Le ménage dans la kwizinn

On le dit depuis des mois: les stratégies de la kwizinn en faveur de Pravind Jugnauth finissent souvent par se retourner contre lui, comme un boomerang. Dernier exemple en date: le rejet des accusations de la police contre Navin Ramgoolam dans l’affaire des coffres-forts.

- Publicité -

Des accusations “vagues et incertaines”, selon les magistrats de la Cour intermédiaire. Averti de la possible conclusion négative de la Cour, Pravind Jugnauth a préféré anticiper la date des élections pour ne pas pâtir du blanchiment légal de son principal ennemi. Cette affaire, comme beaucoup d’autres,  faisaient partie de la “stratégie” concoctée  pour débarrasser Pravind Jugnauth de tous ceux qui pourraient lui barrer la route aux élections des 2019, l’accent étant mis sur le principal et le plus redouté d’entre eux, Navin Ramgoolam. Tout a été tenté pour essayer de débarrasser Pravind Jugnauth de son principal rival au poste de Premier ministre dans le cadre de cette guerre pour le pouvoir qui oppose, depuis cinquante ans, les Jugnauth et les Ramgoolam.

Cette “stratégie” qui n’a pas lésiné sur les moyens et l’utilisation à outrance des leviers de l’appareil d’État — plus particulièrement ceux de la police — n’a pas été toujours couronné de succès. Dans certains cas,  elle s’est même retournée contre celui qui devait en bénéficier directement. Rappelez-vous  la première étape de cette stratégie : la saisie des coffres-forts grâce à la trahison de celui qui est depuis devenu le blue eyed boy orange.

Au mépris de tous les règlements sur le secret de l’instruction, la MBC fut invitée à couvrir l’arrestation aux Casernes centrales lors de la désormais célèbre séquence de la chemise froissée. Le ministre de la Justice — qui, par définition, ne doit pas se mêler du travail de la police —avait offert de venir compter les billets de banque contenus dans les coffres. Puis il y a eu les accusations logées contre l’ex-PM, son séjour en prison pour une accusation provisoire. Alors que plus tard, le No. 3 du gouvernement — qui avait publiquement déclaré que s’il avait un révolver, il aurait tiré sur le leader de l’opposition — fut convoqué, selon sa disponibilité, aux Casernes centrales, et non pas arrêté par le col de sa chemise comme un vulgaire malfrat.

Avant, dans ce feuilleton politico-judiciaire, il y eut l’épisode digne d’un film burlesque au cours duquel trois ministre et avocats ont séquestré, au domicile de l’un d’entre eux, deux ressortissants étrangers pour leur faire avouer des malversations dont l’ex-PM aurait été complice. Ces trois avocats ministres, qui se prenaient pour des limiers et voulaient cuisiner les prétendus suspects, ne réussirent qu’une chose dans cette opération: se couvrir de ridicule en se faisant surnommer les mauvais inspecteurs gadjets! Il y eut ensuite— en anticipation des retombées de l’affaire Medpoint — la tentative de faire arrêter le DPP à son domicile au petit matin, toujours devant les caméras de la MBC. Il aura suffi pour cela d’une déclaration de deux ministres aux CCID — dont la rapidité d’exécution battit tous les records — et de la signature d’un magistrat complaisant pour monter cette opération qui n’aboutit pas et se retourna contre l’État. On entendit ainsi le Commissaire de Police admettre en Cour suprême qu’il n’était pas au courant de décisions prises par les enquêteurs du CCID dont il est le responsable hiérarchique. Et vendredi dernier, la Cour intermédiaire a rayé les accusations du dernier des 12 procès instruits par la police contre Navin Ramgoolam. C’est dire à quel point la stratégie mijotée dans la kwizinn était bonne pour Navin Ramgoolam. En effet, fragilisé par sa défaite électorale – ainsi que son comportement au centre de dépouillement – et celle de son alliance, et contesté au sein de son propre parti, le leader du PTr semblait avoir touché le fond. Et puis, le jugement de la Cour intermédiaire découlant de la “stratégie” mise au point pour se débarrasser de lui a eu l’effet d’un sérum. Du coup, il envisagerait même de faire démissionner un élu PTr pour provoquer une élection partielle, afin de pouvoir poser sa candidature et se faire élire — sans raconter ses histoires de “catori”, cette fois — en prouvant que le vieux lion est toujours vivant.

La politique mauricienne ressemble aux feuilletons indiens ou brésiliens : c’est quand on croit que l’on s’achemine vers la fin que survient le coup de théâtre qui remet tout en question. On affirme que Pravind Jugnauth est en train de mettre de l’ordre dans sa maison politique et de se débarrasser de ceux qui ont, d’une façon ou d’une autre, nui à la bonne image du gouvernement. Au vu de ce qui s’est passé cette semaine en Cour  intermédiaire, il aurait également intérêt à faire le ménage dans la kwizinn.

 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour