Lutte anti-drogue : Deux hauts gradés de la MRA à Madagascar depuis samedi

  • Les trois Mauriciens, appréhendés avec de la drogue, jeudi, pour une valeur de Rs 557 M, devant le tribunal d’Anosy aujourd’hui pour leur inculpation provisoire
  • L’ADSU, écartée de l’étape cruciale d’Intelligence Gathering et de l’opération sur le terrain à Maurice et à Madagascar, établit la carte de visite des suspects

La Customs Anti-Narcotics Section (CANS) de la Mauritius Revenue Authority (MRA) maintient la pression dans l’opération Manja, avec la saisie de la drogue d’une valeur marchande de Rs 557 millions et l’arrestation de trois Mauriciens. Avec l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU), pour une des rares fois « on the sidelines » pour des raisons évidentes après le flop avec l’affaire Le Performant d’octobre 2016, deux  hauts gradés de la Customs Anti-Narcotics Section (CANS) se trouvent dans la Grande Île depuis samedi pour collaborer avec la douane de Madagascar après la saisie des 141.2 kilos de drogue, soit 80,2 kg de cannabis (Rs 48,1M), 35,5 kg de haschich (Rs 88,8 M), 25,5 kg d’héroïne (Rs 382,7 M) et 4,8 kg de crystal meth (Rs 38,4 M). Entre-temps, les trois Mauriciens, Mardochee Jeremy Leratz (44 ans), Jules Roddy Avoula (38 ans) et Marc David Plaiche (22 ans), et six autres suspects malgaches, dont trois femmes, seront présentés au tribunal d’Anosy à Madagascar aujourd’hui pour leur mandat de dépôt en prison. À Maurice, l’ADSU, qui a eu des consultations avec la MRA au sujet de cette opération durant le week-end, établit ces jours-ci la carte de visite de ces trois suspects de même que leurs connexions avec le réseau de trafiquants de drogue.

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Ces deux officiers de la MRA sont partis à Madagascar après des échanges entre la direction des deux douanes, qui ont coopéré étroitement dans cette opération depuis octobre 2016, avec la phase active enclenchée depuis février dernier. Leur mission dans la Grande-Ile est d’« assister et participer au déroulement de l’enquête concernant l’arrestation, jeudi dernier de ces 9 personnes, dont 3 Mauriciens et 6 Malgaches, parmi des femmes. » À ce stade, du côté de la MRA, l’on soutient qu’« il s’agit surtout de « gather intelligence » et de suivre l’affaire. » Selon toutes probabilités, « les trois Mauriciens impliqués ne seront pas rapatriés de sitôt, car même si Maurice a des accords de partenariat s’agissant des autorités telles que les douanes qui ont collaboré sur ce coup, en revanche, sur le plan judiciaire et des enquêtes, il est plus probable que les personnes arrêtées seront jugées par la loi malgache. »

Par ailleurs, ces Mauriciens et leurs complices malgaches comparaîtront aujourd’hui devant le tribunal de Tana demain. Ils sont soupçonnés de travailler pour un caïd mauricien, qui purge actuellement une longue peine de prison pour trafic de drogue. Le trio s’apprêtait à se rendre sur le littoral de Nosy Be pour embarquer leur marchandise pour regagner Maurice. Selon la MRA, qui a collaboré avec la douane malgache et réunionnaise dans cette affaire, une partie de la drogue saisie était destinée à l’île sœur. Les douaniers surveillaient les trois Mauriciens depuis un an en vérifiant leur fréquentation, leur compte en banque, leurs voyages, et leur relation avec la mafia à Maurice. Ils ont mis le cap sur la Grande île le mois dernier et devaient être de retour ce week-end, si tout s’était passé comme prévu. Sauf que la MRA a agi à temps.

Du côté des Casernes centrales, la principale attribution post-opération Manja est de compléter un exercice en passant à la loupe les fréquentations du skipper Mardochee Jeremy Leratz, de Jules Roddy Avoula et de Marc David Plaiche, arrêtés à Madagascar jeudi avec 140 kg de drogue. Même si la Mauritius Revenue Authority (MRA) a été plus proactive sur ce dossier en plaçant sous surveillance le trio depuis 2016, l’Anti Drug and Smuggling Unit (ADSU) compte collaborer en vue de faire la lumière sur toute cette affaire.

D’ailleurs, Mardochee Jeremy Leratz n’est pas un inconnu de la brigade antidrogue, qui l’avait déjà interrogé en 2016 après que son embarcation, “Performance II”, où il se trouvait, a dérivé près de la côte est de Madagascar en septembre 2016. Le skipper faisait partie d’une équipe de neuf personnes qui avait officiellement fait une sortie en mer pour une campagne de pêche à l’Île Plate. Leur moteur ayant subi une avarie, ils avaient dérivé jusqu’à la côte de la Grande île. À son retour à Maurice, le quadragénaire était parvenu à convaincre la police avec son histoire de pêche, mais pas la MRA, qui soupçonnait plutôt un déplacement illégal à Madagascar pour importer de l’héroïne. C’est à cette époque que la douane mauricienne a pris l’initiative de mettre sous surveillance Mardochee Jeremy Leratz. L’ICAC avait, elle, démarré une enquête après avoir obtenu des renseignements selon lesquels le skipper avait donné l’ordre de jeter par-dessus bord près de Rs 400 M de drogue étant donné qu’il devait solliciter l’aide des autorités pour l’aider à ramener à terre l’équipage sain et sauf. Le propriétaire du bateau avait par la suite été arrêté par l’ICAC.

Or, la MRA avait trouvé « intriguant » que Mardochee Jeremy Leratz ait fait le déplacement pour Madagascar en au moins trois occasions alors qu’il n’a aucune famille ou business sur place. Sa proximité avec le réseau du trafiquant de drogue Curly Chowrimootoo n’a fait que renforcer leurs soupçons. Entre-temps, le skipper Mike Brasse a été intercepté en novembre 2016 au port de Sainte-Rose, à La Réunion, et ce avec Rs 600 M d’héroïne sur le bateau Sweet Love Mama. Il était en compagnie de Kamil Osman et d’Almonzo Capdor. Ces derniers ont été condamnés respectivement à huit ans, quatre ans et trois ans de prison par le tribunal correctionnel de Saint-Denis en février dernier. L’absence de Mike Brasse a fait que Mardochee Jeremy Leratz a pris du galon car, non seulement il est un loup de mer qui connaît bien le trajet interîles de l’océan Indien, mais en plus, c’est lui qui serait chargé de l’achat de la drogue dans la Grande île grâce à ses contacts. Il avait quitté Maurice en février dernier pour piloter toute l’opération. Sauf qu’il a fait face à un problème logistique et c’est alors que Jules Roddy Avoula et Marc David Plaiche l’ont rejoint. Ce dernier, chômeur et habitant Sainte-Croix, n’est pas un inconnu de l’ADSU. Le jeune homme, originaire de Rodrigues, mène la belle vie et a un faible pour les grosses cylindrées. D’ailleurs, selon les Casernes centrales, il en possède deux, à savoir une Kawasaki Ninja et une Honda CBR. Des informations auprès de l’ADSU laissent comprendre que les deux hommes sont très actifs dans un faubourg de la capitale, où ils font peur aux petits dealers.

Par ailleurs, la MRA et la douane malgache estiment que des trafiquants de drogue internationaux seraient impliqués dans l’achat de cette grosse cargaison de drogue, qui devait être distribuée à Maurice, La Réunion, Madagascar et l’Afrique de l’Est. À ce stade, la MRA ne connaît pas la quantité qui devait rentrer à Maurice. Pour coordonner les informations, un responsable de la douane mauricienne devrait mettre le cap sur Tana cette semaine pour voir de quelle façon les différentes institutions peuvent collaborer au niveau de l’enquête.

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