Lutte anti-drogue – Les secrets du cellulaire de Curly Chowrimootoo

  • L’ADSU saisit la Cour suprême d’une demande de Judge’s Order pour décrypter la mémoire du cellulaire de ce trafiquant de drogue, saisi en prison vers la fin de mai dernier, coïncidant avec les derniers préparatifs pour l’importation de Rs 557 M de drogue de Madagascar
  • Le rapport de la commission Lam Shang Leen devrait constituer le plus important rendez-vous post-budgétaire pour le Premier ministre avec selon toute probabilité la refonte de l’ADSU comme une des priorités

L’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), qui avait été tenue à l’écart lors des étapes menant à la saisie de drogue d’une valeur marchande de Rs 557 millions à Madagascar la semaine dernière, tente de revenir dans le coup. Le patron de l’ADSU, le Deputy Commissioner of Police, Choolun Bhojoo, ayant rejoint les envoyés spéciaux de la Mauritius Revenue Authority (MRA) dans la Grande-Ile en vue de coopérer avec la douane de ce pays, des démarches ont été initiées à Maurice pour apporter un complément d’informations sur le fonctionnement de ce réseau, qui a redoublé d’effronteries en dépit des deux précédentes saisies record. Ainsi, la Cour suprême devait être saisie d’une demande de Judge’s Order sous l’Information and Communication Technologies Act pour un décryptage complet du téléphone cellulaire saisi sur le trafiquant Curly Chowrimootoo en prison vers la fin de mai dernier. D’autre part, avec la fin des auditions de la commission d’enquête sur la drogue, présidée par l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, en mars dernier, l’heure de la soumission du rapport au président de la République par intérim, Barlen Vyapoory, a sonné. D’aucuns affirment que ce sera l’un des principaux rendez-vous post-budgétaires du Premier ministre, Pravind Jugnauth. L’une des principales recommandations, outre le chapitre consacré aux agissements de certains Senior Members at the Bar aux côtés des trafiquants, devrait porter sur l’urgence d’une refonte de l’ADSU, jusque-là perçue comme étant le fer de lance de la lutte contre la drogue.

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Avec l’affaire de la saisie de 141,2 kilos de drogue, comprenant 80,2 kg de cannabis (Rs 48,1 M), 35,5 kg de haschich (Rs 88,8 M), 25,5 kg d’héroïne (Rs 382,7 M) et 4,8 kg de crystal meth (Rs 38,4 M) à Madagascar, jeudi dernier, suite à une opération conjointe de la MRA et des douanes de Madagascar et de la Réunion, l’ADSU a pris la décision de solliciter la justice pour une demande en vue de décrypter les secrets du cellulaire saisi sur Curly Chowrimootoo la fin du mois dernier avec pour conséquence son transfert de l’Eastern High Security Prison de Melrose à la prison de haute sécurité de Phoenix. Il avait caché cet objet de même qu’une clé USB dans ses parties intimes. La police espère obtenir des informations sur ces appareils qui seraient susceptibles d’apporter des éclairages sur la saisie de plus de 140 kg de drogue à Madagascar jeudi dernier avec, à la clé, sept arrestations, dont trois Mauriciens. Les numéros de cellulaires contactés par Curly Chowrimootoo au cours de cette période devraient apporter un éclairage sur le Modus Operandi de même que l’identité des protagonistes engagés dans cette affaire d’importation de drogue.

Les Casernes centrales soupçonnent qu’une partie de la drogue saisie appartiendrait à Curly Chowrimootoo, qui est très proche du skipper Mardochee Jeremy Leratz, 44 ans. Grâce à ce téléphone portable, l’ADSU souhaite connaître quels ont été les différents appels et messages envoyés et reçus par le trafiquant de drogue afin de démanteler ce réseau. Selon nos renseignements, les Casernes centrales souhaitent démontrer qu’il n’y aura pas de compromis de la part de la police concernant la lutte contre la drogue. C’est justement ce qu’a tenté de faire comprendre aux autorités malgaches le DCP Choolun Bhojoo, chef de l’ADSU, lors de son déplacement dans la Grande île. Une source indique qu’il a eu plusieurs échanges d’informations entre les différentes parties concernées, dont la Mauritius Revenue Authority, ces derniers jours.

Par ailleurs, après l’interrogatoire de Mardochee Jeremy Leratz, qui a tenté de dédouaner les autres Mauriciens, Jules Roddy Avoula, 38 ans, et Marc David Plaiche, 22 ans, ont à leur tour été interrogés par la police malgache, alléguant s’être rendus dans la Grande île pour des vacances et qu’aucune drogue n’avait été récupérée sur eux, même s’ils se trouvaient dans une Mercedes Sprinter avec les autres suspects. Ils avancent avoir fait la connaissance du skipper qui les a aidés à trouver un logement. Néanmoins, ils ont été incapables d’expliquer la raison de leur déplacement de Tana à Nosy Be, où la douane malgache soupçonne qu’ils devaient embarquer sur un hors-bord.

Le trio a comparu au tribunal de Tana mardi pour prendre connaissance des faits qui lui sont reprochés. Selon les informations disponibles, le juge d’instruction (la poursuite) fera connaître son “stand” dans les prochaines heures pour un procès rapide. La question d’extradition n’est pas posée à ce stade, avec la partie mauricienne qui préfère attendre l’issue du procès pour déterminer si les Mauriciens pourront purger leur peine dans leur pays natal.

Dans un autre ordre d’idées, les membres de la commission d’enquête, dont l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, suivent avec une attention redoublée les derniers développements sur le plan de la lutte contre la drogue. En tout cas, la priorité de l’heure est la rédaction du rapport à être soumis officiellement vers la fin de juin, soit dans un délai de deux à trois semaines. C’est ce qu’indiquent des milieux proches de la commission ajoutant que « le plus gros du travail a déjà été réalisé bien évidemment, les travaux de la Commission s’étant achevés en mars dernier ».

Avec les récents événements, plaçant la force policière en mauvaise posture, que ce soit dans le contexte de l’escapade du trafiquant présumé, Kushraj Lutchigadoo, de sa cellule au Detention Centre de Vacoas, sa proximité avec un autre détenu – qui a d’ailleurs été entendu par la Commission Lam Shang Leen, en l’occurrence, Ashish Dayal, témoin important dans l’arrestation de Navind Kistnah – et le démantèlement du réseau qui a entraîné dans son sillage l’arrestation du “zanfan lakaz”, Geeanchand Dewdanee, ou encore la saisie de Madagascar, avec la MRA sur la piste de ces trafiquants depuis octobre 2016, il ne fait aucun doute que la commission Lam Shang Leen ne devrait pas être tendre avec l’ADSU. Certaines sources soutiennent que la proposition d’un démantèlement de l’ADSU ne devrait constituer nullement une « surprise politique ».

« Dans un premier temps, le cas de Lutchigadoo avec la complicité de certains policiers a confirmé la présence de brebis galeuses au sein de la force. Cette récente saisie à Madagascar est venue conforter plus d’un schéma élaboré et présenté par Paul Lam Shang Leen durant la tenue des travaux. Surtout après les auditions de quelques barons locaux se trouvant en taule…» fait-on comprendre en soulignant que « durant les travaux, et selon ceux qui avaient été auditionnés, tant ceux se trouvant derrière les barreaux que des agents de police et des officiers de la prison, mais également certains individus, tous soupçonnés de faire partie de divers réseaux toujours très actifs, dans l’île et à l’étranger, ces éléments directement liés au trafic avaient été abordés…»

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