La police britannique accusée de menacer la liberté de la presse

Un avertissement de la police britannique contre les médias qui publieraient des documents confidentiels suscitait samedi des réactions outrées de journalistes et personnalités politiques dénonçant une atteinte à la liberté de la presse.

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Le chef adjoint de Scotland Yard, Neil Basu, a enjoint vendredi à quiconque serait en possession de documents gouvernementaux ayant fuité, citant « propriétaires, rédacteurs en chef ou éditeurs de médias traditionnels ou sociaux », de ne pas les publier et de les remettre aux autorités.

« La publication de communications ayant fuité, sachant les dégâts qu’elles ont causé ou sont susceptibles de causer, peut constituer un délit pénal », a déclaré M. Basu dans un communiqué annonçant l’ouverture d’une enquête criminelle sur les fuites dans la presse de câbles diplomatiques peu flatteurs à l’égard du président américain Donald Trump, une affaire qui a provoqué la démission de l’ambassadeur britannique à Washington.

Samedi, lors d’un meeting devant les militants conservateurs à Wyboston, dans le sud-est de l’Angleterre, le favori pour remplacer Theresa May à Downing Street, Boris Johnson, a jugé « pas concevable que des journaux ou tout autre média publiant de tels documents fassent l’objet de poursuites ».

M. Johnson, lui même ancien journaliste, a déclaré que la publication de ces documents ne constituait pas à ses yeux une « menace pour la sécurité nationale » et que poursuivre des journalistes sur cette base constituerait une « atteinte à la liberté de la presse ».

Son rival, Jeremy Hunt, a déclaré sur Twitter que le responsable des fuites « DOIT répondre de ses actes » mais a défendu fermement le droit de la presse de les publier.

D’autres personnalités politiques ont exprimé leur attachement à la liberté de la presse, comme Bob Seely, député conservateur siégeant à la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes qui a invité la police à « revoir sa position », redoutant que cela crée « un précédent très dangereux », interrogé par le quotidien conservateur The Telegraph.

Cité par le même journal, l’ancien ministre de la Culture, John Whittingdale, s’est aussi opposé à la poursuite de journalistes, estimant qu’ils « sont là pour rapporter des histoires, qu’elles soient ou non gênantes pour les personnes qui y sont mentionnées ».

L’ancien ministre des Finances, le Conservateur George Osborne, aujourd’hui rédacteur en chef du quotidien Evening Standard, a qualifié sur Twitter la déclaration de la police de « très idiote et peu judicieuse », incitant Neil Basu à s’en distancier pour « conserver (sa) crédibilité ».

Tim Shipman, journaliste politique au Times, a aussi dénoncé sur le même réseau social un communiqué de la police « sinistre, absurde et antidémocratique ».

En revanche, l’ancien ministre de la Défense Michael Fallon a soutenu l’appel de la police. Les journalistes « doivent être conscients des dégâts considérables qui ont été faits et des dégâts potentiellement encore plus importants pouvant être provoqués par de nouvelles infractions à la loi sur les secrets officiels », a-t-il déclaré à la BBC samedi.

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