A L’HEURE DES QUESTIONS : « SSR avait une majorité d’un parlementaire pendant cinq ans »

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, affirme qu’il n’entretient aucun souci pour sa majorité au gouvernement après la cassure de l’Alliance de l’Avenir. Il s’est appuyé sur le précédent de son père, feu sir Seewoosagur Ramgoolam, qui avait gouverné jusqu’aux élections de juin 1982 avec une majorité d’un parlementaire. Il a ajouté qu’il devra compléter son équipe ministérielle avec de nouvelles nominations cette semaine. Il avance qu’il a déjà pris contact avec deux des concernés. C’est ce qu’il a laissé entendre lors de la tranche des questions/réponses de trois quarts d’heure. Ci-dessous, l’essentiel de ces échanges :
Q : Dans l’affaire MedPoint, une affaire qu’on arrive difficilement à digérer est que durant tout ce temps qu’ont duré les procédures, vous n’avez pas vu qu’il y avait des problèmes ? Quels en sont vos commentaires ?
R : C’est simple. En répondant à la Private Notuce Question du leader de l’opposition, j’avais fait l’historique de la décision visant à mettre sur pied un hôpital gériatrique et la nécessité d’un hôpital spécialisé dans le traitement des maladies pour enfants et pour les femmes. Le Hansard peut en attester. Ce projet ne date pas d’aujourd’hui. Le Premier ministre émet des Policy Guidelines et prend des décisions sur ce qu’il faut faire. Nous ne nous mêlons pas des procédures. C’est tout.
Q : Avec la cassure de l’Alliance de l’Avenir, votre majorité à l’Assemblée nationale a été réduite. Comment comptez-vous procéder, même si pour l’instant la question ne se pose pas vu les vacances parlementaires?
R : Mo pena absolima opkenn sousi à fer lor mo majorité. Okenn souci lor là. Le problème se pose du côté du MSM où sa base et ses activistes s’interrogent et sont mécontents des derniers développements. Par tous les moyens, la direction du parti tente d’enrayer l’hémorragie. Ils sont véritablement en colère maintenant qu’ils se retrouvent dans l’opposition. Ils n’arrivent pas à comprendre comment il faut faire preuve de solidarité envers une personne qui a été appréhendée par l’ICAC. En politique, il faut toujours privilégier le bien général. Il ne peut être question de voir l’intérêt familial primer.
Azordi pe servi l’argent. Pe paie dettes bann dépités. Ena pou kontinyé gagn saler minis ek pou éna buro dan Sun Trust. Pe bizin arrête émoragie.
Je me rappelle de l’époque précédent les élections de 1995. J’étais en consultations avec Paul Bérenger en vue de conclure une alliance électorale. Je m’étais rendu à une fonction à la State House. Des dirigeants du MSM m’avaient entouré essayant de me convaincre de ne pas contracter une alliance avec Paul Bérenger. Je me rappelle encore du titre de Week-End, qui avait parlé d’Indecent Proposals. Nous assistons aujourd’hui à ces mêmes Indecent Proposals. Mais aujourd’hui, au sein du MSM, il y a des gens qui réalisent ce qui se passe. Pa fer politik akoz larzan. Bizin fer politik lor bas conscience ek responszabilité. Si ou envi fer larzan, alle fer bizness. Ena MSM très en koler…
Q : Après l’échec de l’Alliance Ptr/MSM, une alliance Ptr/MMM est-elle possible d’autant plus que vous avez évoqué les conséquences de la grave crise économique ?
R : A chaque fois, l’on ne cesse de répéter que l’intérêt du pays doit primer. Nous nous apprêtons à traverser une période où tout un chacun doit mettre « latet ansam » pour trouver des solutions aux problèmes économiques, qui se posent.
Q : Lors de son interrogatoire à l’ICAC, Maya Hanoomanjee évoque la responsabilité collective au sein du Conseil des ministres ? Pouvez-vous confirmer s’il y a eu une demande spécifique de Pravind Jugnauth pour intervenir auprès de l’ICAC dans l’affaire MedPoint ?
R : Avec les procédures pour l’allocation des contrats, le Cabinet doit se tenir à distance respectable. Il y avait trois autres soumissionnaires et je ne comprends pas comment une telle entité peut s’intéresser à des activités dans le secteur de la Santé. Il y avait MedPoint et la troisième ? Si vous faites votre travail, vous allez savoir qui s’est. Les promoteurs de cette compagnie sont très proches de moi. Il étaient toujours aux côtés de mon feu père et répondent présents encore aujourd’hui dans ma circonscription. Ils avaient soumis une cotation parce que l’immeuble proposé se trouve à proximité du Sir Seewoosagur Ramgoolam National Hospital. Je leur ai fait comprendre que je n’y pouvais rien, car le Conseil des ministres ne se mêle pas des affaires de contrats.
Q Et la confirmation de la requête de Pravind Jugnauth ?
R : Parfwa pa bizin deand spésifik. Poz ou la kestyon. Ki fer zot démisionné ? Ki fer zot rest loyal. Répons là li kler. Zot ti envi mo intervenir…
A une autre question de la presse sur le dossier MedPoint, le Premier ministre soulignera que « ce n’est pas parce que quelqu’un est proche du ministre des Finances qu’il ne peut participer à un appel d’offres. Le plus important est qu’il faut y avoir value for money ».
Q : Pouvez-vous confimer que vous avez eu une séance de travail d’au moins trois heures, vendredi, avec Jayen Cuttaree du MMM et portant sur le projet de réforme électorale ?
R : J’ai eu une longue recontre avec lui vendredi. Dois-je rappeler que du temps où nous étions dans l’opposition, j’avais déposé devant la Commission Sachs. J’étais accompagné de Rama Sithanen et de Sarat Lallah. Notre contribution avait été appréciée par la Commission Sachs. Je me rappelle du déroulement des débats sur la question à l’Assemblée nationale. Paul Bérenger était intervenu après mon discours. Il avait tenu à souligner un aspect historique, qui aurait pu passer inaperçu. Il s’était appesanti sur le fait que pour la première fois, le leader du Parti travailliste était en faveur de la réforme électorale. Même si nous n’étions pas d’accord avec toutes les propositions. Traditionnellement, nous étions contre.
Par contre, le MSM était opposé à toute réforme. Par la suite, il y a eu deux commissions, l’une présidée par Ivan Collendavelloo et l’autre par Emmanuel Leung Shing. Zot pa ine réussi tombe dakor malgré ki l’opposition ti dakor.
Pour les besoins du projet de réforme électorale, j’ai sollicité l’expertise du Pr Carcassone en vue de venir en aide à Maurice. Des fois, l’on peut se demander pourquoi aller chercher une contribution de l’étranger. Mais le Pr Carcassone dispose d’une vaste expérience en la matière. J’ai déjà eu des séances de travail avec lui à Maurice et en France. Il sera à Maurice au mois de septembre prochain.
Tout comme le Pr Carcassone, je suis d’avis que la réforme électorale ne doit pas se faire à la veille des élections générales. Il propose que les consultations doivent être enclenchées dans les meilleurs délais.
Je ne partage pas certains aspects des propositions du MMM, comme au niveau de la représentation féminine. Avec le projet du MMM, le pourcentage est de 6% alors que nous ambitionnons la marque de 30% de représentation féminine. Nous avons eu des consultations et c’est important que deux grands partis politiques puissent se concerter. Cette rencontre a été une occasion pour nous de baliser nos différences et de constater si le fossé peut être comblé. A sa conférence de presse, le leader du MMM a dit que je n’avais pas encore pris contact avec lui. C’est vrai. Mais je compte le faire au cours de la semaine. Nous allons nous rencontrer ensuite.
Q : Sur la question d’économie, vous aviez parlé de la nécessité de mettre « latet ansam » pour trouver des solutions. Pouvez-vous énoncer des préalables à cette collaboration ou encore la formule qui pourrait être adoptée ?
R : Ena ti parti ek éna gran parti (affichant un sourire). Je le répète l’intérêt national doit primer. Nou bizin guette lintéré nasyonal. Nous envisageons des discussions ou des échanges. Chacun peut apporter sa contribution. Il se peut que nous ne soyons pas d’accords. Mé fodé pa zis lor réforme élektoral.
Q : Regrettez-vous d’avoir sacrifié Rama Sithanen lors des dernières élections générales ?
R : C’était dans un contexte spécifique. Nous connaissons les relations de Rama Sithanen avec le MSM…
Q : Qu’en est-il des élections municipales ?
R : Bizin vini. Kan li pe vini sa mo pa konné.
A ce stade, Navin Ramgoolam précise de nouveau son challenge au MSM pour une démision en bloc de l’Assemblée nationale..
Q : Au lendemain des élections, y avait-il une requête spécifique du MSM pour que le ministère de la Santé soit attribué à Maya Hanoomanjee ?
R : Zamé ! Zamé mo fine gagn okenn reket. Mwa ki ine swazir. C’est bon qu’il en soit ainsi. Tel est le cas pour Xavier-Luc Duval, qui a été muté aux Finances. Je sais que sa préférence était pour l’Intégration sociale avec probablement le portefeuille de la Sécurité sociale. Il n’a été informé de sa mutation aux Finances que le même jour.
Q : Que se passera-t-il avec le projet de National Geriatric Hospital avec tout le scandale autour du rachat de la clinique MedPoint ? Ira-t-on de l’avant ?
R : Il y a une enquête en cours. Il faudra attendre et voir. Si pe fer inculpation, bizin ena kitsoz. Mo pa konné bizin guett. Je le répète pour la pédiatrie, la gériatrie et les maladies des femmes, nous avons besoin de soins spécialisés. Le cancer fait des ravages parmi les femmes vu que la détection ne se fait pas à temps. C’est un domaine spécialisé. It’s cutting edge technology. (A ce stade, il dresse un parallèle avec les interventions d’urgences pour sauver des victimes d’attaques cardiaques et des demandes non-entretenus par le minitère de la Santé et venant des cliniques pour des interventions plus rapides.)
Q : Le leader du MSM vous a critiqué au sujet de la lenteur pour des nominations. Doit-on s’attendre à un changement avec des décisions plus rapides comme le nouveau membre au sein de l’ICAC ?
R : J’ai déjà pressenti un candidat pour la nomination au sein de l’ICAC. Mais je préfère attendre la conclusion de la clinique MedPoint avant d’aller de l’avant. Par ailleurs, quand vous constatez le nombre de démissions des nominés politiques, vous comprendrez que c’est un argument bancal du leader du MSM.
Par contre, il y a des choses qui sont inconcevables. Dan bann nominations pa bizin guetté si so papa ti MMM. Je vais citer un exemple parmi d’autres. Des banquiers, inquiets de la tournure des événements au sujet du Double Taxation Avoidance Treaty avec l’Inde, sur qui pèsent de graves menaces, ont pris la décision de nommer Raju Jaddoo, l’ancien directeur du Board of Investment et très proche de Rama Sithanen, en vue de défendre le traité. Le choix est du secteur privé.
Son père était du MMM. Il a travaillé pour ce pays. Les banquiers l’ont choisi. L’ancien ministre des Finances n’était pas d’accord. Je lui ai parlé. Il n’a rien voulu comprendre. He has set his foot down. Il tente de bloquer cette nomination pour faire croire que je suis à la base de cette décision…
Q : Avec votre majorité réduite à l’Assemblée nationale, votre rêve de réformes constitutionnelles en devenant président de la nouvelle Républiuque s’envole ?
R : Les questions d’intérêt national doivent primer. Les consultations sur la réforme électorale constituent un pas positif. Nous allons discuter avec le MMM. Mon rêve n’est pas de devenir président. Nous voulons d’un système où tout Mauricien se sent véritablement à l’aise. Une élimination du communalisme dans le système électoral serait une démarche positive.
Q : Je reviens avec votre majorité à l’Assemblée nationale. Vous avez 36 contre 33…
R :…Sir Seewoosagur Ramgoolam ti dirige pays avek ène majorité ène dépité pandan pli ki 5 ans ; Kan ou enan ène gro majorityé ki ou gagn problem. Mo pensé ki si ou envi fer grand sanzma bizin lakor tout dimoun.
Q : Quel sera l’agenda du prochain tête-à-tête Ramgoolam/Bérenger ?
R : Réforme électorale…
Q : D’autres volets politiques ?
R : Nous dé policiens ki pe zwen.
Q : Quelle est votre évaluation du poids politique du MSM ?
R : Kan L’Express ti traite li ti parti, zot ti en koler. Kan Bérenger traite zot de ti parti, zotte amérdé. Me kwar ki là, bagasse pli bon ki MSM…
Q : Une quesion d’ordre personnel. Il y a eu un cambriolage dans un bungalow à Roches-Noires le week-end du 3 juillet. Vous en êtes le propriétaire. Différentes versions de cette affaire circulent. Peut-on avoir votre version des faits ?
R : Ena ène sel montre Rolex kumsa. Li dan mo main. (Il montre à la presse sa montre). Mo ine tende dire mo ine attaké. Ine kokin mo montre. Li mêm kestyon ki ine arrête ène dimoune ki ine mort en selil polisier. Se le pli gran palabrer ki pe sirkil sa bann zafer-là. En fait, c’est un bungalow que je loue à deux étrangers. Ils devaient quitter Maurice en mai. Au lieu de les faire évacuer les lieux en janvier, je leur ai permis de rester pour quelques mois. Ensuite, j’y suis allé en compagnie d’un architecte pour un constat. Nous avons vu qu’il y avait un problème de sécurité avec la proximité de la plage publique. Je n’ai pas encore pris de décision sur ce que je compte faire…
Q : L’affaire MedPoint relève du clan familial des Jugnauth. Peut-on savoir quel est l’état des relations entre Navin Ramgoolam et sir Anerood Jugnauth ?
R : Mo enan respé pou les institutions. Il occupe un poste constitutionnel. Nou relasyon tuzur parey.

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