LONBRAZ KANN : Le basculement d’un monde

Dans les salles du Cinema Star (Bagatelle, La Croisette et Caudan), à partir du 25 février 2015, un film en particulier,Lonbraz Kann, long métrage de David Constantin servira de boussole au public attendant la sortie de nouveaux films. Ce début d’année se lève sur un film majeur annoncé depuis longtemps et produit par Investissement et Commerce Cinéma et Caméléon Production. C’est un film qui crée de l’attente, mais aussi de l’élan parce qu’il a l’ambition d’embrasser beaucoup ; des hommes et des femmes, un pays, une époque, la terre, la canne, la traversée du temps de l’île à sucre jusqu’à la mondialisation et le basculement dans un autre monde. Pas si simple d’en parler avant sa projection : il y a un suspense à préserver et il nous semble que l’importance du film dépasse beaucoup de choses autour. Comme tout grand projet, Lonbraz Kann, en français : « À l’ombre de la canne » n’avance pas seul, il reprend une première version écrite de 2006 à 2007, dialogue en 2008 avec la scénariste Sabrina Compeyron au cours des ateliers d’écriture d’Île Courts-Festival International du Court Métrage de Maurice. Le court qui est issu de cet atelier,Made in Mauritius, constitue déjà le fond de l’imaginaire et annonce les préoccupations de Lonbraz Kann. Nous passerons sur la réécriture du projet, son nouveau traitement, le prix obtenu en 2011 par Made in Mauritius au festival Cinéafricano de Milan pour nous attacher sur la radiographie d’une époque où la réalité devient subitement autre. L’histoire se situe à Nouvelle-Découverte, Maurice. A une époque pleine de défis sur les plans économique, social, politique, etc. Il faut réussir la transition après une profonde mutation structurelle au niveau mondial. D’une île à sucre on bascule dans autre univers où des hommes et des femmes qui ont contribué au développement socio-economique du pays sont appelés à s’intégrer dans le nouvel ordre, faire face à un nouvel ordre économique et social : « La canne à sucre ne fait plus recette. Elle tombe aujourd’hui pour la dernière fois. Un chantier immobilier de villas de luxe sort de terre en lieu et place des champs de canne. Avec la fermeture de l’usine à sucre où ils travaillaient, Marco, Bissoon, Rosario et les autres travailleurs de Nouvelle-Découverte assistent à la métamorphose de leur monde. C’est dans la boutique d’Ah-Yan qu’ils tentent de garder la tête hors de l’eau, entre rêves de reconversion, de nouvelle vie ou d’émigration… »
Un monde disparaît. Ne reste que la société, des hommes et des femmes et leurs petites histoires. Face à cette réalité, le film dit beaucoup sur l’humanité, le rapport à l’autre, l’importance historique de la canne devenue enjeu esthétique, social. David Constantin exalte l’ambition existentielle d’un cinéma mauricien moderne. Il faudrait être sourd pour ne pas entendre le grand cri d’espoir du film, sa narration d’une vie bien réelle loin de l’image de la carte postale. Ce n’est pas un film-testament d’une époque (après en avoir vu quelques séquences), il nous semble qu’il est animé par les défis de la modernité et que l’équipe du film a mis en histoire, en crises, en perspectives. Le cinéaste interroge le passage de la crise à la mondialisation, le confronte aux idéaux humains comme à la terre et à l’immémorial. Le film de David Constantin (en créole, français et anglais) est une production de Caméléon Production (Maurice), Atopic (France), Lithops Films (La Réunion).
A voir à partir du 25 février dans le réseau des Cinemas Star (Bagatelle, La Croisette et Caudan)
Credit photos : Julien Venner /PixelInTheBox

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