LUTTE CONTRE LA DROGUE : Le trafiquant Gros Dereck à l’heure de vérité

Un peu moins de 15 mois après de spectaculaires opérations sur le terrain menant à la saisie de drogue d’une valeur de Rs 185 millions, dont cinq kilos enfouie dans la forêt de Forbach et l’arrestation d’une série de suspects, parmi l’ancien imam de la Prison de Beau-Bassin, l’imam Beeharry, l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) a soumis ce volumineux dossier au Directeur des poursuites publiques. Des sources autorisées avancent que les conclusions de cette enquête confiée à l’ADSU de Plainte-Verte portent sur indistinctement tous les suspects appréhendés, soit plus d’une bonne dizaine, du grand patron présumé du réseau de l’Ouest, Dereck Jean-Jacques aussi connu sous le sobriquet de Gros Dereck, en passant par l’homme religieux Beeharry sans oublier le chauffeur de taxi devenu extrêmement bavard, Ashish Dayal, en vue d’instruire des procès aux Assises sous les dispositions de la Dangerous Drugs Act.
Dans la conjoncture, la véritable question qui se pose concerne le traitement qui pourrait être accordé à deux des suspects, en l’occurrence Ashish Dayal et le steward employé par la Mauritius Shipping Corporation, Hayeshan Maudarbacus. Jusqu’ici, ces derniers ont bénéficié d’une immunité contre leur collaboration avec l’ADSU sous forme d’aveux menant au démantèlement de cet important réseau d’importation d’héroïne déjouant tous les contrôles des autorités jusqu’à juillet de l’année dernière.
D’ailleurs, ni Ashish Dayal, qui a retenu les services de Mes Hervé Lassémillante et de Samad Goolamaully, ni Hayeshan Maudarbacus, défendu par Me Rama Valayden, n’ont été renvoyés à la Remand Prison de Grande-Rivière-Nord-Ouest ou encore à la Prison centrale de Beau-Bassin pour leur détention provisoire. Des dispositions spéciales ont été prises par les autorités vu qu’ils avaient réussi leur Credibility Test à différentes étapes de l’enquête de l’ADSU.
Avec l’étape du dossier sur la table du DPP à la conclusion de l’enquête policière, l’attention reste braquée sur le sort qui leur sera réservé. « Nous avons bouclé notre enquête sur chacun des suspects qui ont été appréhendés. Nous avons soumis les recommandations à la lumière des preuves obtenues. Maintenant, la balle est dans le camp du DPP, qui devra assurer le compartimentage du dossier et entériner la charge à être retenue dans chacun des cas. Nous ne pouvons rien avancer à ce stade », fait-on comprendre du côté de l’ADSU quant à la question d’immunité et de Star Witness est évoquée en vue des procès à venir.
Dans les milieux de l’ADSU, l’on concède néanmoins que les informations et autres preuves fournies par le chauffeur de taxi marron de l’avenue Ollier, Quatre-Bornes, qui avait été appréhendé avec une première cargaison de sept kilos d’héroïne le 13 juillet de l’année dernière, ont été plus que déterminantes en vue de remonter cette filière. Malgré tout, Ashish Dayal a essuyé des Restraining Orders émis par la Cour suprême contre ses propriétés immobilières sous les dispositions de l’Assets Recovery Act. Quasiment, tous les prévenus se retrouvent dans cette même situation suite à des motions logées par l’Independent Commission Against Corruption dans des enquêtes portant sur le blanchiment de fonds.
L’autre aspect majeur du procès envisagé concerne la connexion de ce trafic de drogue au mécanicien de Richelieu toujours vêtu de blanc. Depuis son arrestation par l’ADSU, il y a un peu plus d’un an, Gros Dereck, qui a retenu les services de Me Gavin Glover, a d’abord rejeté les allégations contre lui, puis exercé son droit constitutionnel de garder le silence lors des séances d’interrogatoire.
Au QG de l’ADSU, l’on affiche la confiance que les Circumstancial Evidences versées dans le dossier à charge et les témoignages des co-accusés de même que d’autres témoins constitueront des preuves suffisantes pour convaincre la justice des soupçons de trafiquant de drogue portés contre le plus célèbre des habitants de la cité ouvrière de Richelieu.
En tout cas, après le dossier de l’accident meurtrier de Sorèze du vendredi 3 mai dernier ayant fait dix victimes, l’enquête de l’ADSU de Plaine-Verte sur le réseau Gros Dereck sera l’autre plat de résistance du DPP à son retour de mission.

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