Le flou persiste au sujet des pressions exercées

La 22e audition de la commission d’enquête sur la vente de 23% d’actions de l’ex-BAI à Britam Kenya a vu la participation de six témoins hier, nommément Akilesh Deerpalsing, bras droit de l’ancien ministre Roshi Bhadain, Vidianand Lutchmeeparsad, secrétaire permanent au ministère des Finances, Saddul Gautam, ex-président du conseil d’administration de la NPFL, ainsi que Richard Lee Chung, Javed Suhotoorah et Shakuntala Gujadhur Nowbuth, trois ex-membres du conseil d’administration de la NPFL. À ce stade, soit après plus d’un an depuis que cette commission d’enquête existe, le flou persiste au sujet des pressions venant de l’hôtel du gouvernement sur ce dossier.

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D’entrée de jeu hier, Akilesh Deerpalsing a été appelé à la barre des témoins. Ce dernier avait déjà été interrogé par le président de la commission d’enquête, l’ancien juge de la Cour suprême Bushan Domah, et ses deux assesseurs, Sattar Hajee Abdoula et Imrith Ramtohul, en septembre der- nier. Bhushan Domah a voulu d’abord savoir, encore une fois, s’il avait participé aux négociations liées à la vente des actions de Britam Kenya. Le proche collaborateur de l’ancien ministre des Services financiers, Roshi Bhadain, a expliqué avoir participé à des réunions sur les dossiers BAI, maintenant qu’il n’avait pas participé aux délibérations sur le « Britam File » spécifiquement. Les échanges allaient toutefois prendre une autre tournure lorsque Bushan Domah lui a demandé d’où provenait la copie du procès-verbal qu’il avait remis à la commission lors de sa comparution l’année dernière.

Bushan Domah : Vous nous avez remis la même co- pie qu’Afsar Ebrahim (BDO). Comment l’avez-vous obtenue ?

Akilesh Deerpalsing :

J’ai lu dans la presse que lors de son audition, en août 2017, le Permanent Secretary du ministère des Finances, Vidia- nand Lutchmeeparsad, avait fait référence à une réunion de négociations tenue au Ke- nya. J’ai alors pris contact avec BDO pour que je puisse me préparer avant ma convocation qui était prévue ici. Et en l’ab- sence de Yacoob Ramtoolah, je me suis entretenu avec Afsar Ebrahim afin de comprendre qui avait demandé à ce hautfonctionnaire de se rendre à Nairobi.

BD : Vous avez donc deman- dé à Ebrahim de vous donner ce document ?

AD : Le contexte est tel que j’ai voulu comprendre ce qui s’est passé parce que je ne savais même pas que Lutchmeeparsad s’était rendu au Kenya pour des négocia- tions.

Sattar Hajee Abdoula :

En quelle capacité avez-vous demandé à BDO des docu- ments sur ce dossier ?

AD : In no capacity.

SHA : Cela n’a aucun sens. Dans ce cas, M. Deerpalsing, vous auriez pu appeler tous les témoins pour recueillir les documents en leur possession…

BD : Quelle est votre rela- tion avec BDO ?

AD:Iln’yenapas.

BD : Alors pourquoi leur de- mander des documents ?

SHA : You are here to assist us with what you know and not with what you didn’t know. You could have allowed BDO to do that.

Imrith Ramtohul : Est-ce une bonne pratique de la part d’un professionnel ?

Akilesh Deerpalsing tente encore une fois de justifier sa démarche tout en laissant entendre que compte tenu du fait qu’il y avait deux versions des procès-verbaux, il s’agit de « fradulent activities » qu’il compte dénoncer au CCID.

BD : Don’t feel cornered in any way. You must analyse the consequences of your acts. This is my kind advice.

Akilesh Deerpalsing est alors remercié et laisse la barre à Vidianand Lutchmeeparsad, lui aussi convoqué une nouvelle fois. Bhushan Domah lui demande des éclaircissements par rapport à la réunion du 11 novembre 2015 tenue au Kenya. Le président de la com- mission demande au témoin s’il peut produire le document qu’il avait évoqué lors de son audition d’août 2017. Le principal intéressé répond qu’il ne détient pas la copie originale, qu’il affirme avoir laissée à l’hôtel où il séjournait. Toute- fois, le haut fonctionnaire dit détenir un « extract » du document, qui constitue une « genuine copy ».

BD : Que s’est-il passé à la réunion au Kenya ? Y avait-il d’autres personnes au courant ?

Vidianand Lutchmeeparsad : Nous avons obtenu un accord qui équivaut à l’offre de MMI. Kris Lutchmeenaraidoo était présent ainsi qu’un cadre de BDO Kenya, un certain Sandeep Kapre, lors d’un dîner plus tard. Et ils étaient au courant.

BD : Quel genre de dîner était-ce ?

VL : Nous avons célébré notre succès.

BD : Les Kényans avaient accepté de payer le même prix d’achat pour les actions de Bri- tam que les Sud-Africains de MMI.

Le PS du ministère des Finances a affirmé qu’en rentrant au pays, la nouvelle avait été communiquée au ministre des Finances ainsi qu’au Financial Secretary Dev Manraj. Quant à Gautam Saddul, président du conseil d’administration de la National Property Fund Ltd, il s’est attardé sur l’agenda des réunions ayant trait à Britam.

BD : Pourquoi était-il urgent d’entériner la vente des actions de Britam ?

Gautam Saddul : L’action- naire majoritaire, qui est le gouvernement, avait approuvé cette vente.

BD : Comment avez-vous ap- pris cette décision ?

GS : Le ministère des Ser- vices financiers avait transmis l’information.

SHA : Qui avait demandé qu’on organise cette réunion ?

GS : BDO.

SHA : You cannot take ins- tructions. You make instruc- tions.

GS : BDO gérait le dossier BAI. Nous avions été mis de- vant un fait accompli.

S’ensuit alors l’audition d’un autre membre du conseil d’administration du NPF, la PAS Skuntala Gujadhur-Nowbuth, actuellement à l’Agro-industrie. « Il n’y avait eu qu’une réunion d’information et non de discussion sur la décision du principal actionnaire de Britam de vendre ses actions. We only took note », a-t-elle déclaré. Et d’ajouter qu’elle a ten- té de confirmer les décisions prises auprès du conseiller du ministre Bhadain, un dénom- mé Benito. L’autre directeur convoqué, Richard Lee Kim Chong, a indiqué que la NPFL avait des « unusual board meetings » dont les procès- verbaux n’avaient pas circulé. Le témoin a affirmé que des membres du conseil d’administration et lui-même ne voulaient pas approuver certaines décisions. Il a laissé entendre que BDO et les conseillers du ministre Bhadain, dont un certain Fadil Ramjanally, exerçaient des pressions. Quant à Javed Suhotoorah, il a abondé dans le même sens en indiquant toutefois qu’il avait cette urgence de rembourser les po- lices d’assurance.

 

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