Les élections générales sont écrites sur les murs

Les élections générales sont derrière la porte. En vérité, tout concourt à démontrer que l’élection partielle prévue au No 7 n’aura pas lieu et que nous nous acheminons allégrement vers les législatives beaucoup plus tôt qu’on aurait pu le penser. Il ne serait pas impossible que les séances parlementaires de cette semaine soient les dernières de l’actuelle législature et que les vacances parlementaires d’hiver ne déboucheront pas sur la rentrée, au mois d’octobre, mais sur les élections générales. L’Assemblée nationale aura été déjà dissoute bien avant.

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Selon les termes de la Constitution, l’Assemblée nationale « stand dissolved » automatiquement le 22 décembre, soit exactement cinq ans après le début de la session parlementaire de 2014 suite à la victoire de l’Alliance Lepep aux élections générales, le 10 décembre de cette même année. Pendant quelque temps, on a cru que le Premier ministre choisirait de rester au pouvoir pendant quelques mois à la tête d’un “caretaker government”, le temps de compléter tous les travaux d’infrastructures majeures.
Or, les activités politiques, qui étaient déjà en cours à travers l’île, sont passées à la vitesse supérieure après le succès qu’auront connu les Jeux des îles de l’océan Indien. Le meeting public organisé à Rivière-du-Rempart organisé par le MSM a été présenté officiellement comme le lancement de la campagne électorale. À la lumière des manœuvres politiques en cours, le leader du MMM a suggéré que les élections aient lieu avant décembre et a annoncé que la liste de 60 candidats de son parti est pratiquement prête et qu’il ne restait que quelques sièges à régler.

Alors que l’arrivée des élections est écrite sur les murs, nous assistons à une guerre psychologique intense au sein de la classe politique. Les réactions, après l’interprétation d’une déclaration de Pravind Jugnauth, faite à Rivière-du-Rempart, comme un défi lancé à Navin Ramgoolam pour un face-à-face avant les élections générales, en fait partie. Le leader du Ptr a saisi l’occasion pour exercer immédiatement une forte pression sur Pravind Jugnauth en l’invitant à un débat public « le plus vite possible ». Toutefois, alors que la pression commençait à prendre de l’ampleur, le Premier ministre a remis sa déclaration en perspective en expliquant qu’il n’a jamais été question de face-à-face avec Navin Ramgoolam, mais avec les principaux prétendants au poste de Premier ministre en marge des élections générales. Il a accusé la presse d’avoir mal interprété ses propos. En vérité, n’importe quel journaliste qui l’aurait entendu, au milieu des bruits de vuvuzelas et de tambours, parler de face-à-face et de défi de Navin Ramgoolam, et d’élections générales, aurait pu arriver à la même conclusion sur le moment, d’autant qu’un face-à-face entre le Premier ministre et tous les prétendants à ce poste lors des élections n’avait aucune valeur informative. Mais il a fini par dire, lors d’une déclaration à la presse, qu’il avait parlé de face-à-face avec Navin Ramgoolam parce que ce dernier « parle le plus fort », et ce alors qu’il ne sait pas dans quelle circonscription il se présenterait pour les législatives.

L’avantage de cet incident est qu’il est venu démontrer, une fois pour toutes, que l’élection partielle n’aura pas lieu. Ce scrutin aurait été l’occasion d’un face-à-face entre le MSM et le Ptr, et donc entre Jugnauth et Ramgoolam. Mais le Premier ministre a préféré parler d’élections générales sans faire mention d’élection partielle. En parallèle, il est intéressant de suivre la guerre de nerfs entre le MMM et le PMSD. Pour la première fois depuis l’arrivée de Xavier-Luc Duval comme leader de l’opposition, les députés du MMM ont boycotté sa PNQ mardi dernier, estimant que le PMSD évite soigneusement le Premier ministre. De leurs côtés, le MSM et le ML ne font aucun cadeau au MMM et se projettent comme les vrais représentants des militants.
Les principales mouvances politiques qui s’affronteront aux élections commencent à se dessiner. Toutefois, il faudra attendre la dissolution du Parlement et le Nomination Day pour s’en faire une idée définitive. Tout ce qu’on peut prévoir, c’est que la campagne sera courte. Le seul point qui doit être réglé est le sort qui sera réservé au Political Financing Bill. Cela déciderait des moyens financiers qui seront engagés durant la campagne électorale.

Jean Marc Poché

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