LUTTE ANTITERRORISTE : L’heure de vérité pour la base de Diego Garcia

La publication aujourd’hui (heure de Washington) d’un résumé de 480 pages d’un rapport de 6 200 pages, rédigé par le US Senate Intelligence Committee, attendue avec impatience dans les principales capitales, devrait apporter des précisions sur l’utilisation de Diego Garcia en tant que prison secrète. Cette affaire remonte à la période post-11 septembre 2001 quand la lutte antiterroriste et anti-Al-Qaeda battait son plein. Les autorités britanniques, qui avaient systématiquement nié toute utilisation de cette base américaine pour des besoins de torture en contravention aux dispositions des Droits de l’Homme, ont dû par la suite se rendre à l’évidence que tel a été le cas. Ce rapport du Sénat américain faisant état de dossiers et documents secrets et confidentiels pourrait causer de nouveaux embarras pour Londres quant à son rôle dans la transgression et la violation des Droits de l’Homme et d’avoir autorisé l’utilisation de Diego Garcia à cet effet.
A ce jour, le seul élément confirmé dans ce dossier délicat est qu’en deux occasions, des avions militaires américains assurant le transfert de terroristes présumés d’A-Qaeda ont transité officiellement à Diego Garcia. Les détails s’arrêtent là. Dans son édition de ce matin, en guise de run-up à la publication du rapport Feinstein, The Guardian note que « the UK government, which has never permitted an effective domestic inquiry into its involvement in the CIA’s global kidnap and torture operation to run its full course, appears to have good reason to be concerned about some of the material that may lie within the committee’s report ».
L’une des plus graves appréhensions est que Diego Garcia aurait pu être au centre de ce réseau de torture avec pour destination finale la base notoire de Guantanamo Bay. « At least two detainees were flown via Diego Garcia, which is British territory. The full extent of the UK’s involvement in the rendition programme remains unclear however. Last year, the government shelved an official inquiry, but not before the judge in charge said that there were 27 areas in which questions about the UK’s involvement in rendition and mistreatment of detainees remained unanswered », poursuit le quotidien britannique, qui confirme les appréhensions de Londres à ce chapitre.
Le Foreign and Commonwealth Office britannique a été accusé d’avoir tenté d’intimider Washington quant aux révélations des secrets défense communiqués officiellement lors des auditions du US Senate Intelligence Committee. Mais l’ancien secrétaire d’État au FCO avait rejeté ces accusations en affirmant que « the UK government has not sought to influence the content of the Senate report. We have made representations to seek assurance that ordinary procedures for clearance of UK material will be followed in any event that UK material provide [sic] to the Senate committee were to be disclosed ».
Régulièrement, des membres du gouvernement britannique sont acculés sur la gestion des facilités de détention (prison) des Américains sur la base de Diego Garcia. Au début du mois dernier, le ministre d’État au FCO, Hugo Swire, a confirmé en écrit que « the US have informed us that holding cells were used to house US military personnel in accordance with the United States Uniform Code of Military Justice. The US has confirmed that it built these in 1984 and decommissioned them in 2007. UK authorities do not hold information as to the reasons for the US decision to decommission their holding cells ».
En tout cas, les détails contenus dans le rapport du US Senate Intelligence Committee, dont la publication soulève des passions dans les milieux républicains à Washington, devront confirmer ou infirmer l’envergure du rôle des Britanniques dans la violation des Droits de l’Homme et l’utilisation de Diego Garcia en tant que prison secrète sous le Rendition Programme.

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