L’après réveillon

— Ah, ben. Tu as dû avoir un mari de réveillon de Noël chez toi, avec ce temps-là ?
— Oui, il n’y a pas à dire, le temps était beau. Exactement le contraire de ce que la météo annonçait et qui m’a donnée une crise de stress, toi. Imagine si les prévisions de la météo avaient été vraies, toi. Qu’est-ce qu’on aurait fait ?
— Tu sais depuis les grandes inondations de Port-Louis ; tu te rappelles, je suis arrivée à la conclusion qu’il faut écouter les prévisions sans plus, comme les horoscopes…
— Si j’avais écouté les prévisions, j’aurais carrément annulé le réveillon chez moi.
— Heureusement que tu n’as pas fait ça. Alors comment ça s’est passé ton réveillon en famille ?
— Très, très bien, du commencement jusqu’à vers la fin.
— Tout le monde était content alors.
— Oui, oui. Même la cousine de mon mari, cette cuscutte qui tire l’ail sur tout et sur rien, était contente. Il avait de quoi. Tu sais qu’elle vient de devenir végétarienne.
— Ne me dis pas. Depuis quand elle est veg ?
— Depuis qu’elle a vu je ne sais quel programme à la télévision ou lu un article dans un magazine.
— Mais c’était un barbecue ton réveillon, qu’est-ce que tu lui as donné à manger, comme ça ?
— J’ai fait faire des légumes et du poisson grillé pour elle. Je peux te dire qu’elle était mari contente. Même si à mon avis elle regardait la viande grillée avec du regret dans les yeux.
— Pas chic, toi. Si elle a envie d’être veg, elle a le droit, non ?
— Moi je crois qu’elle fait ça juste pour suivre la mode.
— C’est son affaire avec elle. Pourquoi tu as dit que ton réveillon s’est très bien passé jusqu’à vers la fin.
— Ayo. Qu’est-ce que je vais te dire, toi.
— Il y a eu une bagarre entre les invités ? Tu sais ça arrive souvent dans les fêtes de famille.
— Non, toi. C’était pire. J’ai été humiliée dans ma propre maison.
— Je parie que c’est ta belle-mère et ta belle-sœur !
— Banker, toi. Ce sont elles, ces couleuvres, un jour, tu verras, elles vont devoir payer pour tout ce qu’elles ont fait.
— Qu’est-ce qui s’est passé comme ça ?
— C’est vers la fin de la soirée que j’ai découvert que malheureusement feu ma grand-mère avait raison !
— Mais qu’est-ce que ta grand-mère, qui est morte depuis des années, a à faire avec ton réveillon ?
— Quand je suis mariée avec mon bonhomme, elle a dit que je ne devais pas entrer dans cette famille de… tu comprends ce que je veux dire ? !
— Ce que je ne comprends pas, c’est ce qui s’est passé vers la fin de ton réveillon.
— Ecoute, c’est simple, comme je devais un déjeuner à mes collègues de bureau je me suis dit qu’avec la nourriture qui allait rester du réveillon, j’allais pouvoir faire mon déjeuner.
— Tu allais avoir assez avec les restes pour le déjeuner ?
— J’avais tout calculé. Et même s’il manquait un peu j’allais prendre un peu de salade et de gadjacks.
— Vous étiez combien pour le réveillon et combien pour le déjeuner ?
— Pour le réveillon, on était vingt et pour le déjeuner dix, j’ai commandé un barbecue pour quarante personnes
— Vous étiez à 20 pour le réveillon et tu as commandé pour quarante ?
— Oui, parce que ça te revient moins cher quand tu commandes en gros. Mais elles ont su.
— Qui ça, elles ?
— Les couleuvres ! Ma chère belle-mère et ma garce de belle-sœur ! Je ne sais pas comment elles ont su que j’avais commandé pour quarante personnes. Sûrement quand elles ont téléphoné pour vérifier le prix !
— Qu’est-ce qui s’est passé alors ?
— Vers la fin du réveillon, elles sont venues dans la cuisine et se sont comportées, comment je vais te dire ça…
—… qu’est-ce qu’elles ont fait comme ça ?
— elles se sont comportées comme des… elles sont venues faire le partage de ce qui restait du dîner du réveillon, toi ! Elles avaient même apporté des containers en plastiques, toi. C’est tout juste si elles n’ont pas fait un inventé des bouts de viande, des rondelles de tomates et des feuilles de salade !
— Qu’est-ce qu’elles ont fait des restes du dîner ?
— je viens de te dire, foutour va ! Elles ont fait des containers pour chaque invité. Elles ont fait comme si j’allais voler leur manger !
— Sorry de te dire ça, bonne femme, mais les invités du réveillon avaient quand même payé pour le dîner, non ?
— Oui ils avaient contribué pour le dîner, mais c’est moi qui avait organisé et je n’ai pas demande de location, un salaire ou un cachet pour ça ! En tout cas ma grand-mère avait raison : ce sont de gens très ordinaires qui n’ont pas de manière ! Ce sont des chollos !

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