LE COVID-19 ET LES MOSQUÉES : Préparons-nous à l’impensable !

KHALIL ELAHEE

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En Arabie, au berceau de l’islam, les prières en congrégation dans toutes les mosquées sont interdites sauf pour les deux lieux sacrés où des conditions absolument strictes sont imposées. Il en est de même pour plusieurs pays. Pour la première fois dans l’histoire, l’appel à la prière y annonce ‘Priez dans vos demeures’ à la place de ‘Venez à la prière (à la mosquée)’.
À Maurice, il faut se préparer à cette éventualité. La pratique de demander aux croyants de prier à domicile ou là où ils se trouvent était déjà en vigueur à l’époque du Prophète (paix soit sur lui) lorsqu’il faisait très froid le soir ou quand il pleuvait abondamment. Aujourd’hui, lorsqu’il est question de sauver des vies, elle devient une obligation.
Puisque des membres de la communauté musulmane sont particulièrement affectés par le diabète, l’hypertension et les maladies cardiovasculaires ; puisque des personnes âgées qui sont les plus vulnérables fréquentent les mosquées ; et puisque les lieux de prosternation peuvent être des foyers de transmission du virus tout comme les lieux des ablutions, laisser ouvertes les mosquées aux cinq prières quotidiennes en congrégation peut présenter un risque significatif à la santé publique. Il faut penser à envisager les mesures suivantes selon un calendrier à être finalisé par les responsables des mosquées et des associations :
1. Communiquer et expliquer la suspension temporaire des prières en congrégation. Cela s’appliquera à la prière du vendredi également, mais aussi probablement à la tarawih pendant le mois du Ramadan. Il faudra gérer avec bonne intelligence les divergences qui peuvent faire surface. Si certains au nom de leur foi pensent avoir le droit de mettre en danger des vies, il faudra avec fermeté les rappeler à leurs responsabilités. Une pédagogie graduelle et douce est possible si seulement nous nous y préparons dès maintenant.
2. Entretemps, les imams doivent garder les prières courtes et demander aux fidèles d’accomplir leurs ablutions à domicile et d’y faire les prières additionnelles. Les rangées doivent être espacées d’au moins deux mètres. Il faut demander aux personnes malades, par exemple ceux qui toussent, de ne pas se joindre aux congrégations. Se serrer les mains n’est plus une pratique islamique si nous risquons de contaminer notre prochain.
3. A Dieu appartiennent notre vie et notre mort. S’il y a des morts, les funérailles d’éventuelles victimes du COVID-19 se feront peut-être sans leurs proches qui seront en quarantaine ou en confinement. Les dépouilles seront soumises à des mesures de protection sanitaire. La prière funéraire pourra se faire sans la présence du corps, préférablement le plus tôt après l’enterrement, et sans la présence de trop de monde.
Un pressant appel aux responsables des mosquées et aux cadres associatifs musulmans de s’unir et d’œuvrer ensemble maintenant à établir un plan d’urgence de manière systématique afin de mettre en oeuvre les mesures susmentionnées ; toutes ces initiatives ne visent qu’une finalité : adorer l’Unique, en un temps anormal, mais dans la façon qui Lui plaît, en solidarité et au service avec tous nos semblables. Certes, à Dieu nous appartenons, et à Lui, certes, nous retournons…

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