LUTTE ANTITERRORISTE – MODE SIMULATION : Thunder Strike contre une prise d’otage

Dès l’alerte donnée par la direction de l’hôtel Happy Hour avant l’aube hier matin au sujet de la présence de terroristes dans l’enceinte de l’établissement, les procédures établies dans le cadre de la lutte contre le terrorisme étaient enclenchées. La première étape consiste en la confirmation de l’identité et de la nationalité des terroristes. Au terme du protocole, cette mission est confiée à des officiers de police affectés à la Southern Division, qui dirige un premier contingent vers l’hôtel ou encore en entrant en contact avec les responsables hôteliers. Les terroristes gardaient leurs otages dans le Reception Hall de l’hôtel.
Une priorité : la Police Information Room est tenue à disséminer ces premières informations sur cet acte terroriste aux autorités, dont le président de la République, le Prime Minister’s Office, les membres du gouvernement, le secrétaire au Cabinet, le commissaire de police, le commandant de la Special Mobile Force et le Commanding Officer de la National Coast Guard.
En attendant la mobilisation des forces d’intervention, la police de la région met en place des mesures de contrôle en sécurisant les lieux et en procédant à l’évacuation des habitants du voisinage de l’hôtel pour des raisons de sécurité. Les informations initiales obtenues par téléphone de la direction de l’hôtel sont accablantes. Vingt touristes, dont 15 hommes et cinq femmes, ont été kidnappés par ces quatre terroristes faisant partie du groupe Al-Saida et qui sont porteurs d’armes automatiques. Deux premières victimes et un blessé parmi les résidents de l’hôtel Happy Hour sont confirmés lors de l’attaque.
Presque au même moment, un Operation Command Centre (OCC), sous le contrôle de l’assistant commissaire de police Nemchand Jhugroo, déjà formé pour assumer ces fonctions si importantes, est installé dans les locaux de l’Airport Police. Toutes les instructions et directives émanent de cette Ops Room spécialisée, habilitée à prendre des décisions en toute autonomie, sans passer par le commissaire de police ou le Prime Minister’s Office lors des étapes cruciales. Les manoeuvres de l’opération Thunder Strikesont enclenchées.
En parallèle, le poste de police au Sir Seewoosagur Ramgoolam International Airport est transformé pour abriter un Medical Aid Post, un quartier pour le briefing de la presse locale et internationale est aménagé de même que les lieux d’accueil pour les familles et les proches des otages.
La grosse artillerie, composée de spécialistes de la lutte antiterroriste de la Special Mobile Force, dont le Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM),  la NCG, la Dog Section, a déjà pris place au SMF Complex de l’aéroport, déjà sur le qui-vive pour donner l’assaut après l’étape des négociations avec les terroristes. D’autres éléments de la police, dont des membres de la Special Supporting Unit, de l’Emergency Response Service et du CID, se tiennent prêts à intervenir en renforts. Des membres de la NCG, ayant pris place à bord des canots pneumatiques, sont en patrouille en mer au large du Chaland.
Cordon de sécurité
Avant l’ouverture des négociations avec les terroristes, la SMF met en place un inner cordonde sécurité autour du Happy Hour Hotel avec des tireurs d’élite de la SMF prenant position dans des endroits stratégiques déterminés sur la base d’informations communiquées par la direction de l’hôtel. Sur la route menant à l’hôtel, les barrages routiers sont renforcés à plusieurs endroits car le périmètre entourant l’hôtel est sécurisé par les éléments de la SMF. La principale route d’accès menant à la plage publique est fermée à la circulation. Les voitures allant dans cette direction sont minutieusement passées au crible pour éviter de compromettre cette High-Profile Operation, d’autant que la vie des otages et d’autres personnes se trouvant dans l’hôtel est menacée.
Les officiers de police, ayant suivi une formation poussée sur les techniques de négociations lors des prises d’otage, placés sous la direction du colonel Nicole de la SMF, entrent en jeu. La présence d’interprètes s’impose pour mieux suivre le déroulement des négociations et s’assurer que les communications se passent dans les meilleures conditions, ne gâchant nullement la moindre chance de succès dans les négociations. Les informations sont filtrées et communiquées publiquement au compte-gouttes en vue de ne pas entamer l’intégrité de cette délicate opération.
La demande des terroristes est précisée en des termes très clairs : remise en liberté sans condition des pirates somaliens en détention à Beau-Bassin contre la fin de la prise d’otages. Les terroristes exigent une réponse dans la demi-heure qui suit au risque d’abattre  deux otages à chaque demi-heure. Ils font comprendre que : « We mean business ! »
Sur le plan humanitaire, les quatre terroristes accèptent l’évacuation des premières victimes, dont un résident blessé. Des membres de la Croix-Rouge et des services du SAMU récupèrent le blessé. Cette information est communiquée à la presse par le Police Press Officer Mooroogan, qui assume le rôle de coordinateur. Les dépouilles des deux victimes sont également placées dans le mortuary vande la police, qui était en stand-by. Aucun détail sur l’identité de ces victimes ou du blessé.
Cela fait au moins une heure que la prise d’otages avait démarré au Happy Hour Hotel et une demi-heure que les négociations ont été entamées avec les terroristes. La tension se lit sur le visage de tout un chacun. Les tireurs d’élite n’attendent que le feu vert pour prendre d’assaut l’hôtel avec de nombreux véhicules blindés de la SMF en stationnement mais prêts à démarrer au moindre signal.
Concession
Les négociateurs de la police arrivent à obtenir une concession stratégique des terroristes, soit permettre le ravitaillement des otages en nourriture et en eau pour le petit-déjeuner. Cette astuce est d’une importance capitale. La présence de trois limiers chevronnés de la Major Crime Investigation Team (MCIT), se présentant comme des aides-soignants, dans l’ambulance de la Croix-Rouge pour transporter de la nourriture, permettra de procéder à une dernière évaluation de la situation dans l’enceinte de l’hôtel avant l’assaut final.
Une fois cette distribution de vivres terminée, les officiers de police communiquent aux responsables de l’opération Thunder Strikedes détails sur la position des assaillants en vue d’améliorer la marge de manoeuvre des tireurs d’élite. Toutefois, la situation se détériore.
8h10 : De nouveaux coups de feu déchirent l’air. Quelques instants plus tard, trois morts gisent par terre, un terroristele doigt sur la gâchette, l’air menaçant, fait le guet. L’hélicoptère de la police survole la région comme pour ajouter à la tension, mouvement qui est loin de plaire aux terroristes.
Les négociations semblent être dans une impasse. Pas question de céder au chantage des terroristes, qui ne comptent pas reculer également. Le responsable de l’Operation Command Centre consulte une dernière fois le comité de crise avec un bilan de la situation en vue de confirmer le signal pour le début des interventions militaires sur le terrain.
L’assaut démarre avec des militaires du GIPM et du NCG Commando, armés jusqu’aux dents surgissant littéralement de nulle part. Un déferlement sourd et affrayant envahit les lieux. Un terroriste est atteint de coups de feu tirés par des snipers. Des grenades sont lancées par les forces de l’ordre avec l’enceinte du Happy Hour Hotel encerclée par les forces de sécurité.
La principale porte d’accès de l’hôtel est prise d’assaut. Des coups de feu se succèdent à un rythme effréné et des cris se font entendre dans un brouhaha indescriptible avec un faux air d’Apocalypse Nowd’Oliver Stone. Un des membres des forces de l’ordre est touché et s’écroule par terre. Il est pris en charge par ses camarades et sera évacué par hélicoptère.
Après un moment de répit, les premiers otages libérés, mais avec la peur sur le visage, quittent les lieux sous forte protection des tireurs d’élite de la police mauricienne. La situation semble maîtrisée et les coups de feu se sont apaisés. Toutefois, le cauchemar n’est pas encore terminé pour certains.
Une improvised explosive device(bombe à retardement) a été placée autour du torse d’un touriste de nationalité britannique. Un détonateur, qui menace de faire exploser l’engin s’il relâche la pression, a été placéde force entre ses mains. Il risque d’être transformé en torche humaine. À n’importe quel moment et à la moindre fausse manoeuvre. L’atmosphère est tendue. Le touriste est paniqué et au bord des larmes. Il supplie qu’on le délivre de ce cauchemar.
Entre en scène un spécialiste de la Bomb Squadron, qui tente de l’apaiser en vue de le débarrasser de cette bombe. Il démarre une séance de counselling pour le mettre en confiance. D’abord, le policier isole le détonateur et procède ensuite à un scan en vue de détecter à quel genre d’explosif il a affaire. Le suspense dure une bonne quinzaine de minutes. Puis, c’est un ouf de soulagement pour cet otage sauvé de justesse par l’expertise des Mauriciens, car la bombe était programmée pour exploser vers 9h.
Dans l’enceinte du Happy Hour Hotel, la nouvelle de la mort des quatre terroristes, qui sont tombés sous les balles de l’Assault Team, comprenant des membres du GIPM et de la NCG Commando, est confirmée. Des chiens renifleurs sont lâchés en vue de chercher et d’éliminer des booby-traps, et tous les coins et recoins de l’hôtel sont passés au peigne fin.
Les survivants sont dirigés vers le Survival Reception Centre où ils seront rejoints par des médecins et des psychologues pour un premier examen sommaire. Le bilan de l’opération Thunder Strikeest relativement lourd : neuf des vingt otages exécutés par les terroristes, les quatre preneurs d’otages abattus, un touriste et deux membres du commando mauricien blessés. Les blessés sont évacués sur l’hôpital Nehru. Il est alors peu avant 9h ce samedi.
Quelques minutes après, des officiers du Scene of Crime Office, du Central Criminal Investigation Division et de la MCIT prennent le contrôle des lieux de la prise d’otages pour diligenter une enquête formelle. L’enceinte de l’hôtel est toujours interdite d’accès.
Le commissaire de police, qui se trouvait sur les lieux depuis très tôt le matin pour suivre le déroulement de cette première dans la lutte antiterroriste, s’adresse à la presse et fait état de sa satisfaction. De leur côté, les membres de l’Anti-Terrorism Desk comptent passer en revue les différentes étapes de cette opération dans le cadre d’un débriefing général. À ce stade, l’identité des victimes n’est pas communiquée à la presse car les next of kinn’ont pas encore été informés du drame.
 

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -