LITTÉRATURE:Du sel dans les courses

Il y a 50 ans, constatant que la célébration du 150e anniversaire du Mauritius Turf Club s’estompait et que déjà « luisait » l’année nouvelle, Malcolm de Chazal appelait à innover à l’occasion de la nouvelle saison hippique pour couronner l’année par des matchs duels entre chevaux de valeurs égales. Et pourquoi ne pas le relire pour terminer les actuelles commémorations du bicentenaire en beauté avec ce poète, artiste et penseur intégral ? C’est ce que nous suggère Hélène Laprevotte, universitaire française spécialiste de Malcolm de Chazal, trois mois après sa participation au colloque « Malcolm de Chazal, hier et demain ».
Malcolm de Chazal avait eu à coeur de célébrer les 150 ans du Mauritius Turf Club (MTC) à travers de nombreux articles de presse et un ouvrage intitulé Les Courses à l’île Maurice à l’occasion du cent cinquantenaire du Mauritius Turf Club, 1812-1962. Il serait réjouissant de voir cet ouvrage à nouveau publier pour couronner d’une pierre deux coups les 50 ans du texte et les 110 ans de la naissance de Malcolm de Chazal à l’occasion du 200e anniversaire du MTC, qui semble avoir besoin d’inspiration en ces temps de crise. Aucun auteur ne semble avoir pris la plume comme l’avaient fait Léoville L’Homme pour les 100 ans et de Chazal un demi-siècle après. Peut-être est-il toujours temps de se mettre à l’écoute de ces suggestions ?
Pourquoi subsistait chez ce poète à dimension métaphysique un intérêt marqué pour un sport plus ou moins associé dans les esprits autant au monde trivial du jeu et de la boue qu’à celui du prestige et de la fortune ? Justement peut-être en partie, directement ou indirectement, parce que « tout ce qui est paradoxal est vrai », comme il l’a écrit dans les années 60. Quand on apprend dans son article sur la Biographie de Ramgoolam par Marcel Cabon que le poète chroniqueur pouvait passer des journées dans une loge à lire et regarder les courses en alternance, on se dit qu’il était bien un connaisseur familier du sport hippique à défaut d’être, ce qu’il reconnaissait volontiers modestement (oui !), un spécialiste.
Et justement comment relier ses écrits hippiques si bien documentés et si terre à terre avec ceux de ses livres poétiques ou de ses essais ? Tout d’abord, ils étaient bien habités d’une vision, celle d’une île Maurice qui avait un rôle à jouer dans le monde humain pour peu qu’elle mette en valeur ses ressources, dont celle du plus ancien hippodrome du sud de la planète. Ensuite, la plasticité chazalienne y était bien à l’oeuvre par les images utilisées et des références parfois directes à son oeuvre car tout en restant très ancré dans son sujet, Malcolm Chazal revendique implicitement et explicitement la position tout à fait valorisée de poète ayant une fonction dans la cité.

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