Le cri du coeur de Rodrigues

Le chef commissaire de Rodrigues, Serge Clair, s’insurge contre un « sentiment d’exclusion » ressenti dans les îles en marge des célébrations du 50e anniversaire de l’indépendance du 12 mars

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Le chef commissaire de l’Assemblée régionale de Rodrigues, Serge Clair, a saisi l’occasion des manifestations officielles du 183e anniversaire de l’abolition de l’esclavage pour lancer un cri du coeur. Il s’est insurgé contre le « sentiment d’exclusion » ressenti chez les habitants des autres îles de la République en prévision des célébrations du 12 mars, marquant le 50e anniversaire de l’indépendance.

Il dit être le porte-parole des autres îles dans la mesure où « tout semble être concentré sur Maurice », avant de réclamer que les habitants des îles lointaines fassent « partie intégrante de ces événements républicains ». Il a annoncé qu’il compte se rendre à Maurice en vue de reprendre toute cette question avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le minister mentor, sir Anerood Jugnauth, de même qu’avec les autorités compétentes. Sans crier gare, Serge Clair, connu pour son franc-parler en faveur de Rodrigues, a vertement critiqué la façon de faire à Maurice, déclarant que cette dernière se doit d’adopter une politique des îles.

« Pourquoi les 50 ans de Maurice et non les 50 ans de la République ? N’y a-t-il pas d’autres îles qui constituent la République ? Ces autres îles de la République n’ont-elles pas de valeur ? Les habitants de ces îles n’ont-ils pas de valeurs ? Il est temps que les autres îles soient considérées comme faisant partie de la République de Maurice dans toutes les manifestations », a-t-il dit lors du dépôt de gerbes à Montagne- Cimetière, de même que lors de la cérémonie officielle au lieu de mémoire de l’Esclavage à L’Union.

Serge Clair a confirmé que, lors de son prochain déplacement à Maurice, il compte soulever la question avec la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim, et le Premier ministre. Il réclame un « changement de comportement et d’attitude » de la part de Maurice vis-à-vis des autres parties du territoire de la République. « Dans le passé, nous avons été maltraités, nous avons été traités de toute sorte de noms. Nous avons été traités d’incapables. Se enn mantalite di pase », a poursuivi le chef commissaire, en lançant un appel aux habitants de Maurice d’adopter une mentalité différente. « Partout au sein de la République de Maurice, il y a des hommes et des femmes qui mènent le même combat pour vivre heureux sur cette terre », a-t-il soutenu avec force.

Abordant le 183e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, le chef commissaire a déclaré que le 1er février symbolise « l’engagement que chacun de nous doit prendre vis-à-vis de son prochain ». Il poursuit : « Cette libération nous appelle à prendre des engagements vis-à-vis de nos semblables et d’autres peuples. » De son côté, Rose de Lima Édouard, commissaire des Arts et de la Culture, affirme que les sites de Montagne-Cimetière et de L’Union sont « des lieux de réflexion pour l’avenir ». Elle invite la population à « prendre ses responsabilités face aux nouvelles formes d’esclavage, qui guettent la société ». Pour elle, dans le monde entier, il y a d’autres formes d’esclavage. « An 2018, nou nepli gagn fwete, me nou gagn bann parol ki kapav bles nou, bles nou bann fami, bles nou lantouraz ek bles bann sitwayin an zeneral », déclare-t-elle. Elle a de même critiqué ceux qui utilisent les réseaux sociaux afin de blesser leurs semblables, « proférant des mensonges et faisant des jugements ». Et d’ajouter : « Ces pratiques appellent à une réflexion à l’effet que tout un chacun doit respecter la liberté des autres et promouvoir cette liberté. » La commissaire des Arts et de la Culture annonce que l’Assemblée régionale de Rodrigues viendra de l’avant avec un projet pour dresser un inventaire du patrimoine intangible à Rodrigues.

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