LIZIE DAN LA MAIN : Une pièce gratuite jouée par des aveugles et malvoyants

Lizie Dan La Main, l’association qui oeuvre pour les aveugles et malvoyants de Maurice, présentera pour la première fois une pièce de théâtre Enn Let Depi Lerwa de Rabindranath Tagore. La mise en scène est assurée par Anon Panyandee et dix comédiens atteints de déficience visuelle occuperont les planches du Théâtre Serge Constantin. C’est ce qu’a annoncé Dan Baboo, ministre des Arts et de la Culture, hier à son bureau. La soirée de gala de cette pièce gratuite aura lieu le 4 août au Théâtre Serge Constantin. D’autres représentations sont prévues les 20 et 22 septembre.
Dan Baboo a félicité Reynolds Permal, directeur du Centre Lizie Dan La Main, pour ce projet. « C’est un projet que j’ai accepté sur-le-champ d’encadrer car pour les aveugles, c’est une première de faire du théâtre. C’est une manière aussi de changer notre regard vis-à-vis des handicapés et de donner la chance à nos frères et soeurs malvoyants de montrer qu’ils ont du talent », a déclaré le ministre des Arts et de la Culture. La pièce choisie, souligne-t-il, est une oeuvre de Rabindranath Tagore et est porteuse d’humanisme, cadrant parfaitement avec l’idée de permettre aux autrement capables de bénéficier du même privilège que tous. « Cette démarche favorise l’inclusion des handicapés dans le monde de l’art et de la culture », soutient Dan Baboo.
Pour Reynolds Permal, le théâtre s’insère parfaitement avec la célébration des 35 ans du Centre Lizie Dan La Main. « On veut montrer nos vrais visages et dire non à l’isolement et vivre pleinement comme des aveugles. La pièce a été travaillée dans un contexte bien mauricien par Anon Panyandee et c’est une façon de permettre aux non voyants de prendre leur destin en main en arpentant une scène et en jouant avec leurs émotions », dit-il. « Le but à travers cette démarche est de développer le moi intérieur. Le handicapé doit être une lumière dans une maison et en vivant comme des aveugles, on veut aussi montrer qu’on est capable de réaliser bien des choses ».
Le metteur en scène Anon Panyandee devait souligner que l’adaptation de cette pièce pour les handicapés a nécessité un peu plus de huit mois d’écriture. « Tous les aveugles ne lisent pas en braille. J’ai donc enregistré les textes en les réadaptant à un contexte bien mauricien et en donnant à chaque comédien sa partie à retenir. Cet exercice a montré que plusieurs avaient des facultés de mémorisation. Il y a ensuite eu le travail de peaufinage, de rendu de la pièce, de l’intonation des voix et de la mise en scène et en lumière des différents interprètes », dit-il. Concernant le choix des comédiens, il reconnaît qu’il n’y a pas eu de casting car uniquement dix artistes se sont présentés à l’audition. « Il y a dans notre démarche un réel désir de mettre en avant un malvoyant et un non voyant. Je demande au public le jour du spectacle d’être conciliant avec ces artistes car ils sont encore novices. Il faut surtout les encourager à sortir de l’ombre et à prendre confiance en eux ».
Pour l’instant, Anon Panyandee ne veut pas dévoiler le jeu de scène des acteurs et préfère garder la surprise le jour du spectacle. « On veut encourager l’aveugle dans son développement et lui permettre de réussir une activité à travers son dévouement pour l’art. C’est cela la plus grande fierté », indique-t-il.

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