Le libre arbitre, pierre angulaire de la démarche maçonnique

Depuis une semaine, nous sommes en présence d’un « remake » archi rassis et limite rance : la thèse du soi-disant « complot » qui aurait été fomenté mais heureusement déjoué par la lucidité des adeptes du Lider Maximo. Ce complot, qui intervient après celui des « maoïstes » des années 70, des trotskistes internationalistes au début des années 80, des « Ze suis Ze » du début des années 90…, serait cette fois « l’oeuvre des Francs-maçons… »
Oui trois fois oui, vous avez bien lu, des « Francs-maçons ». Ces derniers auraient même, tels de mauvais compagnons, ourdi un complot pour « prendre le contrôle » de la direction des mains de l’incontournable de la politique mauricienne (selon ses propres dires) et sans doute pas encore remis de sa énième défaite électorale en décembre dernier. Faisant preuve d’une grande constance à son habitude aux côtés de celui qu’avant-hier il vilipendait, juste après avoir partagé le fameux gâteau d’anniversaire…
Hier il lui posait la main sur l’épaule dans son coude à coude pour la « modernité et le progrès », ce qui ne l’a pas empêché de s’en rapidement dissocier après avoir posé ses lèvres sur le calice d’amertume du reniement dans la défaite. Voilà que le sérénissime et vénérable, et Très Sage Lider Maximo, nous en sort une de bien bonne pour expliquer la désertification qui s’étend inexorablement sur le chantier où la main-d’oeuvre se raréfie, apprentis compagnons et encore moins maîtres d’expérience confondus…
Le Lider Maximo et ses adeptes sont aujourd’hui tous autant que les autres des « renégats » alors qu’en fait ils étaient sans doute les seuls pouvant encore transmettre le savoir-faire par le biais de mots et de signes de chaque génération d’ouvriers à travers le pays et qui travaillaient inlassablement souvent même de midi à minuit, le temps que la lumière se lève à l’Orient et se retire à l’Occident. Loin de ne savoir ni lire ni écrire, et le Grand Manitou se refuse même d’épeler et ne semble pas avoir pris conscience de ce qui est révélé au fil des voyages et sur les colonnes autour du sanctum sanctorum de sa formation. Hier bien alignées et redoutablement efficaces sur le coaltar, ils se retrouvent aujourd’hui en pôle position pour se métamorphoser en « groupuscule » suite à une alchimie rétrograde et dégénérescente transformant l’or en plomb dont il est le seul à détenir le secret. La parole au VITRIOL frelaté a même circulé par le biais de son premier défenseur, à ses heures faisant écho à la voix de son Maître depuis qu’il officie du plateau de secrétaire général et portant la verge de maître de Cérémonies…
Soyons sérieux : s’il y a une chose qui ne supporte pas le libre arbitre qui fonde la démarche maçonnique c’est bien la tentation totalitaire qui dans le temps, et illustré par l’histoire, a toujours voulu mettre sous tutelle (si ce n’est dans les camps de concentration) ceux qui osent penser autrement et adoptent une posture favorisant la pluralité dans le respect mutuel de la différence.
Tel le crucifié s’exclamant dans ses dernières paroles « Père Pardonne Leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font » à l’intention de ses bourreaux… Certains volubiles de ces derniers jours de même que leurs scribes ne se rendent pas compte qu’une bonne idée devient mauvaise dès que l’on tente de l’imposer – Une praxis qui va à contre sens de ce que la philosophie des lumières a transmis entre autres à la Franc-Maçonnerie, qui depuis des siècles offre à ses membres la possibilité de travailler d’abord sur eux-mêmes pour apporter une pierre, la leur à l’édification d’un monde meilleur. Ce qui est le dénominateur commun – qu’ils émargent de la tendance privilégiant « l’absolue liberté de conscience » ou oeuvrant dans les courants spirituels profondément déistes et théistes. Certes comme partout l’on y retrouve des poches d’affairistes animés par l’esprit d’opportunisme curieux et malsain. Toutefois ils n’y font pas long feu et sont vite démasqués… Car la Franc-maçonnerie est d’abord une alliance librement consentie d’êtres humains de toutes confessions et de tous horizons sociaux. Elle se fonde sur la mise en oeuvre de l’esprit de la tolérance, elle est riche de cette diversité confessionnelle philosophique et sociale qui s’épanouit dans une direction commune : celle de suivre chacun le chemin de perfectionnement qui lui est propre. Pour cela, la Franc-maçonnerie fournit à chaque personne qui veut travailler sur soi-même les outils du Symbolisme et de la Tradition. Elle est une école de vie et un enseignement de conduite morale où chacun peut s’épanouir par lui-même mais aussi avec les autres cheminant du pèlerinage à l’autre bout d’eux-mêmes. Elle permet de s’enrichir de chacun et de répondre concrètement aux problèmes que notre temps pose à chacun d’entre nous à travers la multiplicité des points de vue. Le monde contemporain nous propose des défis nouveaux desquels La modernité n’appelle plus une pensée unique et monolithique, mais elle prend en compte la complexité et la richesse de nos relations. Elle propose et permet dans bien des cas une démarche spirituelle, structurée à la fois au sein d’un groupe humain et en tant que chemin. L’organisation maçonnique est là pour assurer la liberté et l’indépendance de travail de chacun, tout en assurant un soutien collectif. Le chemin est fait d’étapes qui permettent d’évoluer progressivement sans qu’aucune relation de pouvoir ne soit possible. Et ce, par cette convergence, qui peut paraître étonnante, voire anachronique, en tout cas inhabituelle, de liberté individuelle et de sentiment d’appartenance de respect ancrés au sein et découlant de la « Tradition Primordiale » comme illustré, et de quelle manière !, par le Maître René Guenon.

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