La poubelle

— L’autre jour, je suis passé devant chez toi et j’ai vu que ta poubelle avait débordé

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— Tu viens veiller mes poubelles aussi maintenant ?

— Comment ça aussi ? Tu veux dire que tu crois que je viens fouiller dans ta poubelle ?

— Aio, ce que tu peux être susceptible, foutour va ! Je faisais juste un joke.

— Tu m’accuses de veiller tes affaires et tu appelles ça un joke ?

— Aio, arrête avec ça, don. Qu’est-ce que tu voulais me demander ?

— Je ne sais pas si je peux je ne veux pas passer pour un quelqu’un qui veille les affaires des autres, moi.

— Allez, sorry, je n’aurais pas dû dire ça. Qu’est-ce qu’elle a ma poubelle ?

— Elle débordait, toi. Les éboueurs ne sont pas passés, la semaine dernière ?

— Si, ils sont passés, mais avant la coupe.

— La coupe ? Tu as fait tailler tes bambous en plein hiver ?

— Le jardinier n’accepterait jamais de faire ça. De toutes les façons, il n’en fait qu’à sa tête. Non, ce n’est pas de la coupe de bambous que je te parle, mais de la Coupe du Monde de football.

— Je ne comprends pas. Qu’est-ce que la Coupe du Monde a à faire avec ta poubelle.

— Il fallait bien jeter les cannettes de bière, les boites de pistaches salées et de take away, les cartons de pizza, les sacs de gâteaux de l’huile, tout ça.

— Mais vous avez fait une fête pour la victoire de la France ?

— Pas moi. Mon bonhomme et ses copains.

— Mais je croyais que la France n’était pas leur équipe, moi.

— Ça, c’était au départ du Mondial. Mais quand zot lekip finn gagne batté, zot finn changé.

— Ils ont abandonné l’Angleterre pour la France ?

— Ils ont été forcés, toi. Avant, ils avaient choisi une autre équipe qui s’est fait battre, alors ils ont pris l’Angleterre et finalement la France.

— Ils ont changé d’équipe comme ça, une après l’autre ?

— Oui, je te dis. Ce sont de véritables transfuges du football. Ils sont pires que les politiciens. En tout cas aussi opportunistes. Il faut qu’ils soient dans l’équipe qui gagne.

— Je ne savais que ton bonhomme était un footballeur intéressé comme ça.

— Franchement te dire, il est plus un footballeur de télé que de terrain.

— Qu’est-ce que ça veut dire ?

— Il est comme la plupart des hommes, toi. Comme ses copains c’est un expert en foot depuis son salon. Avec ses copains ils peuvent te faire, pendant des heures, des analyses des matches. Ce que tel joueur aurait dû avoir fait. Ce que l’entraîneur aurait dû avoir décidé. Le joueur qu’il n’aurait pas dû laisser monter sur le terrain, ils savent tout, mais devant la télé, pas sur le terrain. Tout ils savent. Devant la télévision !

— Et ça mange un fan de foot devant la télé ?

— Qu’est-ce que je vais te dire ? Et ça boit surtout des quantités de packs de bière. J’ai dû faire un budget spécial foot, je te dis.

— Je croyais que ton bonhomme faisait de l’entrainement les samedis soir et le dimanche matin

— Fais-moi rire, donc. Ils s’entraînent au niveau des paroles et boivent de la bière entre deux analyses. Ça même zot l’entrainement ! Je lui ai dit qu’avec les nouvelles lois, il va falloir qu’il dorme à son club tous les samedis soirs, sinon il va devoir prendre un abonnement en cellule de dégrisement.

— Mais le dimanche matin, il ne va pas courir, tout ça ?

— Pour ça, il faudrait d’abord qu’il sorte du lit. Quand le dimanche matin je le lève pour qu’il aille faire son entrainement, il fait la sourde oreille et vire de l’autre côté.

— Il doit surement préférer rester au lit avec toi.

— Tu parles ! Pour qu’il te fasse un petit gâté, il faut prendre rendez-vous longtemps à l’avance. Et crois moi : il faut longtemps souffler sur la braise pour essayer d’allumer le feu!

— Même en hiver ?

— Aio, ma chère, dès qu’il est sous la couette il ronfle comme un moteur d’auto mal réglé. Je dois mettre des boules dans les oreilles pour pouvoir dormir. Parfois je me demande ce qui je fais encore avec lui

— Ne dis pas des affaires comme ça, donc.

— Je suis plein je te dis. Surtout quand il y a de grandes compétitions comme ça. Je sors de là éreintée, je te dis. Ça même ma poubelle est en train de déborder de ce que les « footballeurs » de salon ont consommé !

— C’est comique.

— Tu trouves que c’est comique d’avoir à tout nettoyer après les matches devant la télé ?

— Non je pensais è la phrase qui dit que derrière tout grand homme, il y a une femme.

— Et alors ?

— Il faudrait dire que derrière chaque footballeur de salon il y a une femme qui achète à boire, chauffe les gadjacks et après nettoie partout.

— Ce n’est pas ça même qu’on fait tout le temps non ?

Avec ou sans Coupe du Monde !

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