Lutte anti-drogue : la Prison Security Squad en sursis

La situation « dégénère dans les prisons », avancent ces officiers, tous grades confondus, qui préfèrent garder l’anonymat, « par crainte de représailles très courantes ». Outre « une série de mesures successives qui dévalorisent le travail du garde-chiourme », ils  expriment surtout leurs « vives inquiétudes quant au démantèlement de l’unité d’élite, la Prison Security Squad (PSS). »

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Ils sont rejoints sur ce point par des officiers de police qui rappellent que « cette unité, très structurée, autonome et pointue, est celle qui, entre autres réalisations, a énormément aidé tant la police, surtout l’ADSU, que les autorités dans l’opération qui a mené à la saisie record des 135 kilos d’héroïne début 2017 dernier, et qui a vu les arrestations de Navind Kistnah, Dade Azaree, Geeanchand Dewdanee et Sibi Thomas, entre autres ! » Ils se posent des questions, notamment : « La PSS a beaucoup aidé la commission Lam Shang Leen sur le trafic de drogue. Cela a été mal perçu par certains au sein de la police. Ne serait-ce pas là une tactique pour protéger certains barons ? »

L’unité de la Prison Security Squad (PSS) serait en phase de démantèlement. Une décision « définitivement très mal inspirée », estiment tant ces officiers de la prison que leurs collègues de la police. Ces interlocuteurs optent pour l’anonymat « par peur de représailles des hauts gradés ». Il y a, actuellement, au sein de ces forces disciplinaires, un vent de mécontentement et les attaques pleuvent de toutes parts…» Ce qui les amène à penser que « la décision de démanteler la PSS est tout sauf innocente ! Cette unité d’élite veille au grain et fournit des informations précises et réelles aux autorités, notamment la police, sur des sujets très délicats, comme la présence d’armes, de téléphones, et sur le trafic de drogue de l’intérieur de la prison… Cette unité n’a pas à faire ses preuves : le fruit de son travail, dans le temps, est là ! Il y a bien entendu la fameuse saisie record des 135 kilos d’héroïne, début 2017 dernier avec l’interpellation de Navind Kitsnah et les arrestations des Dade Azaree, patron de Gloria, le « Zanfan Lakaz » Geeanchand Dewdanee et Sibi Thomas, entre autres. Mais il y a bien d’autres cas encore où c’est grâce à « l’Intelligence » de la PSS que la police et les autorités ont pu procéder à des saisies… Or, on se demande bien pourquoi et qui a pris la décision, subite, de démanteler la PSS ! »

Unanimes à reconnaître le travail assidu des PSS, surtout dans le contexte actuel de remonter les filières des caïds de la drogue qui, comme la Commission Lam Shang Leen l’a prouvé, opèrent de l’intérieur de la prison, gardes-chiourme et officiers de police font état de leurs « très vives inquiétudes face à cette décision, incompréhensible, de démanteler la PSS ! C’est tout simplement illogique ! Pourquoi dissoudre une unité qui fonctionne et qui donne des résultats ?» Ils avancent que « l’on se demande, même, s’il ne s’agit pas là d’une tactique destinée à favoriser certains caïds… Toutes les spéculations sont ouvertes, dans ce cas ! Car comment interpréter cette décision autrement ? » Ils retiennent que « depuis que l’on a su que la PSS a contribué aux travaux de la Commission Lam Shang Leen, certains hauts gradés de la prison ont pris la mouche et dès lors, il y a eu une campagne anti-PSS…»

Ils ajoutent que « la PSS est une unité totalement autonome, disposant de son propre secrétariat, d’une part. C’est une structure qui coûte un investissement considérable à l’État, pour ce qui est de la formation, mais aussi de l’achat des équipements de pointe et technologiques, permettant à ses éléments d’abattre le bon travail qu’ils ont réalisé jusqu’ici. »

De Sabapathee à Kistnah

Des officiers de carrière expliquent que « l’idée de créer la PSS a surgi dans le sillage de l’évasion de Rajen Sabapathee de La Bastille, en juillet 1999. Graduellement, le projet a fait son chemin et sous l’impulsion de Jean Bruneau, en 2011, cette unité a été sérieusement consolidée. Pour preuve, elle a son propre secrétariat et est totalement autonome ! » Mieux encore, soutiennent-ils, « les décideurs politiques ont réalisé l’importance capitale des PSS et leur salaire a été calculé de manière à ce qu’ils ne deviennent pas des proies des barons et cèdent à la corruption. »

Dès sa mise en place, au début des années 2000, la PSS était compodée «d’éléments très bien préparés », ajoutent encore ces officiers. « Afin qu’ils soient efficaces, il leur fallait une formation de pointe. Aussi, ils bénéficièrent d’un training comme les membres de la GIPM, ainsi que des préparations psychologiques. » Quand il y eut un incident où des balles furent tirées vers l’entrée principale de la prison de Beau-Bassin, « la décision d’aménager une deuxième grille d’entrée, en vue de renforcer la sécurité, d’une part, et d’inclure un officier armé, donc, un agent de la PSS, fut entérinée. De même, toutes les autres prisons furent adjointes d’un officier armé à l’entrée. »  «D’année en année, les rangs de la PSS ont grossi, d’autant que les défis qui se présentaient à eux évoluaient… Car, il faut dire que les bandits qui sont incarcérés sont loin d’être en rade en matière d’évolution technologique ! De fait, la PSS a bénéficié de formations évolutives et régulières. À son arrivée, fin 2010, et dans le sillage de la grande évasion de fin juin 2010, de la prison de Grande Rivière Nord Ouest (GRNO), Jean Bruneau procéda à une évaluation complète de la PSS et décida de la consolider, comprenant son importance capitale dans le bon déroulement de la prison et pour ce qui est de contribuer à la sécurité nationale, » font-ils comprendre. Pour ces gardes-chiourme, « dissoudre cette unité qui a coûté un investissement important à l’État revient à gaspiller l’argent public ! »

 

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