LEADERSHIP ANDREW BRYANT : « Another stupid consultant? »

C’est avec décontraction et humour que la pointure du « self-leadership » Andrew Bryant a gagné le public d’invités de la MCB à St-Jean lors de son dernier Business Meeting hier. Anticipant jusqu’aux a priori de ceux conviés, et en vulgarisant au possible des notions « psychologisantes », il aura su faire applaudir le public, le faire se lever comme un seul homme, rire… En un mot, l’éduquer. « Usually people say: another stupid consultant? » avait-il lancé en guise d’introduction.
Encore et toujours ces consultants en leadership… On en aura vu défiler dans l’île depuis quatre ou cinq ans. Ils sont anglophones pour la plupart, venus des Etats-Unis ou d’Australie, des pays neufs. Andrew Bryant, pointure du self-leadership, coche parfaitement les cases du gourou du leadership attitré et médiatisé. La technique, semble-t-il, est bien rodée : condenser des bribes de sagesses d’ici et là et les adapter au monde du business. Sont notamment nécessaires pour cela un bon sens de la formule, une diction entraînante et une manière de débiter les anecdotes. Ces aptitudes sont le fort d’Andrew Bryant. Il donnait une conférence hier après-midi à la MCB de St-Jean dans le cadre des Business Meetings de l’établissement bancaire. Mais quoi de neuf ? L’enseignement n’a rien de nouveau. Pour les initiés business, ce sera toujours du Pavlov et Kaizen, notamment. Mais Andrew Bryant a le talent pour inspirer son public, touchant aux vérités les plus subtiles de la société mauricienne.
Pour être un self-leader – c’est-à-dire, au sens littéral « s’entreprendre » – il faut savoir accepter le feedback, refuser le « pa mwa sa li sa », devenir des individus responsables comme dans «  response-ability ». Mais plus important encore : « Devenir des business agents qui croient en l’activité qu’ils font, qui se donnent des objectifs et qui les méditent au plus profond d’eux-mêmes ».
« How do you think I can manage to speak in public for nearly an hour without reading my notes? It’s because I have been thinking this through in my shower this morning! » – commentaire qui n’a pas manqué de faire sourire le public. Ce qui accroche, par delà les techniques « psychologisantes » employées, c’est la très bonne connaissance de la culture mauricienne, sur laquelle il plaisante aussi. « You guys are so used to say: that’s not part of our culture… » Mais encore, quelle est-elle, cette culture ? Une mauvaise habitude à comply, à suivre « bêtement » sans se poser de questions. Exemple : M. Bryant demande à trois membres du public qu’ils leur donnent chacun un objet de luxe : une montre, des anneaux, un stylo. Et même si la demoiselle aux anneaux avoue, une fois appelée sur le podium, qu’il s’agit « d’un présent à valeur sentimentale », elle n’a pas hésité à les passer à Bryant. « How come can you just pass them over to me without questioning? » Morale de l’histoire : nous avons été éduqués à obéir aveuglément sans faire valoir notre « espace vital » et les « objets qui y appartiennent ».
De là découle inévitablement une incapacité à dire « non ». Et là, « debout tout le monde » ! Le cantor fait la clientèle business de la MCB crier comme un seul homme : « No! », « That’s mine! ».
Autre enseignement : « Decision comes from the same latin root as incision. The decision needs to cut through…». Des paroles qui tranchent singulièrement avec la culture du « bizin fer plezir toultan ». Bryant invite l’auditoire à « prendre possession » ( « take ownership » ) des sentiments, de pouvoir dire : « These are MY thoughts, MY feelings, MY actions, MY  voice ». Et d’ajouter : « Your yes needs to mean yes. Your no needs to mean no. »

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