LUTTE CONTRE LA DROGUE — RÉSEAU GROS DERECK: L’heure du “wrapping up”

L’enquête sur le démantèlement d’un des plus importants réseaux de trafic de drogue à Maurice, initiée il y a 80 jours avec une première saisie de sept kilos d’héroïne d’une valeur de Rs 105 millions, atteint ces jours-ci l’étape du wrapping up. Durant ce week-end, l’un des maillons forts, le Linkman à bord du Mauritius Trochetia, Hayeshan Madarbacus, complétera la dernière partie de sa déposition avant que son homme de loi, Me Rama Valayden, ne décide de soumettre une motion pour sa remise en liberté. Entre-temps, les yeux sont tournés vers le DPP’s Office pour des indications au sujet de la question de l’immunité à être accordée à des suspects pour leur collaboration à l’enquête de l’escouade de l’Anti-Drug and Smuggling Unit de Plaine-Verte menée par l’inspecteur Assaad Rujub. En fin de semaine dernière, des initiatives ont été prises en vue de renforcer la collaboration entre le DPP’s Office, l’Independent Commission Against Corruption et l’ADSU au chapitre des Attachment Orders contre les avoirs des présumés trafiquants de drogue actuellement en détention provisoire.
La dernière séance d’interrogatoire du steward du Mauritius Trochetia, prévu pour hier après-midi, a été reportée à ce week-end. C’est ce qu’a appris Le Mauricien de sources bien renseignées. Cette nouvelle séance devra permettre aux limiers de l’ADSU de préciser des derniers détails avec Hayeshan Madarbacus, dont les aveux ont débouché sur l’arrestation de Jimmy Marthe, alias Colosso, et de Jimmy Alexis, dit Rodriguais.
Tout semble indiquer que les révélations les plus fracassantes au sujet du fonctionnement du réseau de Gros Dereck ont déjà été consignées formellement par l’ADSU, même si la piste des audit trails, avec l’interrogatoire d’un des principaux prête-noms, pourrait déboucher sur d’autres développements pour des délits de blanchiment de fonds. Avec les événements du week-end, le suspense sera de mise pour Hayeshan Madarbacus, alias Long Laskar.
Avec son retour en cellule policière en début de semaine alors que techniquement, il aurait dû se retrouver à la Prison Centrale de Beau-Bassin, Hayeshan Madarbacus a franchi un premier pas pour essayer d’obtenir un traitement de témoin à charge. Mais tout semble indiquer que le chemin à être parcouru risque d’être long. Son homme de loi a voulu prendre une assurance tous risques en déposant une Bail Motion pour essayer de convaincre les autorités de garder son client en cellule policière comme c’est le cas pour le suspect Ashish Dayal depuis le 12 juillet dernier.
Consigne stricte
Toutefois, au sein du DPP’s Office, la consigne formelle est très stricte au sujet de la question d’immunité contre des témoignages. « This is not open to negotiations. Les suspects doivent faire leurs preuves au moment de l’enquête et nous verrons après », indiquent des sources autorisées proches du DPP. À cet effet, le cas de l’imam Moosa Beeharry, qui a voulu marchander son témoignage contre une « Full Immunity in Writing », est cité en exemple pour faire la démonstration de l’intransigeance des autorités à ce stade de l’enquête. Le Morale Instructor a été renvoyé On Remand à la prison sans aucune autre forme de procès.
D’autre part, le mot d’ordre aux enquêteurs est « de battre le fer quand il est chaud ». Ainsi, des consultations régulières sont tenues entre les responsables de l’ADSU et le DPP’s Office et les premiers rapports préliminaires sur cette enquête ont déjà été transmis à cet effet. Une fois les derniers détails de cette enquête bouclés, il faudra s’attendre à voir les procès pour des délits de trafic de drogue instruits devant les instances compétentes.
Sur le plan des Assets Recovery sous les nouvelles dispositions de l’Assets Forefeiture Act, les premières demandes de saisies des biens immobiliers et des avoirs des trafiquants présumés, en prélude à leurs procès au pénal, pourraient être logées en Cour suprême. Les fonds prévus par la loi pour gérer ces biens mal acquis sont actuellement sur le point d’être institués au DPP’s Office.
Entre-temps, en vue d’éviter toute duplicité lors de l’étape de l’Assets Recovery, dont le montant pourrait atteindre les Rs 300 millions, le DPP’s Office, l’ICAC et l’ADSU sont engagés dans un exercice de Comparing Notes. Ainsi, les dossiers, qui sont sous la responsabilité de l’Assets Forfeiture Office, dirigé par Me Rashid Ahmine, Senior Assistant DPP, seront exclus de la tutelle de l’ICAC, qui opère sous la Financial Intelligence and Anti-Money Laundering Act. C’est ce qui explique que le seul cas d’Attachment Order émis par la Cour suprême jusqu’ici concerne Jimmy Alexis, alias Rodriguais.
Même si l’enquête portant sur l’aspect relevant purement de la lutte contre la drogue a atteint la limite, d’autres développements aussi spectaculaires peuvent encore surgir sur le plan des Assets recovery…

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