LIGNE DE CRÉDIT DE RS 18 MDS DE L’INDE : Xavier Duval déplore «l’amateurisme de Pravind Jugnauth »

« Tout laisse comprendre que Pravind Jugnauth a agi en tant qu’amateur », dit d’emblée le leader de l’opposition lors de sa conférence de presse, à propos du prêt de Rs 18 Mds obtenu de l’Inde dans le cadre du prochain budget. Pour Xavier Duval, cela dénote « un cas de bon marché coûte cher. Ce prêt est tout à fait illogique et va à l’encontre de la politique du gouvernement. Et a-t-on pensé aux conséquences d’un tel prêt en dollar, sensible aux fluctuations du taux de change, aux excès de liquidités, aux risques conséquents adjacents ». Il s’interroge sur le rôle joué par le Deputy Prime minister, Ivan Collendavelloo, lors des négociations en Inde, pour qui « c’était, sans doute, une occasion d’empêcher le leader du ML d’être Premier ministre par interim».
Le leader de l’opposition a ainsi consacré une large partie de sa conférence de presse hebdomadaire à la ligne de crédit des Rs 18 Mds, accordée par l’Inde, qui met, selon lui, l’économie à risque. « Tout le monde le sait, l’économie américaine est plus forte que l’économie mauricienne et le dollar ne cesse de s’apprécier année en année. Le pays va devoir rembourser davantage à l’Inde pour avoir accepté une ligne de crédit en dollars », estime-t-il. Le « pactole » de USD 500 M accordés par la Grande Péninsule, équivaut à ce que Maurice s’acquitte des exchange rate trends que pourtant le ministre des Finances, Pravind Jugnauth, a soutenu ne plus vouloir dans son dernier discours budgétaire, relève-t-il. « Les ministres des Finances successifs ont refusé de prendre une ligne de crédit en dollars en raison des conséquences » affirme XLD. Or, dit-il, citant plusieurs paragraphes du Budget Estimates 2016-2017, dans lequelles Pravind Jugnauth était contre ce genre de prêt, « voici que Pravind Jugnauth, qui a tenu, pour éviter les excès, à rembourser des dettes de Rs 4 Mds en dollars, va désormais à l’encontre de la politique gouvernementale ! »
« Je crois que nous avons un gouvernement schizophrène »
D’où l’incompréhension au PMSD, d’autant que, selon le leader de l’opposition, au fil des ans, le dollar américain a apprécié de 7,3% et 2,8% par an. « Je crois que nous avons un gouvernement schizophrène qui, d’un côté, paie Rs 4 Mds de prêts en dollars et, de l’autre, reprend un prêt de 500 M, toujours en dollars ! » dit-il. Outre l’appréciation du dollar, cette ligne de crédit expose le pays à un excès de liquidité, soutient XLD, faisant ressortir que lorsqu’il y a trop d’argent qui circule dans le pays, la Banque de Maurice (BoM) ramasse l’excès de liquidité, mais doit payer les intérêts qui résultent d’un prêt. Il rappelle qu’en 2016, la BoM a payé Rs 1,4 Md pour la Cost of Conducting Monetary Policy ; Rs 700 M en 2015, et Rs 400 M en 2013.
« Ce sont les contribuables mauriciens qui remboursent cet argent. Tous les ministres des Finances savent que ce n’est pas l’idéal, car les excès de liquidité sont énormes pour les contribuables », souligne le leader de l’opposition. XLD dénote par ailleurs dans cette démarche « une colorable device », du fait que, selon ses informations, le gouvernement serait en train d’utiliser un « loophole » dans les règlements du FMI pour que cela passe pour un prêt. « Est-ce un loan déguisé ou un actionnariat ? » se demande-t-il.
S’agissant de l’implication de la State Bank of Mauritius que souhaitent les autorités, le leader de l’opposition avance plusieurs questions : « Est-ce la SBM qui prend un loan, et qui sera actionnaire dans ces compagnies publiques ? Qui prend les risques ? La SBM ou le gouvernement mauricien ? Ne sommes-nous pas en train de mettre l’avenir de la SBM en jeu ? » Pour XLD, il est important de comprendre et savoir comment l’Exim Bank prêtera l’argent aux subsidiaires de la SBM et comment ces subsidiaires deviendront actionnaires, et quelles sont les garanties existantes pour les déposants, s’il arrivait à la banque de faire faillite.
Autre sujet de préoccupation du PMSD : l’avenir d’Agaléga. XLD révèle avoir rencontré des Agaléens vivant à Maurice qui lui ont fait part de leurs inquiétudes face aux développements annoncés pour l’archipel par le PM lors de sa conférence de presse lundi dernier. Une conférence de presse qu’il juge « maladroite et qui soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses ».  Il déplore « l’arrogance » de Pravind Jugnauth et avance qu’il ne manquera pas de lui poser des questions au Parlement à ce sujet, d’autant plus que les propos de ce dernier laissent entrevoir des « détails troublants », plus particulièrement en ce qui concerne la construction d’une piste d’atterrissage à Agaléga. XLD dit ne pas comprendre la nécessité d’une piste longue de 3 km pour une île qui compte 300 habitants seulement : « A Rodrigues, la piste mesure 1,3 km. A La Réunion, à Pierrefonds, elle est de 2,1 km. A Maurice, avec 1,3 million d’habitants, nous avons une piste de 3,2 km. Comment se fait-il qu’on veuille une piste de 3 km pour 300 Agaléens ? Et la question aussi se pose sur qui gérera cette piste ? Qui s’occupera du fonctionnement de l’aéroport ? ».
Il réclame au gouvernement de rendre publics les différents traités qu’a signés Maurice avec d’autres pays, dont l’Inde. « Quand on signe un accord, ce n’est pas au nom du Premier ministre, mais au nom de tous les Mauriciens, qui sont en droit de savoir quel est l’accord qui a été signé en leur nom », dit XLD.
Commentant le dossier des Chagos, il exprime sa satisfaction quant à la transparence sur le sujet au niveau du comité parlementaire. Si le PMSD est d’avis qu’il aurait peut-être fallu encore plus afin d’obtenir une majorité de deux tiers et ainsi une grande victoire le 22 juin, les Bleus soutiendront pleinement l’action du gouvernement. Dans ce contexte, le leader de l’opposition souhaite également que le texte complet de la Résolution sur les Chagos soit rendu public.
Le retrait des États-Unis de l’Accord de Paris préoccupe aussi le leader de l’opposition. Il estime que le gouvernement devrait s’en alarmer, « car cela peut avoir des répercussions importantes dans ce que nous faisons dans le domaine des énergies renouvelables à Maurice ».
« Déçu par Leela-Devi Dookun Lutchoomun »
A l’heure des questions, le leader de l’opposition a exprimé sa déception face à la ministre de l’Éducation. « J’avais beaucoup de respect pour Mme Dookun, mais elle m’a déçue par la manière dont elle a traité le dossier UTM », a révélé XLD. Pour ce qui est des 5 credits pour accéder au HSC, il concède que « le pourcentage de réussite en HSC a baissé, mais la ministre rend responsable le système des trois credits. Pourtant, en SC aussi le taux a baissé. A quoi cela est dû cette fois ? »
Il est pour le contrôle de l’absentéisme, mais « dans les derniers trois mois, l’enfant doit pouvoir rester chez lui et travailler ».
Le leader du PMSD a commenté également la révision par les services secrets britanniques du niveau de sécurité à Maurice, face à la menace du terrorisme. « Les ressources humaines qui semblent insuffisantes à la Counter Terrorism, il ne faut pas prendre cela à la légère. Il faut mettre toutes nos ressources possibles en branle. Les membres du GIPM doivent pouvoir intervenir en quelques minutes après une alerte », non sans rappeler que Maurice est une destination touristique et que les risques d’une attaque terroriste, comme dans d’autres pays, existent.

- Publicité -
EN CONTINU ↻

l'édition du jour

- Publicité -