LOIS DU TRAVAIL — GRÈVE DE LA FAIM : La CTSP lance un ultimatum fixé au 28 août

Si d’ici le 28 août, le gouvernement, à travers le ministère du Travail, n’ouvre pas les négociations pour des amendements à l’Employment Rights Act et l’Employment Relations Act pour une meilleure protection des travailleurs, de même que ne trouve pas une solution pour les 300 femmes cleaners percevant Rs 1 500 par mois, les responsables de la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public observeront une grève de la faim. C’est ce qu’ils ont annoncé hier lors d’une manifestation devant le siège du ministère du Travail à la Victoria House, Port-Louis.
« Si d’ici le 28 août, minis Travay kontign fer la sourde orey ar la souffrans sa bann madam cleaners ki pe kontigne touss Rs 1 500 par mois ek si li kontigne refiz recevoir nou pou diskit amandement ki bizin amene dan la loi travay mou protez travayer, moi ek Reeaz ek lezot madam, nou pou rante dan enn la grev de la faim, mêm si sa pou met nou la vie an danze », a lancé à travers son porte-voix la secrétaire générale de la CTSP, Jane Ragoo. Elle intervenait hier après-midi lors d’une manifestation devant le bureau du ministre du Travail, Soodesh Callichurn, à la Victoria House, Port-Louis, entourée d’environ 300 membres de sa confédération syndicale.
« Cela fait maintenant deux ans et demi que le Gouvernement Lepep est au pouvoir. Il est au pouvoir grâce aux votes de ces milliers de travailleurs qui lui ont fait confiance pour amender en faveur des travailleurs les deux lois du travail, l’Employment Rights Act (ERiA) et l’Employment Relations Act (EReA). L’ancien régime travailliste avait déréglementé ces lois du travail non pas pour protéger les travailleurs mais pour protéger l’intérêt des grosses compagnies », a poursuivi Jane Ragoo.
Pour soutenir ses propos, la secrétaire générale de la CTSP a rappelé que le ministre du Travail d’alors, Shakeel Mohamed, a amendé l’ERiA le 11 juin 2013 pour donner la liberté aux employeurs de congédier un employé sans avoir à lui verser un seul sou d’indemnité. En outre, les syndicats n’ont plus accès aux sites de travail sans la permission expresse de l’employeur. De même, dans la construction, les travailleurs étrangers bénéficient d’un contrat de deux ans, alors que les Mauriciens n’obtiennent qu’un contrat d’un mois, s’est-elle indignée.
« Le National Remuneration Board (NRB) préconise des salaires et des conditions de travail minimum, et il faut négocier à travers un syndicat pour obtenir plus. Mais le droit d’un travailleur de se syndiquer et de défendre ses droits collectivement reste un mythe, car les travailleurs savent que les lois du travail donnent le droit aux employeurs de les licencier sous le moindre prétexte. Ainsi, même quand une entreprise a la capacité de payer une augmentation de salaire, il ne peut y avoir d’accord collectif parce qu’il n’y a pas de syndicat », a poursuivi Jane Ragoo.
Le président de la CTSP, Reeaz Chuttoo, s’est pour sa part élevé contre la décision du gouvernement de faire circuler un White Paper sur les amendements des lois du travail. « C’est encore une tactique dilatoire. Les employeurs n’ont toujours pas envoyé leurs propositions, alors que les syndicats l’ont fait depuis l’expiration du délai en mars 2016. Au lieu d’un White Paper, c’est un Bill, un projet de loi qu’il fallait, afin d’avoir un vrai débat à l’Assemblée nationale sur ce qui va affecter la vie des 550 000 travailleurs du pays », a-t-il expliqué.
« Mais la goutte qui fait déborder le vase, c’est cette recommandation du State Law Office (SLO) qui propose l’introduction de “split hours” comme travail à temps partiel. Ainsi, un employé qui travaille une heure le matin, une autre heure à midi et une troisième heure en fin d’après-midi, sans quitter son lieu de travail, n’est payé que pour trois heures, alors qu’il est sur son site de travail pendant plus de huit heures. C’est une surexploitation des travailleurs, un scandale », dit-il. « Accepter ce système de split hours, c’est ouvrir les vannes pour une surexploitation à outrance des travailleurs vulnérables. Voilà pourquoi si d’ici le 28 août, le ministre Callichurn n’ouvre pas les négociations sur toute cette injustice, nous allons observer une grève de la faim illimitée ».
Les membres de la CTSP présents à cette manifestation ont ensuite fait une chaîne humaine autour de la Victoria House, pour démontrer leur solidarité et leur détermination à défendre leurs droits.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -