Le mystère de la déportation de Shameem Onenonly

Le Mauricien Shameem Korimbocus, connu sur le réseau social comme Shameem Onenonly, tente de comprendre qui est derrière sa déportation de Dubaï depuis le début de cette semaine. Après avoir passé le début de la semaine dans un centre de détention de ce pays, il a atterri à Maurice en compagnie de son fils de 11 ans. Son épouse est restée derrière lui et Shameen Oneonly n’a d’autre choix que de refaire sa vie dans son pays natal, même si son fils n’arrive pas à s’adapter à ces nouvelles conditions du jour au lendemain.

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Se confiant à Week-End, hier, Shameem Oneonly, connu pour ses publications satiriques sur les réseaux sociaux, affirme que les circonstances dans lesquelles il s’est retrouvé en début de semaine l’ont forcé à acheter son billet retour au pays. “Si mo pa ti aste mo biye, zot ti pou ferm mwa pou enn duree indeterminée. Met ou dan mo plas, ki ou ti pou fer?”, relate le Mauricien de 47 ans.

Tout a recommencé lundi dernier lorsqu’il a reçu un appel téléphonique pour se présenter au poste de police d’Al Rashidiya. Il affirme qu’en se rendant sur les lieux, les officiers ont procédé à des vérifications sur lui pour savoir ce que les autorités lui reprochaient mais qu’il n’y avait aucune information d’infractions commises par lui sur le système informatique des forces de l’ordre. Il ajoute que les officiers des services secrets de Dubaï se sont présentés à Al Rashidiya et l’ont embarqué dans un véhicule. “Mo finn demande ki pe arivé. Zot finn zis dir mwa mo bizn vin ek zot”, poursuit Shameem Korimbocus.

Shameem Onenonly affirme qu’une fois à bord d’une 4×4 de couleur noire, il a été encagoulé par les agents des services secrets et conduit au centre de détention d’Al Awir. Il raconte que personne ne voulait lui expliquer ce qui se passait et qu’il a été sommé de remettre ses effets personnels aux officiers de prison.

“Zot finn met mwa dan enn gran la sal kot ena plizir detenus. Plis ki 100 lili ena. Li kouma enn gymnaz ek zot finn ferm mwa ansam ek ban lezot dimounn depi ban lezot pei”, explique le facebookeur. Il déclare avoir seulement pu informer son épouse qu’il a été placé en détention par le téléphone de la prison, avec la permis- sion des autorités. Shameem Korimbocus dit avoir passé les nuits de lundi et mardi à ce centre de détention et que ce n’est que mercredi qu’on lui a proposé d’acheter son billet s’il ne voulait pas y rester plus encore, le temps que durent les procédures pour son rapa- triement à Maurice. “Mo garson dependant lor mwa. Donc, li oci bizin retourner”, affirme-t-il. C’est ainsi que, selon lui, il a pu demander à son épouse de faire le nécessaire.

Rentrés à Maurice jeudi matin, père et fils ont posé leurs valises chez leurs proches. “Ou kwar mo ti kontan pou là?”, dit- il à Week-End. Le principal concerné déplore l’inaction des autorités locales pour connaître les vraies raisons de cette déportation. “Kot nou minister zafer etranzere? Kot nou ban kontak diplomatik? Kifer zot pa pé intéressé koné ki finn arrivé dan mo cas? Kot minister la fami ek drwa zanfan? Kot Ombuds- person for Children?”, sont autant de questions que se pose Shameem Korimbocus. Selon lui, son fils de 11 ans est abattu par les événements. “Zedi, mo garson ti korek. Aster lin komans ploré parski li ti pe al lekol laba. Li éna so ban profeser, so ban kamarad, so zoizo, tou finn ress laba. Mo leker fermal kan mo get li”, confie-t-il.

Au niveau des autorités locales, on se dédouane de cette affaire et au Prime Minister’s Office dont dépend le Passport and Immigration Office, on laisse entendre que quelqu’un qui se fait déporter ne peut pas acheter son billet, et on renvoie la balle aux autorités dubaiotes.

Démêlés aves les autorités

Pour sa part, Shameem Oneononly affirme que depuis novembre 2018, soit quand il avait eu des démêlés aves les autorités à Dubaï, il n’a rien publié contre le gouvernement mauricien sur la toile. Sauf, selon lui, il avait fait circuler les posts en relation avec le vidéo-montage de Honour Killing, provoquant la controverse autour du ministre du Tourisme, Anil Gayan. Ce dernier avait d’ailleurs ciblé le facebookeur sous l’immunité parlementaire en juin dernier lors des débats budgétaires.

Pour l’heure, les raisons liées à cette déportation demeurent officiellement inconnues.Ce- pendant, certaines sources proches du pouvoir affirment qu’au PMO on prépare une réplique aux critiques et que « les vraies raisons, d’ordre privé », qui seraient à l’origine de l’expulsion du Mauricien pourraient être dévoilées. A cela, le député PTr Shakeel Mohamed, qui se présente comme “un ami et avocat” de Shameem Korimbocus, dit savoir, récuse les arguments de la réplique annoncée par le MSM et évoque un manque de respect et une insulte pour Dubaï que de penser que son client a été expulsé pour des raisons que veut faire croire le PMO. L’avocat explique que les autorités d’Abu Dhabi ont confirmé qu’elles n’ont initié aucune enquête et qu’il n’existe aucune affaire civile ou criminelle contre son client.

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