukraine. La Russie a essayé de déstabiliser Ukraine en violation des lois internationales et des chartes des Nations unies. Son intervention en Ukraine est une violation de la souveraineté de ce pays. Nous croyons dans le respect des droits souverains des nations et du respect de l’intégrité territoriale. Nous avons condamné l’action russe.
L’Australie est également très active au niveau du G20…
Tout à fait. Nous accueillerons les chefs d’État, de gouvernement et des dirigeants de l’Union européenne en novembre. Le développement économique et la création de l’emploi figurent à l’agenda. Si nous atteignons un taux de croissance de 2 %, cela voudrait dire l’amélioration de la vie des populations à travers le monde.
Tout le monde évoque les opportunités qui existent actuellement en Afrique. Qu’en pensez-vous ?
L’Afrique est un continent très diversifié et comprend 54 pays. Some opportunities are greater in certain countries than others. Mais en raison de son développement démographique, les pays africains qui pratiquent une politique transparente et qui sont capables de maintenir la paix et la stabilité vont certainement réussir.
Nous avons lu que vous êtes classée comme la ministre la plus populaire en Australie. Comment réagissez-vous à cela ?
Cela veut dire qu’il y a trop d’attention accordée aux articles publiés dans les journaux australiens. It’s very nice but I’m part of a team. I’m the deputy leader of a party and we have a very strong team and are succeeding working together. It’s a team effort.

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