À L’ÎLE MAURICE : Que prévoient les ‘Smart Cities’ pour le nombre grandissant de ‘Smart Seniors’ ?

Les projets visant l’implantation des ‘Smart cities’ à Maurice se précisent de plus en plus et seraient même en augmentation. Une bonne dizaine de ces projets dans diverses régions du pays prennent naissance depuis l’avènement du nouveau gouvernement. De nombreux séminaires (dont un au coût de Rs 56,000 par participant) pour une approche participative à l’implantation de ces projets ont déjà été organisés.
Mais jusqu’ici, sauf erreur, par manque d’information spécifique, il n’est fait aucune mention de ce qui est prévu pour les seniors au sein de ces ‘smart cities’, notamment concernant les structures d’accueil, de logements, de résidences, d’appartements pour personnes âgées ou comme cela se fait dans d’autres pays de complexes résidentiels pour le bien-être des populations d’âge avancé (exemple de résidences appelées ‘assisted living’ dans les pays anglophones ou résidences-services ou logements avec assistance de vie dans les pays francophones).
Or, il est évident que cette problématique devrait interpeller les autorités nationales et les planificateurs de ces ‘smart cities’ compte tenu du nombre croissant de personnes âgées dans la société et du vieillissement inéluctable de la population mauricienne.
Arrêtons-nous un instant sur les projections démographiques pour l’île Maurice et plus spécifiquement sur la proportion estimée du nombre de seniors d’ici une trentaine d’années.   
 À ce jour, la population de Maurice est estimée à un peu moins de 1.3 million d’habitants dont environ 13 % de personnes de plus de 60 ans, soit 169 000 seniors. Avec un taux de natalité en baisse continue durant ces dernières années et un taux de reproduction de 1.8, la population mauricienne vieillit, ce qui aura comme effet un nombre croissant de personnes dans la tranche d’âge des plus de 60 ans. En l’an 2050, les projections font état d’un doublement de la proportion des plus de 60 ans, soit près de 30 % de la population.
Or, le constat relatif aux conditions de vie des personnes âgées à Maurice est inquiétant, tant sur le plan financier que social. Le pouvoir d’achat des seniors est automatiquement réduit dès le premier mois de la retraite, étant donné qu’ils perçoivent une allocation moindre par rapport à leur dernier salaire. (complété il est vrai par un montant de Rs 5250 alloué à tous les seniors par le gouvernement suivant une politique égalitaire bien établie). Sur le plan social, les seniors sont de plus en plus sujets à l’isolement. Autrefois encadrées ou prises en charge par leurs descendants, les personnes âgées évoluaient au sein de la famille, aidées par leurs proches, par les enfants et petits-enfants. Mais force est de constater qu’à présent, les structures familiales sont plus restreintes et le nombre d’enfants pouvant se dévouer aux seniors est extrêmement limité : les membres de la famille sont pris par le rythme effréné de la vie ‘moderne’, par des longues heures passées au travail, dans le trafic, occupés par les contraintes de la vie domestique. Le temps libre est excessivement limité pour s’occuper des seniors. Par ailleurs, un grand nombre de seniors se retrouvent esseulés suite à l’émigration des membres de leurs familles, les enfants et petits-enfants ayant opté de voguer vers d’autres cieux. Des cas de cambriolages des maisons habitées par des seniors sont de plus en plus fréquents. Des viols de dames âgées vivant seules dans leur résidence ont été rapportés par la presse.
Quel est le nombre de ‘maisons de retraite’ opérationnelles actuellement à Maurice ?  Est-ce en nombre suffisant pour répondre aux besoins grandissants des seniors ?  Les recherches indiquent qu’il y en aurait une trentaine mais de qualité inégale. Certaines de ces maisons de retraite ayant meilleure réputation que d’autres, enregistreraient une liste d’attente incroyable. Si environ 50 % des seniors sont pris en charge par leur famille, il  resterait environ 80,000 qui devraient trouver de l’aide ailleurs, ce qui donne un calcul grossier d’environ 2600 par maison de retraite existante !   (Pour l’anecdote : certaines personnes dans la cinquantaine font des dons à des maisons de retraite bien cotées dans le but de s’assurer qu’une place leur sera faite le moment venu !).  
Il faut relever que dans de nombreux pays dont la population comporte une proportion élevée de seniors, les structures mises en place ne se réfèrent plus aux ‘maisons de retraite’ mais à des structures modernes au sein de complexes résidentiels fournissant divers services incluant les soins médicaux, la restauration, les activités sportives, récréatives et ludiques. Ce sont des appartements ou villas individuels de dimension humaine, opérés par du personnel formé, offrant des soins médicaux, des facilités pour l’alimentation, pour le ménage, d’où le terme de ‘assisted living’, soit une approche intégrée des besoins de la personne âgée, suivant qu’elle soit autonome ou pas. Combien de temps devrons-nous attendre pour bénéficier de projets de telle envergure, comme celui de Moka, les jardins de Chantenay, le seul exemple à Maurice actuellement ?
Les planificateurs et responsables des ‘smart cities’ de Maurice y ont-ils pensé ?  Les projets de ‘smart cities’ représentent une opportunité d’offrir un mode de vie de qualité aux seniors, de les faire profiter et bénéficier des nouvelles technologies de ces ‘smart cities’ pour les aider dans leur vie quotidienne.  Ne pourrait-on pas envisager des ‘cities’ qui offriraient des opportunités aux seniors pour les faire partager leurs expériences, leurs vécus, pour apporter leurs contributions, pour se rendre utiles ?  Ne seraient-ce pas des opportunités pour des rencontres intergénérationnelles, pour un échange d’expériences et d’idées entre seniors et jeunes ?  
Un appel est ici fait au Premier Ministre, un ‘smart senior’, aux nombreux ministres parmi lesquels un bon petit nombre de seniors ou en voie de le devenir, et aux visionnaires des ‘Smart Cities’ notamment à M. Gaëtan Siew : ne laissez pas passer cette opportunité pour intégrer les seniors à ces projets, non seulement pour qu’ils puissent jouir des progrès du pays auxquels ils ont largement contribué durant leur vie active mais également pour une fin de vie dans le cadre d’un développement à visage humain.

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