Le corona, Trumpito et les mexicanos

KHAL TORABULLY

Pendant ce temps, ce coronavirus met à l’index nos inepties, nos veuleries, nos racismes et volonté de rabaisser l’autre.
Aujourd’hui, je parlerai du corona comme démasqueur de la bêtise humaine.
Pour commencer, sachons que le corona a été créé en 1925 par le brasseur Cervecería Modelo. Je parle de la bière mexicaine, évidemment. Celle que les gringos aiment boire devant le soleil couchant à Acapulco. Pourtant, on peut aimer le corona et répandre un virus pire que le coronavirus, comme je m’en vais vous conter…
Dans l’histoire, on a souvent représenté l’autre comme porteur de maladie, d’épidémie…
L’autre peut, en effet, vous contaminer.
Cela suffisait à mettre le coolie, par exemple, en quarantaine ou en prison. Au nord de l’île Maurice, l’île Plate porte cette mémoire du confinement sélectif.
La maladie comme instrument de domination, d’asservissement. Triste humanité.
Cette fois, si la situation n’était pas dramatique, on partirait d’un grand éclat de rire.
Nous savons que Trump désignait les Mexicains comme des gens sales, des violeurs, suivant ses préjugés de riche WASP et issus de culture hyper libérale méprisante de l’autre. Mais, aujourd’hui, le corona tient sa revanche de Raspar Kapac. Il s’en pourlèche les babines saupoudrées de tabasco et de maïs au fromage fondu.
En effet…

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Ce sacré virus est un puissant retour de bâton sur la tête des racistes, c’est leur poil à gratter. Ici, cette fois, ce sont les Mexicains qui manifestent contre les yankees, les accusant de répandre le virus dans leur pays… Ce risque est réel, au vu des mouvements de population en Italie et en France, par exemple, comme vecteurs majeurs de la propagation fulgurante du virus. C’était aussi le cas quand les Chinois visitaient leurs proches pendant le Nouvel an chinois, voyageant par millions à travers le monde. Trump l’a ainsi appelé le « virus chinois », racialisant la pandémie et continuant sa guerre en reprenant des stéréotypes éculés sur les migrants asiatiques, notamment les coolies chinois.
Rappelons, cependant, que la grippe espagnole, d’origine chinoise, se répandit pendant un défilé de l’armée américaine à Philadelphie, contre les recommandations médicales. Le mouvement, le mouvement… Cette grippe, d’origine chinoise, muta aux USA.
L’armée américaine apporta la pandémie, qui fit 20 à 50 millions de morts dans le monde, dont 18 millions en Inde et 9 millions en Chine. On l’appela la grippe espagnole car l’Espagne, pays neutre pendant la Première Guerre mondiale, n’étant pas tenue au secret, publia librement sur ladite grippe. Macron a bien raison, le virus n’a pas de passeport…
Aussi, les Mexicains, dans un extraordinaire retournement des choses, voyant les yankees fuyant vers leur pays de sales, de violeurs, de brutes et de truands, pourraient regretter, finalement, de ne pas avoir financé le mur que le démagogue orange de la Maison Blanche voulait ériger contre les bronzés de l’autre côté du Rio Grande. C’est donc dans un des sept « pays de merde » que les yankees courent pour sauver leur peau de leur Trumpito, qui hier encore, fustigeait les gouverneurs des États de lui réclamer des respirateurs. Il leur a répliqué, avec sa moue de cul de poule incomparable, que cela coûtait trop cher. On l’aura compris, Trumpito sait compter ses poignées de dollars et pour un peso de plus, il préfère laisser le précaire sombrer dans la mort subite, ici, nom de bière belge… Ses acolytes, notez, je n’ai pas dit alcooliques, ont ajouté en chœur de cul de poule qu’ils préféraient sacrifier 2,5% de la population yankee pour relancer l’économie, pratiquant et eugénisme et darwinisme social, espérant secrètement que la mort faucherait davantage dans les sombres ghettos des noirs, des latinos, des asiates… Mais la réalité est qu’actuellement, les Mexicains ne se mouillent plus le popotin en traversant le Rio Grande à la nage, pour atteindre l’Eldorado des populistes yankees. Non, leur président, Andrés Manuel López Obrador, serait bien tenté de trinquer sa revanche, qui se boit aussi froid comme le corona, en balançant un décret que Fidel
n’aurait pas renié : YANKEES GO HOME.

Je me dis, non sans rire (macabre), que ce virus est redoutablement intelligent et il hait les cons avec ou sans corona, et comme le disait mon complice d’écriture, Albert Guignard, « on ferait bien de converser avec lui »…

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