La Berlinale, chambre d’écho du mouvement #MeToo

Nette présence de réalisatrices, drame résonant avec l’affaire Weinstein ou traitant de l’avortement: la 70e Berlinale s’affiche comme une caisse de résonance du mouvement #MeToo, mettant en avant la voix des femmes.

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– Bon élève –

Même en étant encore loin de la parité, Berlin est le festival « qui fait le plus le job » en matière de représentation féminine, estime Delphyne Besse, du collectif 5050 pour 2020 (en faveur de la parité hommes-femmes).

Avec 33% de films réalisés par des femmes en lice pour l’Ours d’or, il fait moins bien que l’an dernier (41%) mais toujours mieux que Venise, avec deux réalisatrices (sur 21 films en compétition) en 2019.

Historiquement, la Berlinale est aussi le festival qui a le plus récompensé de réalisatrices dans son histoire (six au total, depuis 1956 contre une à Cannes: la Néo-Zélandaise Jane Campion en 1993).

Une tendance encore plus marquée ces dernières années, avec deux réalisatrices sacrées à Berlin – la Hongroise Ildiko Enyedi (« Corps et âme ») en 2017 et la Roumaine Adina Pintilie (« Touch me not ») en 2018 – pour des films toutefois confidentiels.

Comme il s’y est engagé, le festival publie depuis un an des statistiques sur la présence des femmes dans ses comités de sélection, dans les divers métiers des films sélectionnés (production, photographie, scénario…) ainsi que dans les films qui lui sont soumis.

– Plateforme –

Avec un drame sur l’avortement en compétition (« Never rarely sometimes always », présenté ce mardi) ou un film décrivant le quotidien d’une assistante dans le milieu « ultra-toxique » du cinéma, découvert à Sundance (Etats-Unis), le festival offre une plateforme à ces questions sensibles.

Présenté dans une section parallèle, « The Assistant » de Kitty Green fait le « buzz » à la Berlinale, au point qu’une projection a dû être ajoutée.

Il suit de manière presque clinique les faits et gestes d’une jeune femme fraîchement diplômée (Julia Garner, vue dans la série « Ozark »), travaillant pour un producteur influent. Entre le défilé de jeunes femmes dans le bureau de son patron et les commentaires de ses collègues, elle va prendre conscience de la nocivité de son environnement.

Un film qui a nécessité des « centaines d’heures d’interview », notamment de femmes ayant travaillé pour Harvey Weinstein (reconnu coupable lundi de viol et d’agression sexuelle, ndlr), a expliqué la réalisatrice, formée à l’école du documentaire. « Ces environnements extrêmement toxiques sont transposables à toutes les industries », a-t-elle ajouté.

« Ca va bien plus loin que le cas Harvey Weinstein », a renchéri Julia Garner. « Il ne s’agit pas d’une guerre des sexes, mais de mettre fin aux abus ».

– Réception –

Est-ce à dire que films de femmes riment avec féminisme ? « Je suis juste contente de tourner des films… malgré mon sexe et mon âge », a répondu, gênée, Kelly Reichardt, 56 ans, grande figure du cinéma indépendant.

Venue en compétition présenter « First Cow », une relecture du western centrée sur l’amitié entre deux hommes – très bien reçue par la critique – elle a préféré mettre en avant la dimension humaniste de son film, incluant différents points de vue dont celui d’un immigrant chinois.

En outre, « il y a de sujets très en vue aujourd’hui mais nous devons faire nos choix sur la base de l’histoire, sur la façon dont le film fonctionne avec un public », a estimé le président du jury Jeremy Irons, interrogé précisément sur le mouvement #MeToo au cinéma.

Après la réapparition d’une interview où il tenait des propos jugés sexistes, le Britannique a dû afficher, au premier jour du festival, son plein soutien aux mouvements pour « protéger les femmes contre toute forme de harcèlement », au droit à l’avortement et au mariage gay.

may/cfe/mig

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