LITTÉRATURE JEUNESSE—FRANCE/MAURICE: Un coup de coeur amène Corinne Fleury à créer sa maison d’édition

Corinne Fleury, jeune éditrice mauricienne, a ouvert sa maison d’édition, l’Atelier des Nomades, spécialisée dans les livres de jeunesse et les “Beaux-Livres” en 2010. Lors d’une rencontre avec Le Mauricien, à l’occasion de la sortie de deux livres de coloriage pour enfants de cinq ans et plus, Corinne Fleury affirme que c’est dans le cadre de sa maîtrise de Lettres modernes à l’Université de Poitiers que la littérature jeunesse s’est révélée à elle. Petit à petit, la jeune femme a découvert le monde de l’édition jusqu’à décider d’en faire son métier et à ouvrir sa propre maison.
Très jeune, Corinne Fleury est en contact avec les lettres et les mots. « Lorsque j’étais petite, mon père me racontait des histoires. C’était comme un rituel. Tous les soirs, il m’emmenait au rayon enfant du supermarché pour choisir mon prochain livre », avance Corinne Fleury. Ce goût pour la lecture et la littérature se consolide au collège Lorette de Curepipe.
Notre interlocutrice opte pour le français comme matière principale au Higher School Certificate (HSC), avec la littérature anglaise comme matière subsidiaire. Son certificat en poche, elle met le cap pour la France. À l’université de Poitié, Corinne Fleury entame une licence, suivie d’une maîtrise de Lettres modernes avec spécialisation en littérature pour la jeunesse. « Que la littérature pour la jeunesse soit un sujet d’étude et de recherche à l’université a été une grande révélation pour moi et, surtout, un gros coup de coeur de découvrir ces auteurs et illustrateurs. J’ai travaillé sur l’oeuvre de Claude Ponti. » Corinne Fleury enchaîne ensuite avec un DESS (Diplôme d’études supérieures spécialisées) de Création éditoriale à l’Université de Clermond Ferrand, où elle découvre le milieu professionnel de l’édition. Elle indique avoir travaillé chez Albin Michel, Flammarion et Acte Sud.
«  Chez Albin Michel, je faisais la lecture de manuscrits à longueur de journée. On était deux stagiaires à travailler avec la personne responsable du service et on préparait des fiches de lecture pour les éditrices afin qu’elles puissent décider de ce qui sera publié. Dans ces maisons d’édition, on reçoit des centaines de manuscrits par jour. Même si le travail semblait répétitif, c’était très formateur, car cela permettait de voir, en première source, comment cela se gère. Ce premier stage était pour ma maîtrise et en DESS. J’ai fait un stage en tant qu’assistante éditoriale dans la section Beaux livres, chez La Martinière. C’était un vrai travail d’édition sur les livres », fait ressortir notre interlocutrice.
Corinne Fleury dit s’être orientée vers une spécialisation en métier du livre avec, pour objectif, de pouvoir créer sa propre maison d’édition. « En DESS, on avait  beaucoup de cours sur la fabrication du livre, les droits d’auteurs, l’économie du livre, etc… » Une fois le DESS décroché, la jeune femme rentre au pays, en 2005. « Mais je me suis heurtée à la dure réalité : le monde de l’édition, quasiment inexistant, était très fermé. Les beaux livres sont surtout des livres de cuisine. Il y avait moins de diversité qu’aujourd’hui. Je cherchais du travail, mais c’est le support livre qui m’intéressait. Et j’ai compris qu’il y avait un projet sur le patrimoine mauricien à entreprendre. Cependant, je devais acquérir plus d’expérience avant de me lancer dans cette aventure. Je suis donc repartie en France pour travailler dans l’édition, chez Acte Sud. Là, je me suis rendu compte que ce n’est pas la littérature qui m’intéresse, mais l’illustré. » Corinne Fleury poursuit son chemin chez Flammarion. « Chez Flammarion, je leur ai présenté mon projet de créer une maison d’édition et ils ont accepté de m’aider. C’est comme cela que j’ai créé ma maison d’édition, qui existe depuis 2010. Le premier titre, “Petits plats gourmands de l’île Maurice”, déjà prêt en 2009, est lancé et, en 2011, c’est “Comptoir des épices”, qui raconte l’histoire des épices et leur cheminement à travers le monde et le temps. » Le livre propose aussi plusieurs recettes.  
L’année dernière, l’Atelier des Nomades revient avec trois livres illustrés : “Contes de l’île Maurice”, “Les animaux marins de l’île Maurice” et “Les oiseaux de l’île Maurice”. Malgré le marché mauricien restreint, ce qui intéresse notre interlocutrice, « c’est le patrimoine ». Aux étrangers, elle essaie de leur offrir «  un bout de notre patrimoine pour qu’ils ne repartent pas seulement avec un souvenir de plage ». Corinne Fleury indique que le premier livre paru, et publié à 3 000 exemplaires, s’est très bien vendu en librairie à Maurice et sur Amazon. L’éditrice espère étoffer son catalogue.
Corine Fleury vit entre Boulogne et la rue Edgar Laurent, à Curepipe, où se trouve l’Atelier des Nomades. « C’est l’adresse physique de la maison d’édition », précise-t-elle, en soulignant bénéficier du soutien de ses parents qui y assurent une permanence. « C’est un métier dématérialisé », dit-elle. Par conséquent, elle peut travailler de France.
L’Atelier des Nomades prévoit d’autres publications de beaux livres pour cette année.

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