La vente des casinos : un cadeau préélectoral « aux petits copains »

  • La Casino Employees Union s’élève contre les propos insultants du PM concernant les salaires employés puisés de l’argent des contribuables

La résistance s’organise au niveau de la Casino Employees Union (CEU) depuis l’annonce de la vente des Casinos de Maurice par le Premier ministre, Pravind Jugnauth. Le syndicat affirme que les casinos ne roulent pas à pertes, mais souffrent de la politique fiscale du gouvernement. En dépit de cela, les quatre casinos ont enregistré un “turn over” de Rs 1,7 Md de 2010 à 2019, soutient la CEU, qui estime que la vente est un « cadeau » aux bailleurs de fonds en vue des prochaines élections. Les employés se disent également offensés par les propos du Premier ministre à l’effet que leurs salaires sont puisés de l’argent des contribuables.

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De 2010 à 2019, les quatre casinos, regroupés sous les Casinos de Maurice, ont réalisé un chiffre d’affaires de Rs 1 701 170 737, sur lequel l’État impose une taxe de plus de 50%. En sus de cela, il y a une “gaming tax” de 15%. Le permis d’opération s’élève, lui, à Rs 3,5 M par casino par an, tandis que pour les machines à sous, la contribution est de Rs 125 000 par machine par an. Les Casinos de Maurice en comptent 300 en tout. « Cela donne une idée de la contribution des casinos dans les caisses de l’État, sans compter nos contributions individuelles à l’Income tax. Et on trouve les moyens de venir dire que notre salaire est puisé de l’argent des contribuables. C’est une insulte aux travailleurs des casinos », déplore Amit Bhoojedhur, secrétaire de la CEU.

Ce dernier estime que la décision de vendre les Casinos de Maurice relève d’une « hypocrisie » du gouvernement. « Avant les élections de 2014, ils avaient dit qu’ils n’allaient pas vendre les casinos. À une question parlementaire l’année dernière, on avait dit qu’il n’était même pas question de privatiser les casinos. Aujourd’hui, on change de discours. C’est de la pure hypocrisie. » Pour Amit Bhoojedhur, cette décision a été « préméditée ». Il en tient pour preuve la présence des « bailleurs de fonds » des partis au pouvoir aux casinos depuis quelque temps. « En 1989, on avait pris la décision de nationaliser les casinos et c’est 30 ans après qu’ils découvrent que ce n’est pas le rôle du gouvernement de gérer des casinos. »

La CEU maintient que les casinos ne roulent pas à pertes, mais sont victimes de la politique fiscale du gouvernement. « Selon les chiffres officiels, de 2001 à ce jour, les casinos ont contribué à hauteur de Rs 5,1 Mds dans les caisses du gouvernement. » La taxe de 10% sur les gains serait également une raison qui fait fuir la clientèle, selon le syndicat. De plus, la CEU se demande pourquoi vendre les casinos s’ils ne sont pas profitables. « Qui voudrait acheter quelque chose qui n’est pas profitable ? N’est-ce pas plutôt un cadeau préélectoral qu’on veut faire aux petits copains ? D’ailleurs, on se demande si les mêmes taux seront appliqués pour les différentes taxes une fois que les petits copains auront pris la relève. »

Avec cette vente, le syndicat craint pour la sécurité d’emploi des 650 employés. Rajen Gopaul estime que les politiciens sont responsables de la situation aux Casinos de Maurice. « On veut prendre les biens de l’État pour payer les dettes. Chez SMS Pariaz, la licence pour les machines à sous est de Rs 10 000 et pour nous, c’est Rs 25 000. Les nominés politiques ne se battent pas pour les intérêts des casinos. »

Le négociateur Ivor Tan Yan avance, lui, que les patrons de SMS Pariaz et du Caudan Waterfront, Michel Lee Shim et René Leclézio, seraient déjà prêts à reprendre les casinos de Curepipe et Port-Louis  respectivement. Il dénonce le fait que le gouvernement cherche à vendre un bien commun alors que des syndicalistes comme Jack Bizlall « se sont battus pour que les travailleurs aient des conditions décentes ». Et de poursuivre : « Partout où il y a des syndicats forts, comme à Air Mauritius ou au CEB, on trouve un moyen de faire une compagnie privée pour casser la force du syndicat. On l’a fait également avec le casino de Grand-Baie. »

Ce dernier regrette que les lettres écrites à différents ministres des Finances en vue de trouver des solutions depuis 2010 n’aient eu aucun retour. Il se demande pourquoi on a fermé 17 casinos pour donner des permis à une vingtaine de “gaming houses” à travers l’île, sans compter l’arrivée du PMU et les deux tirages du loto. La CEU appelle ainsi à la mobilisation. Une manifestation anti-privatisation est prévue à Rose-Hill ce 31 août. Elle débutera aux arcades rond-point, près du bureau de poste.

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