KICK-BOXING : Vingt ans pour atteindre le Graal

Mai 1993 : lancement officiel de la Fédération mauricienne de kick-boxing. octobre 2013 : double consécration mondiale. Vingt ans au cours desquels les dirigeants et tireurs ont connu des hauts et des bas et ont dû lutter contre vents et marées afin de mener le bateau à bon port. Du premier haut fait d’armes marqué par la médaille de bronze de Bruno Lacariatre aux championnats du monde seniors en 1999 à la consécration suprême de Fabrice Bauluck et James Agathe à cette même compétition, que de chemin parcouru.
L’histoire retiendra que le kick-boxing a pris naissance à Maurice suite à un conflit de longue durée avec les dirigeants de la Fédération de boxe française-savate. Parmi les pionniers : Gilbert Chenel (premier président de la fédération), Judex Jeannot, Désirée Tour, Arnaud Vacher, Isabelle Jeannot et Jérémie Rousseau. Ce dernier, actuel président de la fédération et qui occupait le poste de PRO au niveau du premier comité directeur, se souvient des balbutiements : « C’était le début d’une nouvelle aventure. Déjà, à l’époque, nous avions une équipe solide. Je me souviens notamment de Désirée Tour et son fort caractère. Au cours des premières années, il fallait surtout que nous nous fassions connaître. »
Si les séances d’entraînement se déroulent à la salle Eddy-Norton à Rose-Hill, le kick mauricien veut rapidement connaître d’autres horizons. Après un premier gala face à la sélection indienne en 1996 et la participation de Dominique Bayejoo à un tournoi international avec cachet de $ 100 000, se déroule le Tournoi de l’océan Indien au gymnase des Marsouins à l’île de La Réunion l’année suivante. Sur les neuf combats disputés, Maurice décroche quatre succès par l’entremise de Shyam Seebaluck, Bruno Veerasamy, Patrick Bousoula et Luc Pierre-Louis.
Si les premiers championnats nationaux se déroulent en 1998, avec comme lauréats entre autres Karl Prosper, Bruno Lacariatre, David Rose, Teddy Rose, Nicolas Prosper et Kersley François, les échanges avec l’île soeur se multiplient. Qui plus est, deux tireurs mauriciens, à savoir Bruno Lacariatre et Patrick Bousola, sont inclus dans la sélection océan Indien qui défie la sélection française.
Vainqueur lors de cette compétition, le premier nommé s’apprête alors à donner une nouvelle dimension à cette discipline. Seul tireur mauricien engagé aux championnats du monde de 1999, il réalise l’exploit de se retrouver avec une médaille de bronze autour du cou.
« Nous avions atterri dans un pays, en l’occurence le Kyrgyzstan, où le kick-boxing se trouvait être le sport roi. Nous n’étions que deux, Bruno et moi, et les gens nous regardaient comme des effarés. Fin stratège, cogneur efficace et précis, Bruno a évolué devant plus de 50 000 spectateurs. Aujourd’hui encore, je maintiens qu’il a été volé en demi-finales. D’ailleurs, le public avait hué au moment de l’annonce du résultat », se souvient Arnaud Vacher, qui avait également assumé la présidence de la fédération. Quoi qu’il en soit, Bruno Lacariatre avait ouvert la porte de la gloire. Deux ans après à Belgrade, Shyam Seebaluck le rejoignait dans l’histoire en décrochant également le bronze.
Un jeune gars de Ville Noire
Ce sera finalement un jeune gars venu de Ville Noire à Mahébourg qui donnera, du haut de ses 16 ans, au kick mauricien toute sa splendeur. Aux championnats du monde juniors de 2004, Fabrice Bauluck trouve une place de choix dans la cour des grands. À son retour à Maurice, ses amis du collège Hamilton lui réservent un accueil des plus chaleureux. « J’étais très heureux de cette consécration, mais j’ai été surpris de par la réaction de Judex Jeannot. Il m’avait déclaré que cette médaille d’or ne comptait vraiment pas à ses yeux et que Fabrice devait récidiver lors des championnats du monde suivants. À partir de là, il pouvait voir en lui un véritable champion », se rappelle Steeves Isbester, qui avait également présidé à la destinée de la fédération. Deux ans après, Fabrice Bauluck donnait définitivement raison à son mentor.
Comment ne pas mentionner également la médaille de bronze décrochée par Niven Ramasubhu lors de l’échéance mondiale tenue en 2004 ou encore la ceinture intercontinentale obtenue par Mervyn Babajee aux dépens du Réunionnais Patrick Lallemand. Les médailles de bronze récoltées par Fabrice Bauluck et Albert Dabeesing aux Jeux d’Afrique tenus en Algérie en 2007, les titres de champion d’Afrique obtenus par Fabrice Bauluck, Facson Perrine et James Agathe et la ceinture intercontinentale décrochée par Facson Perrine cette année ont été autant d’événements qui ont marqué l’histoire de cette discipline jusqu’ici.
Une histoire marquée également par la tenue de galas Maurice/France et la présence du rocker Johnny Hallyday, Maurice/Afrique du Sud ou de tournées dans les îles de l’océan Indien. Certes, des moments de doute ont surgi par moments avec l’annulation de Maurice/Thaïlande par exemple, le manque de moyens financiers ou encore le fait que des conflits ont émergé et que des dirigeants ont quitté le bateau en cours de route.
Il n’empêche que cette double consécration mondiale et ces deux médailles d’argent, après les accessits déjà décrochés par Fabrice Bauluck, James Agathe et Facson Perrine lors des précédentes éditions et les succès remportés à la Coupe du Monde, place cette fédération plus que jamais sous le feu des projecteurs. Afin de donner encore plus d’atouts aux pratiquants, les dirigeants s’attendent maintenant à la concrétisation d’un autre rêve, soit la construction d’un gymnase à Mont Roches sur un terrain déjà identifié. À partir de là, cette discipline ne pourra que s’épanouir pour que d’autres tireurs puissent également émerger vers le haut niveau.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -