K. (28 ANS), ÉTUDIANT EN ARCHITECTURE À L’UNIVERSITÉ DE WUHAN (CHINE) : « Les risques d’infection au virus sont réels mais il faut être prudent »

– « J’ai paniqué quand j’ai regardé une vidéo sur les réseaux sociaux, où une infirmière déclare que le virus a contaminé 90 000 personnes alors qu’officiellement, les autorités parlent de 4 500… »

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– Jenifer et Cyril, ses parents : « On se parle à toute heure de la journée afin de rester en contact et être rassurés »

K. A., 28 ans, se trouve à Wuhan depuis 2016. Cet étudiant en architecture, boursier, contacté par Le Mauricien hier, se dit « calme et serein ». Se trouvant sur le campus de l’université de Wuhan, il fait état « des consignes très claires à respecter, comme d’éviter de sortir sans précautions et ne pas s’aventurer dans les zones où l’on a recensé des cas du coronavirus ». Les parents du jeune homme, Jenifer et Cyril, disent ne pas paniquer : « Si on cède à la négativité, on ne s’en sortira jamais ! Et grâce aux technologies nouvelles, on est perpétuellement en contact. On s’appelle d’ailleurs à toute heure du jour et de la nuit. »

15h à Maurice, 19h à Wuhan. Jenifer et Cyril n’affichent pas la grande joie. Les traits sont un peu tirés et crispés, mais dans le ton, « l’optimisme doit prévaloir ». Jenifer poursuit : « Nous sommes croyants, et dans ces moments-là, il faut surtout ne pas céder à la panique et à la négativité. ». Parents de deux garçons, dont le cadet, K., 28 ans, étudiant en architecture, complète son Masters à l’université de Wuhan depuis 2016, ces habitants de la capitale expliquent que « c’est depuis ce 24 janvier qu’on a vraiment commencé à prendre conscience de l’ampleur de la situation ». En effet, explique Jenifer : « Il y a quelques jours, nous avions demandé à K. de rentrer pour célébrer le Nouvel An chinois en famille. Mais comme il est dans sa dernière année d’études, et qu’il doit rentrer dans le courant de 2020, nous avons accepté le fait qu’il ne serait pas des nôtres pour cet événement. » Et Cyril de renchérir : « D’autant qu’avec cette épidémie, il y a énormément de Chinois qui voyagent aux quatre coins du globe. Ce n’est pas prudent. »
Cependant, ajoute la maman, « vendredi soir, quand on a entendu aux infos que la situation avait changé, c’est-à-dire que le virus se transmet désormais d’homme à homme, là on était sérieusement inquiets ». Les parents de K. lui ont alors demandé de rentrer à Maurice. « Me linn rasir nou. Linn explik nou ki liniversite pe pran tou prekosion. » Joint au téléphone via une plateforme de communication en ligne, en même temps que Le Mauricien s’entretenait avec ses parents, K. a justement confirmé les propos de ses parents : « Je suis actuellement dans ma chambre, sur le campus. Il fait très froid ici actuellement. Depuis plusieurs jours déjà, les autorités de l’université nous ont conseillé de ne pas quitter nos chambres. On vient nous déposer trois repas par jour : c’est largement suffisant, comme ce sont des repas équilibrés et complets. »
Souriant et taquin, K. poursuit : « Je ne suis pas inquiet, sérieusement. Les autorités ici ont expliqué qu’elles sont à finaliser la mise en place d’un hôpital ambulant à Wuhan afin de contenir davantage le virus. » Le jeune Mauricien poursuit : « Je ne suis pas étudiant en sciences, mais je comprends que c’est sûr, il y a des dangers. Mais si on suit les consignes comme il le faut et qu’on prend les précautions nécessaires, on est moins à risques. Je ne vais pas consciemment aller me promener sans masques dans les quartiers où on a recensé le virus par exemple. Ce serait stupide de ma part ! »
S’il doit quitter le campus, K. se munit de son masque. « C’est essentiellement pour aller au supermarché que je me déplace, indique-t-il. Et il y a depuis peu une application en ligne sur les téléphones pour un service de “home delivery”. C’est encore plus pratique ! » Mais le jeune homme poursuit : « Hier (le 28, Ndlr), j’ai paniqué et j’ai failli céder à la peur quand j’ai regardé une vidéo qui circulait sur les réseaux sociaux. On y voit une infirmière qui déclare que le virus a contaminé 90 000 personnes en Chine, alors que les autorités locales parlaient d’un chiffre officiel de 4 500. C’est clair que, sur le moment, dans de telles circonstances, avec tout le monde qui a peur autour de soi, on a tendance à paniquer. »
Jenifer intervient pour rappeler : « Quand on s’est parlé, on s’est mutuellement rassurés et calmé. Surtout, nous sommes dans un groupe de prières, et comme souvent on le fait, on a prié ensemble, surtout le Psaume 91. C’est notre remède, et ça nous a tous aidé. » La mère de K. évoque le cas d’une étudiante mauricienne qui, en revanche, « panique terriblement ». Elle explique : « Elle appelle ses parents à 3h du matin et est terrorisée. Je parlais à sa maman et on se disait que si l’aéroport était ouvert là-bas, ils seraient allés la chercher. Mais là, cette province est “locked down” et isolée. C’est sûr que c’est dur. Il faut qu’elle prenne sur elle et qu’elle soit forte. Heureusement qu’avec les nouvelles technologies, on arrive à rester en contact en permanence. Nous-mêmes, cela nous aide à être rassuré de voir K. à toute heure du jour et de la nuit. »
L’étudiant mauricien ajoute : « Il y a d’autres étudiants mauriciens ici, mais pas sur le campus comme moi. Ils habitent dans des appartements par exemple. Pour eux, c’est plus difficile, car ils doivent se déplacer et aller se chercher à manger, tout ça. Il faut savoir que c’est grand ici, cette université. Il y a plus de 50 000 étudiants, sans compter les autres, le personnel enseignant entre autres, qui vivent ici. » Mercredi, Cyril et quelques autres parents sont allés au ministère des Affaires étrangères pour obtenir des informations et savoir quoi faire. Confiant, le papa de K. évite de céder à la panique. « D’ici quelques jours, les autorités chinoises auront redressé la situation », dit-il. Son fils renchérit : « Initialement, la rentrée était prévue pour le 3 février. Mais là, avec le “lock down”, on évoque le 13 ou le 14 pour une éventuelle rentrée. Mais bien sûr, tout cela reste au conditionnel, car c’est au fur et à mesure que la situation progresse que les décisions seront prises. »
K. reprend : « Je pense que les choses vont dans le bon sens. Les autorités, ici, parviennent à contrôler la situation. Il y avait une étudiante de 30 ans, pas une Mauricienne, qui était tombée malade. Là, elle se remet et reprend des forces. Je préfère rester positif. » Jenifer et Cyril acquiescent et soutiennent leur fils. « Il rentrera à Maurice bientôt. Et si la situation se détériore, on prendra les mesures qu’il faut. Dans ces situations-là, on ne réfléchit pas à deux fois. On ira le chercher. »

Les consignes de la Santé

– Tous les passagers en provenance de Chine seront soumis à un exercice de dépistage (température corporelle) dès leur arrivée au SSR International Airport.
– Tous les passagers en partance pour la Chine seront soumis à un exercice de dépistage (température corporelle) avant l’embarcation.
– Tous les passagers en provenance de Chine et qui séjourneront à Maurice doivent informer les autorités sanitaires quant à tout éventuel changement d’adresse.
– Les passagers en provenance de Chine transitant par n’importe quelle autre destination seront également soumis à un exercice de dépistage (température corporelle) au Health Desk du ministère de la Santé au SSR International Airport. En cas de température élevée, ils seront pris en charge par les autorités concernées et transportés à l’hôpital de Souillac pour un suivi médical.
– Un “Fast Track” pour l’évacuation des cas suspects a été mis en place au niveau du Health Desk du ministère de la Santé à l’aéroport.
– Des dépliants sur les précautions à prendre pour éviter tout risque de transmission du virus seront distribués aux passagers en provenance de Chine au Health Desk du ministère de la Santé au SSR International Airport.

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