LITTÉRATURE JEUNESSE : En attendant la version BD des Contes de Morne Plage

La dernière publication de la Fondation Malcolm de Chazal est en cours d’impression en Bulgarie. Son éditeur, L’Harmattan, ambitionne de la diffuser dans mille librairies du monde francophone à partir du mois prochain et parions que quelques-unes d’entre elles seront mauriciennes, sans compter les bibliothèques, car elles n’ont d’autre choix que de se précipiter sur leur carnet de commandes pour cet ouvrage inspiré par les Contes de Morne Plage qu’a inventé le peintre et poète auquel est dédiée cette organisation. C’est la première fois qu’une oeuvre d’un artiste mauricien inspire ainsi un collectif international de dessinateurs et de scénaristes de bande dessinée…
Les Contes de Morne Plage, qui ont été édités en 2012 chez Vizavi sous une couverture illustrée par Ennri Kums, rassemblent une série d’histoires courtes que l’écrivain a imaginées en pensant au Morne et aux longs moments qu’il a pu vivre dans cette région, et aux enfants pour lesquelles il les a imaginées. Une amie à l’époque lui proposa de les prendre en note et de les dactylographier, en vue de les faire éditer. Si ce projet n’a vu le jour, les tapuscrits n’étaient pas perdus pour autant puisque sa fille les a retrouvés en 2005 suite au décès sa mère.
Résidant à l’étranger, Martine Hatswell a toutefois pris contact avec la fondation pour en faire donation. Elle avait elle-même éprouvé leur valeur avec ses yeux d’enfant, se souvenant des heures passées à écouter le poète raconter ces histoires en décembre 1957. En 2012, leur publication amenait ainsi 22 contes dans le domaine public, transcrits dans leur version la plus fidèle possible à son auteur, rectifiant au passage une parution antérieure en 1994 chez l’Ether Vague, incomplète et de source incertaine.
Ces histoires ont souvent un caractère fantastique qui enchante la découverte de la nature et la façon dont les hommes y vivent. L’arbre vole évoque un petit arbre maltraité par ses voisins, qui s’envolera et se transformera en tout autre chose grâce à un de ces insondables mystères de l’imagination… S’il donne des ailes aux arbres, Malcolm de Chazal sait aussi faire parler les pierres. Il ne l’a pas seulement démontré dans le roman Petrusmok où les montagnes mauriciennes deviennent pour ainsi dire des personnages, il le prouve encore avec La roche qui était un petit oiseau.
Ce recueil imprégné de féerie et de symbolisme raconte aussi les aventures du pêcheur Alen qui connaît comme nul autre les secrets du lagon au large du Morne. À une époque où il était peut-être encore fréquenté par des dugongs, Alen avait coutume de côtoyer lors de ses sorties en mer, souvent en traversant la passe de Morne Plage, les sirènes de l’océan. Mais cette fois, il découvre qu’elles parlent son langage et lui donnent même quelques conseils.
Émulation collective
Portant une attention particulière à la nature sans prétention écologiste ou moraliste, ces contes font aussi parler les végétaux et l’on peut s’attendre à ce que les bédéistes qui ont travaillé sur ce projet nous plongent dans des univers particulièrement oniriques. Ils en ont choisi une dizaine propres à être scénarisés sous la forme d’une bande dessinée.
En préparation depuis 2014, cette version des Contes de Morne Plage bénéficie des contributions de douze auteurs de Maurice, de Madagascar et de France, à savoir Christophe Cassiau-Haurie, Elanni et Djai, Éric Andriantsialonina plus connu sous le nom de Dwa, Njaranirina Lova Ratianalison alias Fara-haingo, Stanley Harmon, Munavvar Namdarkhan, Thierry Permal, William Rasonaivo qu’on connaît bien aussi en tant que Pov, Evan Sohun, Umar Timol et Tojo Fanday.
La conception et le suivi éditorial sont assurés par Christophe Cassiau-Haurie, ce spécialiste de la BD africaine et ancien médiathécaire au Centre Charles Baudelaire, et Robert Furlong, ancien président de la Fondation Malcolm de Chazal. Espérons que cet ouvrage parviendra à Maurice, au minimum à la Fondation Malcolm de Chazal et dans les bibliothèques, d’autant plus qu’il est proposé à un prix de vente relativement modeste en France pour une BD, de 10 euros.
Rappelons qu’en attendant la nomination d’un prochain board, l’espace muséal et documentaire de la Rue du Vieux Conseil est ouvert tous les jours pour les visiteurs, un gardien se chargeant d’en ouvrir les accès et d’y assurer l’accueil et la surveillance tout au long de la journée. Cela permet d’y voir et revoir, au rez-de-chaussée, les tableaux qui composent le fonds Malcolm de Chazal, et à l’étage, les panneaux qui retracent la vie et l’oeuvre de l’artiste.

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