Karen Foo Kune : « Priorité à la pauvreté, la justice et le bien-être de la femme»

Karen Foo Kune vient de se faire élire aux élections législatives en deuxième positon dans la circonscription No 20, avec 11 157 voix, soit 34,8% des suffrages exprimés, juste derrière Rajesh Bhagwan. La nouvelle parlementaire dit qu’elle jouera pleinement son rôle à l’Assemblée nationale et qu’elle sera tel « un chien de garde », mettant notamment l’accent sur des causes qui lui sont chères comme la pauvreté, la justice pour tous et le bien-être de la femme.

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On connaît la championne de badminton, mais qui est vraiment Karen Foo Kune ?

Je suis née à Beau-Bassin et, à 18 ans, je suis venue vivre à Rose-Hill. J’ai fréquenté le Queen Elizabeth College et ensuite allée en Australie, où j’ai décroché un degré en “biomedical science”. Je suis aujourd’hui directrice financière au sein de l’entreprise que nous gérons avec mon conjoint. Ceux qui me connaissent savent que j’ai horreur de l’injustice et de toutes formes de discrimination. Je suis aussi quelqu’un de très persévérant, un trait de caractère qui s’est d’ailleurs reflété dans ma carrière de sportive. Je suis aussi très perfectionniste dans le travail; je veux bien faire dans tout ce que j’entreprends. J’aime les choses bien faites. Je suis aussi quelqu’un de sensible, sensible surtout envers la souffrance des autres et la misère. Je suis simple et je me contente de très peu.

Pourquoi avoir choisi de vous lancer en politique ?

Il y a eu deux déclics dans ma vie. D’abord, à travers des voyages, notamment en Afrique, où j’ai vu beaucoup de misère et cela m’a énormément touchée. J’ai pris véritablement conscience de la pauvreté en Afrique et aussi à Maurice. C’est pour cela qu’en 2010, j’ai monté l’association “Badminton pou zanfan”,  qui travaille pour l’intégration des enfants à travers le badminton et l’éducation. Cette association a œuvré dans diverses régions, où il y avait des poches de pauvreté. La 1re édition était destinée aux enfants de Barkly.

Deuxièmement, j’ai fait mes études en Australie. Et à cette époque, avec mes amis, nous discutions entre nous et beaucoup ne voulaient pas retourner à Maurice; ils disaient que, quand on retourne à Maurice, on a besoin de “backing” pour avoir l’emploi que l’on mérite. Personnellement, j’avais eu la “Permanent Residence” et je faisais le va-et-vient pour venir voir ma famille à Maurice. Mais je me suis dit que ce n’était pas normal et que je devais retourner dans mon pays pour construire mon avenir, celui de ma sœur, de mes enfants, etc. J’étais – et je suis toujours – attachée à ma patrie. C’est pour ça que je suis entrée en politique en 2012.

Coup d’essai, coup de maître. Vous êtes élue en 2e position à Beau-Bassin/Petite-Rivière aux dernières élections. Comment avez-vous personnellement vécu cette campagne ?

Ce n’était pas ma première élection; en 2012, j’ai été candidate aux élections municipales. Le MMM m’avait donné l’opportunité de m’engager et j’ai été élue en tête de liste dans le Word 3 de Beau-Bassin/Rose-Hill. Concernant les dernières élections législatives, je dois dire que j’ai une grande chance d’avoir deux colistiers chevronnés à mes côtés et j’ai bénéficié de leur expérience. De plus, en tant que femme et sportive, cela a également contribué à mon succès. Je suis chanceuse d’avoir pu gagner le cœur des habitants de Beau-Bassin/Rose-Hill. Durant la campagne, j’ai fait beaucoup de rencontres avec les habitants, dont certains qui m’ont bien touchée par leurs conditions de vie. Je me suis liée d’amitié et d’affection envers eux. Ils comptent beaucoup pour moi. D’autre part, je me suis sentie adoptée par les militants et militantes avec qui j’ai travaillé. Il y a un lien fort qui s’est créé entre nous et qui s’est traduit par un soutien massif aux élections. Ils m’ont fait confiance. Les militants ont travaillé avec leur cœur pendant la campagne. Il n’y avait aucun attrait d’argent. Ils croient dans le combat qu’on mène. Je les ai vus travailler corps et âme pour le parti.

 

Pourtant le MMM n’a pas remporté les élections, ne faisant élire que huit députés, sans oublier la nomination d’Ariane Navarre-Marie comme Best Loser. Qu’est-ce qui a cloché selon vous ?

Rien n’a cloché. Malheureusement, nous avons un système de “First pass the post” et le nombre de sièges ne reflète pas le pourcentage des suffrages. C’est un système électoral imparfait, pas très juste et qui demande à être revu. Et c’est un fait connu du grand public que les autres alliances ont eu des soutiens financiers massifs, alors que, nous, nous nous sommes débrouillés avec les moyens du bord. C’est du “money politics”. Ils ont de gros moyens.

Quels seront les dossiers qui vous tiennent à cœur et sur lesquels on devrait vous entendre à l’Assemblée nationale ?

Mis à part les problèmes de la circonscription que nous aborderons avec mes colistiers, je pense que les dossiers qui me touchent particulièrement sont d’abord, la justice pour toutes les couches de la société, la justice dans le sport, etc. Il est important d’avoir plus de développements sportifs pour que tout le monde puisse en profiter pleinement et cela évitera à nos jeunes de tomber dans les fléaux comme la drogue. J’aimerais un développement sportif sain pour tout le monde. Je suis également très sensible face à la maltraitance envers les femmes.

Qu’attendez-vous du nouveau gouvernement en place ?

Cette alliance a promis d’améliorer les conditions de vie de la population. Je m’attends à ce qu’elle tienne sa promesse. Je serai un chien de garde au parlement pour assurer que tout soit mis en œuvre, surtout pour ceux au bas de l’échelle et dans le besoin.

Pour l’instant, il n’y a pas de représentant de la communauté chinoise à l’Assemblée nationale…

Depuis l’indépendance, tous les gouvernements qui ont pris le pouvoir ont toujours eu le souci que les quatre composantes reconnues par la Constitution soient représentées à l’Assemblée nationale et je pense que la communauté sino-mauricienne attend avec impatience que ce gouvernement en fasse de même.

Êtes-vous prête pour la reprise parlementaire ?

Bien sûr. J’ai à peine soufflé après la campagne, mais je suis prête à travailler. J’ai encore beaucoup d’énergie et de courage et je suis très enthousiaste.

Êtes-vous satisfaite du nombre de femmes ministres ?

C’est une des raisons pour lesquelles je me suis engagée en politique, pour qu’il y ait plus de femmes dans ce domaine. Il y a eu des progrès, mais pas suffisamment. C’est pourquoi je réponds toujours présente pour me battre pour la cause féminine. Ce sera un de mes dossiers principaux au parlement.

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