LETTER TO STAKEHOLDERS : Bheenick, « Soyons plus productifs et poursuivons les réformes structurelles »

Dans sa Letter to stakeholders rendue publique hier – la cinquième depuis qu’il occupe les fonctions de gouverneur de la Banque de Maurice –, Manou Bheenick appelle les Mauriciens à être plus productifs et à être plus ouverts aux changements de politiques et de procédures. Il ne faut pas, dit-il, réduire les efforts de réforme structurelle de l’économie mauricienne afin de la préparer à toute compétition accrue lorsque les marchés étrangers vont se retrouver dans une phase de reprise soutenue. Sur la question des politiques monétaire et de taux de change, le gouverneur de la banque centrale est des plus catégoriques : la BoM poursuivra une ligne directrice où les intérêts de tous les acteurs de l’économie mauricienne sont pris en compte. Pour ce qui est des frais et commissions bancaires, dont les coûts élevés avaient fait l’objet de critiques de la part de la banque centrale, Manou Bheenick promet de prendre toutes les mesures nécessaires pour que les consommateurs aient un « fair deal ».
La dernière Letter to stakeholders – une publication permettant au gouverneur de la BoM de passer en revue les principales actions de la banque centrale sur divers fronts au cours de l’année écoulée – donne l’occasion à Manou Bheenick de faire le point sur les cinq années pendant lesquelles il a occupé le fauteuil de N° 1 de l’autorité régulatrice du secteur bancaire et des principes ayant guidé ses actions et politiques. Dans ses observations générales de la situation socio-économique du pays, Manou Bheenick dit avoir noté ces dernières années une certaine lenteur à adopter des changements dans divers secteurs de l’économie et dans plusieurs de nos institutions. « It is widely recognised that we need to be quicker on our feet, more open to the process of innovation, more afile in exploting alternative markets and new products and services, and much more willing to change our policies and procedures », soutient le gouverneur.
Manou Bheenick remarque que les pôles de développement économique, qui ont changé de direction, se trouvent aujourd’hui à l’Est et au Sud. « Plus près de nous, l’Afrique est en marche. Nous devons être prêts à nous engager dans une compétition pour exploiter les opportunités offertes par un continent africain plus stable, riche en ressources naturelles et dont l’économie est en croissance », écrit le gouverneur qui soutient que pour pouvoir emprunter la voie d’une croissance économique plus forte, Maurice se doit de prêter une plus grande attention à sa compétitivité internationale. Pour cela, recommande-t-il, « we must become more productive », tout en éliminant la bureaucratie et assurant la plus grande probité de notre système d’approvisionnement (appel d’offres) que ce soit dans le secteur public ou le secteur privé. « Economic history, as embodied in the relatively recent Asian success stories, leaves no doubt about the importance of more efficient production and ease of doing business », fait ressortir Manou Bheenick.
Politique monétaire
Passant aux politiques de la banque centrale, le gouverneur réaffirme que la stratégie de politique monétaire continuera à être guidée par l’objectif premier qu’est la stabilité des prix et la promotion d’un développement économique ordonné et équilibré. Un taux d’inflation faible et stable, poursuit-il, aide les opérateurs économiques à prendre de bonnes décisions concernant l’épargne et l’investissement, des conditions clés pour une croissance soutenue. « We shall continue to ensure that monetary and exchange rate policy is formulated taking into consideration the interests of all stakeholders of the economy », indique le gouverneur. Tout en notant que les fondamentaux de l’économie sont plus ou moins solides pour le moment, Manou Bheenick fait état de son inquiétude devant la persistance du déficit élevé de la balance des comptes courants, résultat d’un taux d’épargne nationale dangereusement bas. Le gouverneur considère que pendant que nos principaux marchés d’exportation, en particulier ceux d’Europe, font face à des perspectives économiques plutôt sombres, il est important pour Maurice de ne pas réduire ses efforts de réforme structurelle en vue de relever le potentiel productif de son économie. Et ce, parce qu’il faut bien se préparer à toute compétition accrue lorsque les marchés étrangers vont se retrouver dans une phase de reprise soutenue.
« The Bank remains ever vigilant to potential risks to financial stability that could hamper our progress to another plane of development », fait ressortir Manou Bheenick. Au plan réglementaire, la BoM veillera à la mise à exécution des dispositions de Bâle 3, des conditions plus strictes concernant les ratios de fonds propres et des liquidités des banques seront introduites. Elle prendra également des mesures pour réduire les risques posées par les Domestic-Systemically Important Banks, dont la faillite pourrait avoir des conséquences désastreuses sur l’économie mauricienne. Manou Bheenick fait état dans sa Letter to stakeholders de la présence dominante (sans mentionner les noms) « of a couple of large complex financial institutions » et de leur importance dans le système bancaire local. Il indique avoir recommandé à ces banques de rendre leurs structures moins complexes en séparant les activités bancaires des activités non bancaires. « This will enable us to clarify the regulatory perimeter and assist in efficient resolution, should the need arise, without having recourse to taxpayers’money. »
Manou Bheenick fait mention de la politique de la banque centrale de veiller à ce que les consommateurs soient bien traités par les institutions financières tombant sous la juridiction de la BoM. Outre la question d’accès aux services financiers, les autorités bancaires devraient prendre les mesures qui s’imposent pour garder un contrôle serré sur les frais et commissions réclamés par les banques et ce, à la lumière du rapport du « Task Force on Unfair terms and Conditions in Banking and Related Financial Contracts ». L’étude du comité en question n’est pas terminée. De plus, suite de longues consultations avec des banques locales et des institutions régulatrices internationales, une ébauche de législation portant sur la création d’un Deposit Insurance Scheme (assurance dépôt) a été rédigée et soumise au ministère des Finances à la fin de l’année écoulée.
Parlant de la performance économique du pays, Manou Bheenick remarque que depuis l’éclatement de la crise globale – qui a coïncidé avec son installation dans le fauteuil de gouverneur de la BoM – Maurice a pu éviter la récession et s’en est bien sorti, cela grâce à des programmes de soutien budgétaire, des politiques monétaire et de taux de change appropriées, entre autres. Le fait que le système bancaire local n’était pas directement concerné par des opérations à haut risques comme cela a été le cas dans les économies développées a grandement contribué à une situation stable. Cependant, constate le gouverneur, « our economy is still operating below its potential ». La crise a démontré que le commerce de biens et services de Maurice est toujours sujet à des stratégies qui nous laisse à la merci des marchés étrangers et à la faillite de leurs politiques. Aujourd’hui, de nombreux secteurs locaux tentent de diversifier leurs produits et marchés.
Le gouverneur se réjouit que la politique monétaire menée par la BoM sous son autorité ait produit des dividendes. « Today, inflation expectations are well-anchored and it has become much easier to interpret and understand monetary policy decisions. The bank has been successful in disinflating the economy and has brought down the inflation rate to less than 4 per cent in 2012 from 10.9 per cent in April 2007 », s’enorgueillit Manou Bheenick.
Pour ce qui est de la politique de taux de change, le gouverneur souligne qu’il privilégie la stabilité de la roupie et que la BoM n’hésite pas à procéder à des ajustements ou à du fine-tuning quand cela s’avère nécessaire. Il parle également de la bonne gestion des réserves, avec pour résultat les réserves brutes de la banque centrale qui sont passés à Rs 93 milliards (US$ 3 milliards) à fin décembre 2012 contre Rs 44,7 milliards (US$ 1,3 milliards) à fin décembre 2006. Le gouverneur évoque, dans la même foulée, le « developmental role » de la BoM et énumère les mesures non conventionnelles, telles les lignes de crédits en devises aux secteurs en difficulté et aux planteurs ainsi que le plan de soutien aux petites et moyennes entreprises.
Par ailleurs, se référant au secteur bancaire en général, Manou Bheenick revient sur ses précédents constats selon lesquels le secteur « is very vibrant, well-regulated, robust, profitable and increasingly transparent ». Il est d’opinion que ce qui se passe dans les boardrooms des banques est d’une importance capitale pour le bon fonctionnement des institutions concernées, mais aussi pour l’économie du pays.
 

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