LA LÉGALISATION DE L’AVORTEMENT:En attendant la loi

Le décès de Marie Sharonne Marla, le jour de Noël, après avoir avalé des comprimés pour se faire avorter, interpelle le Front Commun pour l’Avortement (FCA). Cette jeune femme de 22 ans n’est pas la seule à perdre la vie tragiquement en ayant recours à la pratique de l’avortement backstreet. Il y a eu Marie-Noëlle Derby, Padmini Pakiri… et bien d’autres encore passées sous silence. « Fam bizin aret perdi lavi dan bann conditions aussi atroce, uniquement parski nou la loi archaïque », déplore Rajini Lallah, représentante du Muvman Lyberasyon Fam, qui a rencontré à cet effet, l’Attorney General, Yatin Varma, en fin de semaine en compagnie de Vidya Charan, de la Mauritus Family Planning Welfare Association (MFPWA) et Anne-Marie Joly (MLF). L’objectif de cette rencontre : la réclamation de mesures intérimaires pour éviter d’autres drames en attendant que les amendements au Criminal Code soient apportés.
Le gouvernement mauricien, membre de la Convention sur l’Élimination de toutes les Formes de Discrimination à l’Égard des Femmes (CEDAW), s’est en effet engagé à apporter, depuis 2006, des amendements au Code Pénal en vue de revoir la section 235 et dépénaliser l’avortement dans des cas précis. C’est ce qu’a assuré la ministre de l’Égalité des Genres, Mireille Martin, lors du dernier sommet de la Convention, à Genève, en octobre dernier. Une loi en ce sens, comme annoncé par Week-End, en août dernier, est en préparation par le bureau de l’Attorney General et propose un amendement au Criminal Code Act.

Les débats sur la question perdurent depuis plus de 35 ans. Et le projet de loi ne devant atterrir au Parlement qu’en mars 2012, le FCA réclame des mesures intérimaires. Car, en effet, l’avortement étant illégal à Maurice, de nombreuses femmes se retrouvent dans l’obligation d’avoir recours à l’avortement backstreet. Et lorsque les complications surviennent, par peur d’aller en prison, elles ne se rendent pas dans les services de santé publique et meurent dans des conditions atroces. « Nou pa kapav attan et laisse madam mort a coz enn la loi archaïque », dit Rajini Lallah. Le mouvement souhaite également que la ministre de la Justice prenne publiquement position pour soutenir le Directeur des Poursuites Publiques (DPP), qui a reconnu que la loi sur l’avortement est ambiguë et ne correspond pas aux provisions de la loi criminelle.
Après sa rencontre avec les représentants du FCA, l’Attorney General, Yatin Varma, qui a exprimé ses condoléances à la famille de Marie Sharonne Marla, a laissé entendre qu’il compte étudier les propositions qui lui ont été faites par le FCA. Il n’a pas souhaité commenter davantage la loi actuelle sur l’avortement, se contentant de dire que, « Mireille Martin a fait des représentations au Sommet de Genève, et mon bureau travaille dessus ».

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