La pression monte sur Huawei, Pékin dénonce un « harcèlement »

La Chine a dénoncé jeudi un « harcèlement » de la part des Etats-Unis contre Huawei, le numéro deux mondial des smartphones lâché par ses partenaires commerciaux depuis sa mise à l’index par Washington.

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En pleine guerre commerciale sino-américaine, l’administration Trump a placé Huawei sur une liste de sociétés suspectes auxquelles il est interdit de vendre des équipements technologiques, menaçant la survie même du groupe chinois, selon des experts: Huawei dépend largement pour ses téléphones de puces électroniques fabriquées aux Etats-Unis.

En réaction, Pékin a haussé le ton, annonçant avoir adressé « une protestation solennelle » à Washington, selon le ministère du Commerce.

Mercredi soir, le ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi, avait dénoncé un « harcèlement économique » destiné à « entraver le processus de développement » de son pays. Il a promis que Pékin se battrait « jusqu’au bout ».

Et le porte-parole du ministère du Commerce a averti que les négociations commerciales avec Washington ne reprendraient pas si les Américains ne faisaient pas preuve de « sincérité ». Pékin disait jusqu’à présent croire à une reprise des discussions — à une date indéterminée.

Mais la guerre commerciale semble de plus en plus dominée par un affrontement technologique autour de Huawei.

Un délai de 90 jours a été accordé par Washington pour fermer le robinet de la technologie américaine, mais plusieurs groupes ont préféré prendre les devants face aux incertitudes planant désormais sur les produits Huawei.

– Panasonic, Vodafone… –

Le géant japonais de l’électronique Panasonic a ainsi rejoint jeudi la liste des grands groupes technologiques qui ont annoncé une rupture de certains liens avec le chinois.

Panasonic va cesser de fournir certains composants à Huawei et ses 68 filiales soumises à l’interdiction du gouvernement américain. Il s’agit des produits fabriqués complètement ou partiellement aux Etats-Unis, mais le volume est faible et l’impact limité, a précisé à l’AFP une source proche du groupe.

Panasonic ne stoppe pas toutes ses transactions avec Huawei et maintient celles qui ne sont pas affectées par la mesure américaine.

Son compatriote Toshiba a pour sa part annoncé la suspension de ses livraisons à Huawei pour vérifier que ses produits ne comportaient pas de composants « made in USA », avant de faire état de la reprise de ses livraisons.

Mercredi, quatre grands opérateurs nippons (KDDI, Softbank) et britanniques (Vodafone, EE) avaient annoncé un report du lancement de nouveaux modèles Huawei, ces appareils pouvant perdre une grande partie de leur intérêt sans l’apport de technologies américaines.

Pourrait s’ajouter à la liste un autre britannique, ARM. Le groupe, qui conçoit des semi-conducteurs utilisés par l’ensemble de l’industrie des télécoms, a fait savoir qu’il appliquait « les dernières restrictions ordonnées par le gouvernement américain ».

Ces annonces représentent de nouveaux revers pour Huawei, après l’annonce dimanche de Google: le mastodonte américain a fait savoir que son système Android, qui équipe l’immense majorité des téléphones dans le monde, n’équiperait plus les futurs smartphones du groupe chinois.

Un coup très dur pour le géant de Shenzen, qui pourrait avoir du mal à vendre ses téléphones sans de populaires applications comme Maps, Gmail ou YouTube.

En réaction, Huawei travaille sur son propre système concurrent, HongMeng, qui pourrait être prêt en Chine avant la fin de l’année, a rapporté jeudi le média d’information financière CNBC, citant Richard Yu, un haut responsable de Huawei.

A l’international, le système serait disponible en début d’année prochaine, selon la même source.

« Si Huawei accélère le développement de son propre système d’exploitation, vu la taille conséquente du marché chinois », il pourrait s’en sortir, souligne pour l’AFP l’analyste financier Hiroyuki Kubota, spécialiste des tensions commerciales sino-américaines.

La recrudescence des tensions commerciales affectait jeudi les marchés: Hong Kong a perdu 1,58%, Shanghai 1,35% et Tokyo a perdu 0,62%, tandis que les places européennes évoluaient en nette baisse dans la matinée.

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