Le MMM pour l’abolition du droit aux parents de consentir au mariage de leurs enfants

Pour le maintien, par contre, du droit à un juge de permettre le mariage d’enfants de cette tranche d’âge si la situation l’exige
Gender Equality Bill : « Les transgenres ont aussi des droits »

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En marge de la présentation prochaine du nouveau Children’s Bill, Paul Bérenger, leader du MMM, réitère la demande de son parti pour l’abolition de la dispense qui permet jusqu’ici le mariage de mineurs âgés entre 16 et 18 ans avec l’accord de leurs parents. Le MMM est en revanche partisan du maintien de la disposition du Code civil qui accorde le droit à un juge en Chambre de permettre à des jeunes de cette tranche d’âge de se marier si cela est dans leur intérêt, indique le leader de ce parti.

Paul Bérenger est d’avis que cette année 2020 sonnera l’heure de vérité au plan économique. Alors que, dit-il, de nombreux partenaires de Maurice sont économiquement menacés, des secteurs productifs de l’économie nationale, dont l’industrie sucrière, le textile/habillement, le tourisme et le secteur financier, passent par des moments difficiles.

Sonnera aussi, bientôt, selon le chef de file des mauves, l’heure de vérité pour l’endettement du pays ainsi que pour la fiabilité financière du projet Métro Express.
Sur le dossier des Chagos, Paul Bérenger estime nécessaire que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, fasse une déclaration dans le meilleur délai à l’Assemblée nationale en vue d’informer clairement la population de ce que le gouvernement compte dorénavant faire. Il rappelle à ce propos les options jusqu’ici évoquées. Celles-ci portent notamment sur la possibilité de l’affrètement d’un navire en vue d’un voyage de protestation contre l’occupation britannique de l’archipel mauricien démembré. Une autre option évoquée porte sur un recours éventuel à la Cour Pénale Internationale (CPI) en vue d’un procès pour « crime contre l’humanité » à l’encontre des Britanniques dans l’affaire de déportation inhumaine du peuple chagossien.

Par rapport au Children’s Bill, le leader du MMM soutient que son parti a toujours été en faveur d’une loi « moderne et intégrale ». Il rappelle que, déjà, en septembre 2019, il était question qu’une mouture initiale soit présentée par la précédente ministre responsable des Droits et du Développement de l’Enfant, Fazila Daureeawoo, en remplacement de la Child Protection Act. ll explique que, dans l’intervalle, l’African Committee of Experts on the Welfare of the Child, une émanation de l’Union africaine (UA), a adressé une correspondance aux autorités sous forme d’un « urgent appeal » par rapport à la question précise de l’âge limite légal au mariage civil. Et que ce comité d’experts africains a plaidé pour que le projet de loi initial soit abandonné et remplacé par un nouveau.
« Volonté de bien faire mais…  »

Si le chef de file des mauves reconnaît à la nouvelle ministre, Kalpana Koonjoo-Shah, « une volonté de bien faire », il regrette quand même que celle-ci procède, selon lui, avec beaucoup trop de précipitation. Paul Bérenger trouve à ce propos que toute la question de l’âge légal limite au mariage est « un sujet très délicat » qu’il convient d’aborder avec doigté dans la sérénité. Il rappelle que, valeur du jour, si le Code civil fixe déjà à 18 ans l’âge légal pour se marier, une disposition de la loi permet quand même à des jeunes de 16 à 18 ans de se marier dans deux cas précis. D’abord, dans le cas où un tel mariage bénéficie de l’accord des parents des enfants concernés. Ensuite, dans le cas où un juge en Chambre accorde une dispense de l’âge limite légal après qu’il aura jugé qu’il est dans l’intérêt des mineurs concernés qu’ils soient mariés.

Paul Bérenger rappelle que si dans la mouture initiale de septembre 2019 le projet de loi n’avait proposé aucun changement aux dispositions existantes du Code civil, le MMM était, lui, par contre, favorable pour qu’on élimine le droit jusqu’ici accordé à des parents de consentir au mariage de leurs enfants mineurs âgés entre 16 et 18 ans. La raison : prévenir que cette dispense serve de prétexte à des mariages forcés contre le bon vouloir des enfants concernés. Le leader du MMM indique, en revanche, que son parti est favorable au maintien de la disposition qui accorde le pouvoir à un juge en Chambre d’accorder une dispense pour que des mineurs entre 16 et 18 ans puissent se marier. Et cela, si seulement, après enquête, le juge en question arrive à la conclusion que c’est dans l’intérêt des mineurs qu’ils puissent se marier. « Mais le MMM demeure open-mided », précise Paul Bérenger.

Il rappelle à ce propos que la ministre de tutelle de même que l’Ombudsperson for Children, Rita Venkatasamy, semblent toutes deux favorables à ce que la disposition du Code civil qui permet que les deux catégories de dispenses soient éliminées. Cela dit, le leader du MMM appelle le gouvernement à faire circuler les amendements qui seront apportés par rapport au mariage religieux si l’intention est, effectivement, d’interdire dans tous les cas les mariages en dessous de 18 ans.

« Pour un débat sérieux »
Dans le même ordre d’idées, Paul Bérenger évoque l’âge minimal pour les relations sexuelles. Alors que, rappelle-t-il, la limite est jusqu’ici de 16 ans, il souligne qu’il semble à première vue que le gouvernement veuille là encore porter ce seuil à 18 ans. « Il nous faut un débat sérieux sur tout cela », indique le chef de file des mauves. D’où son insistance, sur cette question aussi, pour que le phrasé de la disposition afférente du projet de loi soit circulé.

L’âge limite de la responsabilité dans les affaires criminelles est aussi abordé par Paul Bérenger. De même que l’âge limite pour obtenir le droit de travailler. Parallèlement à la nouvelle Children’s Act, le leader du MMM évoque le projet d’un Gender Equality Bill. Il souligne qu’un tel projet de loi va au-delà de la simple question de parfaire l’égalité hommes-femmes. Il évoque à ce propos le cas des transgenres. Il fait référence au Transgender Rights Bill actuellement en débats devant le Parlement indien. Paul Bérenger souligne que, selon les estimations, il existerait quelque 400 000 personnes faisant partie de ce groupe en Inde. Le chef de file des mauves évoque de même un autre cas, celui de l’Australie, où depuis 2003, il est possible pour des personnes ne se déterminant ni « male » ni « female » d’exiger que l’inscription « indeterminate » soit apposé sur leur certificat de naissance.

De la même manière, indique Paul Bérenger, dans ce pays, les personnes transgenres peuvent opter pour le genre X sur leur passeport. Le leader du MMM rappelle que, dans le même esprit, la directrice de Gender Links à Maurice a demandé que les droits des personnes transgenres soient tenus en compte lors de la rédaction du Gender Equality Bill. Le leader du MMM estime que, dans ce cas encore, il convient de faire circuler le projet de texte de loi dès qu’il aura été rédigé. Interrogé quant au point de vue du MMM sur la question du respect des droits des personnes transgenres, Paul Bérenger devait expliquer que son parti, qui respecte le droit de chacun d’avoir des convictions religieuses de son choix, respecte dans le même esprit le droit de citoyen à sa vie privée. « Il y a des réalités et ces personnes ont tout aussi des droits ».

BOYCOTT DU DISCOURS-PROGRAMME : « Rien d’illogique dans cette action »
« C’est peut-être une cote mal taillée, mais je ne trouve pas illogique que le MMM n’assiste pas à la lecture du discours-programme à l’Assemblée nationale vendredi prochain par le nouveau président de la République tout en participant, subséquemment, aux débats sur ce discours-programme. » Propos du leader du MMM hier matin à sa conférence de presse. Pour lui, la raison de ce boycott de la lecture du discours-programme est évidente : les conditions dans lesquelles se sont déroulées les dernières élections générales avec ce qu’il persiste à présenter comme « des abus en tous genres ».

Il évoque notamment à ce propos le « rôle » de la MBC/tv, le « money politics » et le fait que les noms de plusieurs personnes n’ont pas été inscrits sur les registres électoraux. Tout cela fait que, selon Paul Bérenger, les législatives du 7 novembre de l’année dernières n’étaient pas « free and fair ». « Adding insult to injury », le chef de file des mauves évoque ce qu’il considère comme « le recours du MSM à des tactiques dilatoires » pour, selon lui, retarder au maximum les travaux de la Cour suprême sur les pétitions électorales déposées d’un commun accord par l’opposition parlementaire.

À un journaliste qui lui faisait quand même remarquer qu’il prenait soin de ne pas aller jusqu’à dire, comme le leader du PTr, Navin Ramgoolam, que ces élections générales avaient été « truquées », Paul Bérenger devait répondre : « Ramgoolam et moi, nous ne sommes pas sur la même longueur d’onde sur tout. » Tout en assurant qu’il y a quand même un « désir de collaboration » entre les trois partis de l’opposition parlementaire (MMM, PTr et PMSD), le leader du MMM précise toutefois qu’à ce stade, cette volonté de collaboration ne se limite qu’au niveau d’une synchronisation des actions à l’Assemblée nationale seulement.

Le chef de file des mauves a été interrogé pour savoir s’il ne pensait pas que la population, qui a à l’oeil les grosses rémunérations perçues par ses élus, n’avait pas marre de les voir recourir systématiquement à des walk-outs et autres boycotts. Il devait simplement répondre qu’il ne voyait rien « d’illogique » de ne pas être présent pour la lecture du discours-programme, même si l’opposition sera là pour les débats.

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