Khalil Ramoly confirme ses liens avec Siddick Islam et Jimmy Marthe

— Dade Azaree et Wensley Jasmin, tous deux en prison pour trafic de drogue : « ce sont mes clients »

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— Lam Shang Leen : « Dade Azaree, votre “client”, a des connexions avec Siddick Islam, votre “bon ami”, et avec Navind Kistnah : vous voyez comment vous atterrissez dans le réseau ! »

— Soixante-trois échanges téléphoniques entre Azaree et Ramoly de février 2016 à mai 2017, et 19 appels entre ce dernier et Siddick Islam en trois mois

Après son épouse, Zaheeda Bibi Chummun-Ramoly, et son partenaire en affaires, Khalil Ibrahim Allykhan, qui ont déposé devant la Commission d’enquête sur la drogue le 4 décembre, c’était au tour du principal concerné, en l’occurrence Noor Hossen Khalil Ramoly, d’être interrogé par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs, hier. L’homme d’affaires employé à son propre compte a admis entretenir des liens avec le trafiquant de drogue incarcéré, Siddick Islam. Et n’a pas nié avoir eu des contacts téléphoniques avec un autre détenu connu : Jimmy Marthe, alias Colosso. Le propriétaire de Khalil Spare Parts déclare aussi que Dade Azaree et Louis Wensley Jasmin, tous deux en prison pour des affaires de trafic de drogue, « sont mes clients; ils donnent leurs véhicules pour réparation au garage que je possède. »

« À l’époque où vous étiez en communication avec Shahebzaada Azaree, dit Dade, patron de Gloria Fast Foods, et que vous avez présenté comme votre client, êtes-vous au courant qu’il communiquait avec Siddick Islam ? Et avec Navind Kistnah ? », a résumé Paul Lam Shang Leen, président de la Commission d’enquête sur la drogue, hier, afin de faire comprendre à Noor Hossen Khalil Ramoly les raisons de sa convocation devant cette instance. Devant la réponse négative du principal concerné, l’ancien juge lui a décoché : « voilà comment vous atterrissez dans ce réseau ! » En plus de cela, il y a les liens de l’homme d’affaires de Sainte-Croix avec le policier suspendu Shabeer Goolamghouse, et le fait qu’en plusieurs années, il n’a fait quasiment aucune déclaration à la Mauritius Revenue Authority (MRA). Khalil Ramoly a eu beaucoup de peine à convaincre Paul Lam Shang Leen et ses deux assesseurs qu’il n’est nullement mêlé au trafic de drogue.

Son audition a débuté par des généralités ayant trait à son business, nommément le garage Khalil Spare Parts, qui a pignon sur rue à la route des Pamplemousses, dans la périphérie de Port-Louis. Khalil Ramoly a expliqué que sa compagnie a été enregistrée en 2014 et qu’il se spécialise dans l’achat et la revente de pièces de rechange pour véhicules, qu’il importe de la Thaïlande et la Chine. « Seulement ces deux pays-là ? », a souhaité savoir Paul Lam Shang Leen. Khalil Ramoly a confirmé.

Durant sa déposition, le président de la Commission lui a adressé quelques autres questions relatives à ses contacts téléphoniques avec des pays étrangers comme les États-Unis, l’Italie, les Emirats Arabes Unis, l’Inde, les Comores, Madagascar et Mayotte. « Mon oncle, Hamid Ramjeean se trouve en Italie, a-t-il expliqué. Mes proches m’avaient appelé quand ils se trouvaient en Inde. Et Jalil Baccar m’avait appelé de Madagascar quand il s’y était rendu ». Quant aux autres pays, il a nié avoir des contacts téléphoniques avec eux.

Paul Lam Shang Leen : Quand votre fille aînée, Benazir, était petite, c’est vous qui vous occupiez de son compte bancaire ? Votre épouse nous a dit cela.

Khalil Ramoly : En effet.

PLSL : Une voiture, une BMW, a été achetée et mise au nom de votre fille Benazir, justement. D’où vient l’argent pour cet achat ?

KR : C’est moi qui l’ai donné. J’avais une autre voiture que j’ai vendue, et j’avais gagné aux courses une grosse somme.

PLSL : (dans un grand sourire) Aux courses ! Bien sûr. Quand ?

KR : En 2014.

PLSL : Vous avez des preuves ?

(Khalil Ramoly tend des documents au secrétaire de la commission, Kossiram Conhye, qui les remet au président Lam Shang Leen)

PLSL : Nous allons devoir étudier ces documents, puisque c’est maintenant que nous en prenons connaissance… Combien vous avez gagné ?

KR : Environ Rs 1,2 M. C’est de cette somme que j’ai pu payer la voiture, et investir dans le business, entre autres.

PLSL : Revenons à vos avoirs. Vous avez une voiture ?

KR : Oui, une Toyota de 1995, immatriculée 99 ZG 95. C’est tout.

PLSL : Nous n’avons pas de trace de l’existence de ce véhicule… Vous n’avez pas une Mercedes Benz de 2005 ?

KR : Oui, immatriculée K 841.

PLSL : Ah… Ça non plus nous n’avons pas. Nous avons ici des documents relatifs à une Mercedes coupée… Immatriculée N 53 ?

KR : Oui, c’était à mon nom, puis c’est allé à Nasheera Vavra, l’épouse de mon ami Siddick Islam.

PLSL : Qui travaille pour vous, au garage ?

KR : Jalil Baccar, c’est un ami. Et il y a mon neveu, A. Ramjane.

PLSL : Combien touchent-ils ?

KR : Rs 10 000 chacun.

PLSL : Et pour la pension ?

KR : Je viens de faire les procédures.

PLSL : Qui d’autre travaille pour vous ?

KR : Personne.

PLSL : Et Shabeer Goolamghouse, le policier suspendu ?

KR : C’est également un ami. Mais il ne travaille pas pour nous. Il nous rend des services…

PLSL : Vous lui avez déjà prêté de l’argent ?

KR : En effet. En 2015, il a eu Rs 100 000. Puis encore, Rs 150 000. Et aussi Rs 75 000, puis, Rs 125 000 et encore Rs 75 000.

PLSL : Mais votre partenaire en affaires, l’autre directeur de votre compagnie, dit tout ignorer de cela.

KR : Oui, à vrai dire M. Allykhan ne connaît pas grand-chose au business du garage.

PLSL : Mais c’est une compagnie ! Il est actionnaire, vous devez lui rendre des comptes !

KR : Shabeer est un ami…

PLSL : Et personnellement, vous lui avez déjà prêté de l’argent ?

KR : Oui, de petites sommes… Rs 20 000, Rs 25 000…

PLSL : Vous connaissez le jockey Hoolash ?

KR : Lui, non. Son père, si. Il était bijoutier.

PLSL : Vous avez des liens avec des trafiquants de drogue ?

KR : Non. Je travaille à mon garage et mon magasin. J’obtiens de l’argent… Je n’ai jamais eu affaire avec la police pour un quelconque cas lié à la drogue. Au contraire, quand je rencontre des gens qui sont devenus victimes des drogues, je les emmène au Centre d’Accueil de Terre-Rouge, et je paie pour les aider à sortir de cet enfer.

PLSL : Vous avez des contacts avec des trafiquants qui se trouvent dans les prisons ?

KR : Siddick Islam m’a déjà contacté.

PLSL : Vous avez donc des amis en prison qui sont des trafiquants !

KR : Non, seul Siddick Islam.

PLSL : Curly Chowrimootoo, ce nom ne vous dit rien ?

KR : Non.

PLSL : D’après les relevés des numéros de téléphone que nous avons qui sont enregistrés à votre nom, vous avez communiqué avec lui.

KR : Sur quel numéro ?

PLSL : Le vôtre ! Celui qui se termine par quatre zéros… C’est à partir d’un téléphone qui a été saisi sur Curly Chowrimootoo que votre numéro a été retracé.

KR : Je ne le connais pas.

PLSL : Et Jimmy Marthe ?

KR : Oui, je lui ai déjà parlé.

PLSL : C’est un trafiquant également. Il vient d’être condamné. Comment avez-vous été en contact avec lui ?

KR : C’est lui qui m’a appelé.

PLSL : Et Jean Johnny Pasnin ?

KR : Je ne le connais pas.

PLSL : Ah bon ? Vous ne le connaissez pas, pourtant il vous a appelé ! Lui aussi vous a appelé de la prison… Et Peroumal Veeren, vous connaissez ?

KR : Par les journaux, oui.

PLSL : Je ne vous parle pas des journaux, je vous dis que nous avons des relevés téléphoniques de numéros saisis en prison sur des trafiquants de drogue. Et votre numéro figure parmi !

KR : Peut-être que Siddick Islam a emprunté le téléphone d’autres détenus pour m’appeler…

PLSL : Mais il a son propre téléphone, pourquoi emprunterait-il celui d’un autre? Sur un laps de temps de trois mois, vous avez échangé 19 conversations !

KR : Je le reconnais.

PLSL : Vous connaissez Dade Azaree ?

KR : Oui.

PLSL : Comment ? C’est un ami ?

KR : Non un client.

PLSL : Comment ça ?

KR : Il a l’habitude de donner ses véhicules à réparer dans mon garage.

PLSL : Et vous vous parlez souvent ?

KR : Oui, il m’appelait avant d’avoir ces démêlés avec la police, quand ses véhicules tombaient en panne… Et je l’appelais aussi les samedis pour avoir des tuyaux pour les courses.

PLSL : Nous avons effectué un relevé, en une année, vous avez communiqué… 63 fois !

KR : Oui, c’est vrai.

PLSL : Et vous n’avez rien à faire avec le trafic de drogue ?

KR : Non, pas du tout.

PLSL : Cependant, vous avez des communications avec des “gro latet” : Jimmy Marthe, Pasnin, Peroumal Veeren, Siddick Islam, Curly Chowrimootoo…

KR : Comme je vous ai dit, je confirme que j’ai parlé à Siddick Islam et Jimmy Marthe. Mais les autres, non.

PLSL : C’est facile, ça, de prétendre que certains ont pris le téléphone des autres…

Le président Lam Shang Leen devait d’ailleurs demander à K. Ramoly si son téléphone était en sa possession. L’homme d’affaires a soumis son appareil aux limiers de l’ASP Hector Tuyau qui étaient présents dans la salle. Il dispose d’une quinzaine de jours pour soumettre les divers documents et informations requis par la commission.

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