Kreol Morisien : discussions engagées avec Cambridge

  • L’éventualité que cette matière soit proposée au niveau du SC et du HSC dépendra toutefois de la demande

Le kreol morisien au programme d’étude pour les examens de Cambridge. Nous n’en sommes pas encore là, mais les discussions ont bien été entamées entre le Mauritius Examination Syndicate (MES) et Cambridge. C’est ce qu’a révélé ce lundi, Toshanand Beekarry, représentant de l’organisme gérant les examens, lors d’une table ronde organisée par la Creole Speaking Union (CSU) et l’Université de Maurice. L’information a été confirmée par Menon Munien, représentant du ministère de l’Education. Toutefois, a laissé entendre ce dernier, sa mise en application dépendra de la demande. Le Pr Arnaud Carpooran, président de la CSU et doyen de la faculté des sciences humaines et sociales, est, lui, d’avis qu’il faut anticiper la demande.

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Le kreol morisien a fait son entrée au collège cette année. Un millier d’élèves en grade 7 ont opté pour cette matière, proposée dans 20 collèges d’Etat et 17 collèges privés subventionnés. « Officiellement, le ministère a un projet pour le kreol morisien jusqu’en Grade 9, avec l’examen du National Certificate in Education, à partir de 2020. Mais il est vrai qu’il y a eu de premières discussions avec Cambridge pour le School Certificate », a déclaré Menon Munien, ZEP Manager au ministère de l’Education.

Toutefois, a-t-il précisé, il faudra attendre une « policy decision » à ce sujet. Celle-ci dépendra de la demande pour cette matière, car des 3 000 élèves ayant pris part en kreol morisien aux examens du Primary School Achievement Certificate (PSAC) l’année dernière, seuls 1 000 ont choisi de continuer au secondaire. « Il y a eu quelques difficultés pour l’implémentation du kreol morisien au secondaire. Nous espérons que l’année prochaine, tout sera réglé. Si la demande pour le kreol morisien continue, on pourra envisager son introduction au SC et au HSC », a-t-il, précisé.

Le Pr Arnaud Carpooran est, lui, d’avis que la question doit être abordée différemment. Selon lui, c’est parce que le ministère de l’Education n’a pas anticipé l’introduction du kreol morisien au secondaire qu’on s’est retrouvé avec des difficultés cette année. « En réalité, il y a beaucoup de personnes qui croyaient que le kreol morisien au primaire n’allait pas marcher, qu’on allait se retrouver avec une faible demande. Or, nous avons une moyenne de 3 000 élèves optant pour le kreol morisien chaque année. Si nous nous retrouvons avec 1 000 élèves seulement au secondaire, c’est parce qu’il y a un nombre restreint de collèges proposant cette matière. »

Le Pr Carpooran rappelle qu’il y a eu, en premier lieu, un problème au niveau des ressources humaines. Le ministère n’ayant pas recruté d’enseignants de kreol morisien, il a dû se tourner vers les enseignants de français et d’anglais intéressés à enseigner le kreol morisien. « Cela a eu pour conséquence que tous les collèges n’ont pu offrir le kreol morisien en grade 7. J’avais d’ailleurs écrit une lettre ouverte au Service diocésain de l’éducation catholique pour dire mon mécontentement, mais on m’a fait comprendre par la suite que c’est par manque d’enseignants que tous les collèges n’ont pu offrir le kreol morisien. »

Pour le Pr Carpooran, il ne faudra pas attendre la demande, « mais créer la demande » en offrant le kreol morisien dans tous les collèges. « Il y a certainement des élèves qui auraient souhaité poursuivre avec le kreol morisien, mais leur collège n’en propose pas. »
Concernant les discussions avec Cambridge, a précisé pour sa part Toshanand Beekarry, il ne s’agissait que d’un premier contact. « Au cas où il y a une “policy decision” dans ce sens, un comité, avec tous les partenaires concernés, devra être mis en place pour consultations. »

Lancement du projet de Diksioner Kreol Rodrige

L’Assemblée régionale de Rodrigues, l’Université de Maurice et le Mauritius Institute of Education (MIE) collaborent sur projet “Diksioner Kreol Rodrige” lancé la semaine dernière. Un Memorandum of Agreement, signé en août entre la chef de département de la Commission des arts et de la culture, Arielle François-Nicolas, et le doyen de la faculté de sciences sociales à l’Université de Maurice, Arnaud Carpooran, a marqué le démarrage de ce projet.

Pas moins de 14 Lexicographic Contributors, qui travailleront sur le projet, ont été recrutés par l’Université de Maurice. Ils seront rémunérés par la Commission des arts et de la culture. Ayant bénéficié de deux jours de formation dans le cadre de ce projet, ils auront pour tâche de collecter les données sur le terrain. Ce projet, qui vise à valoriser la langue créole, symbolise le « respect de la spécificité et de l’authenticité » des îles.

Le projet de dictionnaire créole poursuit ainsi le combat pour le “rodriguanisme” aux seins des institutions. Le “Diksioner Kreol Rodrige” mettra en avant la spécificité de la culture rodriguaise au sein de la République de Maurice. Le dictionnaire jouera plusieurs rôles sur le plan social, éducatif, culturel et politique de l’île. Il aura un rôle référentiel, pédagogique, institutionnel et un rôle important pour la validation du créole rodriguais. Le dictionnaire servira aussi d’outil pédagogique essentiel pour les enseignants et pour la rédaction des manuels.

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