La pollution à Bambous : « Trop, c’est trop ! »

John Anseline, président du village de Bambous, décrit la région comme la « capitale de la puanteur et de la pollution ». Le constat qu’il fait est des plus affligeants. « On est très bien servis dans cette zone, nous avons le centre d’enfouissement des déchets à La Chaumière, la porcherie de Saint-Martin d’où émane une odeur nauséabonde à toute heure, le Saint-Martin Sewage Treatment Plant tout juste à côté. Quelques mètres plus loin, une concasseuse avec de la poussière et bientôt un dépotoir pour le “clinical waste”où seront brûlés tous les déchets des hôpitaux à travers l’île. Kouma dir nou pena ase problem. Vine dump tou pouritir dans région Bambous. Le tout denier, un dépotoir pour le “clinical waste” ne passera pas cette fois. Nous allons faire entendre nos voix cette fois », prévient John Anseline. L’incendie qui a eu lieu dimanche dernier n’a pas laissé indifférents les habitants.

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Selon le président du village de Bambous, « ene gouverna aller, lot vini, mais loderla ankor touzur là. Narien pas fine faire. Chacun vient nous raconter la même histoire. »

Le centre d’enfouissement de La Chaumière, l’enfer des habitants de Bambous

C.A, habite à proximité du terrain de football à Bambous non loin du centre d’enfouissement. Elle a dû transporter son fils qui souffre de l’asthme lundi matin à l’hôpital. « Je n’étais chez moi. Je suis rentrée très tard dimanche soir. Le lendemain matin, lorsque je me suis réveillée, j’étais allée voir mon fils dans sa chambre. Il n’était pas bien. ll suffoquait. Il avait eu des soins à temps et a pu rentrer après. C’est la cinquième fois que nous subissons la fumée des produits toxiques. Trop, c’est trop ! Notre vie quotidienne a été grandement bouleversée. Chacun doit assumer ses responsabilités. »

Selon C.A, toute cette situation est honteuse lorsqu’il y a des compétitions internationales qui se déroulent au stade Germain Commarmond, surtout par temps pluvieux et lorsqu’il vente. « Les athlètes sont incommodés par cette puanteur », dit-il.

Dans une pétition adressée le 27 juillet 2017 à Étienne Sinatambou, ministre de l’Environnement, au nom des habitants de Bambous, Mon Repos, Geoffroy, la NHDC, Eaux Bonnes, Cite La Ferme et La Ferme Plantation, Ragini Kistnasamy, membre de LALIT LWES, écrit : « The waste deposit is causing a lot of nuisance to our health. If you carry out a survey on people living at Cité La Ferme, you will find out that many people suffer from respiratory problems and are asthmatics. Most of the time there is a bad smell emanating from the same and when the rubbish caught fire, we suffer a lot from ashes and smokes as the situation is actually. Can you imagine how our babies, children and elders are suffering?As we have said enough is enough as we would like to live a peaceful life without nuisance. Above all this, the waste deposit attracts a lot of mosquitoes and other insects and as summer is coming, you can imagine how many diseases are awaiting us. The government is asking people to protect the environment and to keep same clean so that we can live a healthy life but we can say that the place where we are living is a polluted and unhealthy. »

En avril de l’année dernière, les habitants sont revenus à la charge après un quatrième incendie. Ils ont fait quatre propositions au ministère de l’Environnement, lui demandant ainsi de rassurer le public contre les risques sanitaires, de faire le nécessaire en cas d’incendie, d’entreprendre des travaux pour contenir les mauvaises odeurs et les mouches ou de procéder à la fermeture du site d’enfouissement de La Chaumière.

Michael Jualala, père d’une fille de 19 ans et d’un garçon de onze ans, habite Cite La Ferme depuis 45 ans. Il concède son impuisssance face à la situation : « Ena tou ici pou rane nou la vie amer : porcherie Saint-Martin, sewage, centre d’ enfouissement. Ene koktail explosif. Ou ferme ou lakaz couma ou anvi loder la rentrer. Asoir li zour, mouche rentrer partou. Ou met linz sek lor lakord, li vine noir avec la pousière moulin roche. Nou fine vine prisonier ene situation. Ki faire pas ale met sa ban zafer la lot plas ?C’est parceki nou trop trankil ici. »

Michaêl Dick partage son amertume : « Il faut trouver une solution pour ce centre d’enfouissement. C’est la cinquième fois. C’est le calvaire pour les enfants et les vielles personnes. »

Rosemay Bègue, la soixantaine, ne sait plus quoi dire. « Avec l’été, c’est l’enfer ici. Ou trouve tout kalite ek kouler mouche. »

Axel Rissi Jacquelin Paya et Clarel David font le même constat : « Kot ou passe dans sa region la ou pou tan meme probleme. Kan concaseuse craze certaine ler, ou nek tan tapaz asoir ou pas dormi bien. Parfwa tapage la reste dans la tête kan ou lévé gramatin. Imagine ban ti bébé ek ban zenfan ki bizin ale lekol le lendemain. »

Clarel David se rappelle encore ce jour où un match de football qui se disputait sur le terrain de football de Bambous avait dû être interrompu à cause d’un incendie. C’était en 2017. « Zouer ti bizin kit terrain, aler », confie-t-il.

Un groupe d’enfants qui s’entraînaient mercredi sur le terrain de football de la localité ajoute leur voix au chapitre. « Ti bizin allé, nou lizie ti pe mari brilé. On ne pouvait pas supporter la fumée. »

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