Maiden cherche sponsor

Le retrait politique de dernière heure d’Air Mauritius comme sponsor du Maiden et de la journée internationale complique singulièrement la tâche du Mauritius Turf Club pour trouver un support financier pour la journée du Maiden 2019. D’autant que les potentiels candidats susceptibles de s’associer à la plus prestigieuse épreuve du calendrier hippique mauricien ont préféré mettre tous leurs œufs dans le même panier, celui des Jeux des îles 2019. Ce qui est tout à fait logique et patriotique puisque, cette année, il s’agit surtout de soutenir le pays, le sport et nos athlètes. Ce choix est d’autant plus judicieux pour l’image et le savoir-faire de nos entreprises qui bénéficieront d’une exposition maximale vu la durée et l’engouement populaire qu’engendre aussi cet événement hautement festif et fédérateur qui a lieu pour la troisième fois sur notre sol. Il y a aussi, sans doute, une petite l’idée de s’assurer les arrières en se mettant dans les bons papiers du pouvoir à l’orée d’une campagne électorale. Mais dans tous les cas de figure, ce soutien de nos principales entreprises à ces Jeux des îles qu’on organise ne peut qu’être salué et encouragé.

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Mais, pour autant, le Maiden et les courses hippiques ne doivent pas être négligés, car cela fragilise davantage une institution qui, malgré ses défauts, tient lieu de ciment du peuple en réunissant dans la convivialité le temps d’une journée, chaque week-end, toutes les composantes de la nation mauricienne dans leur diversité culturelle, sociale et économique, et cela depuis plus de 200 ans. Pour ceux qui l’ignorent encore, il est important de rappeler que l’objectif des colonisateurs d’introduire l’hippisme sur notre sol au début des années 1800 se voulait justement d’être cette activité de loisir qui réunirait les Mauriciens dans leur diversité. L’objectif a été atteint et il ne faudrait pas l’anéantir. Malheureusement, l’étranglement financier constant qui pèse sur le MTC, encouragé dans les girons de l’État et de la Gambling Regulatory Authority (GRA) depuis quelques années s’inscrit dans une logique de division et de destruction, comme l’a subi notre football national. Il n’est pas inutile ici de rappeler que le football mauricien a aussi connu comme Madagascar, ces jours-ci, avec moins de succès certes, l’honneur de participer à une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations. Depuis, chacun connaît la descente aux enfers du ballon rond dans notre pays et il serait dommage que l’hippisme connaisse le même sort.

Pour alléger le fardeau du MTC, Il suffit à l’État et à la GRA de lever une interdiction simple et improductive, celle qui prive les organisateurs de paris, ceux qui profitent le plus des courses mauriciennes, de sponsoriser des journées hippiques. Dans tous les centres hippiques mondiaux, les organisateurs de paris associent leur patronyme à des courses sous forme de partenariats divers sans que cela ne soit considéré comme étant de la publicité incitative au jeu. En Australie, même les noms des hippodromes sont associés à des organisateurs de paris. Il faut donc arrêter cette hypocrisie d’une interdiction qui n’en est pas une puisque, parallèlement, à chaque coin de rue, des bâtiments affichent de grands panneaux lumineux et colorés aux patronymes de compagnies de paris et que d’autres font à travers leurs réseaux de communication écrite et sociale des publicités pour leurs propres compagnies. Priver les courses hippiques de cette possibilité de revenus par le sponsorship n’est définitivement plus de mise et il appartient à la GRA, dont la mission est de donner tous les moyens à une activité pour s’épanouir, d’agir en conséquence.

S’il fallait une preuve des difficultés financières du MTC, c’est la décision, qu’elle devra entériner le 2 août prochain, lors d’une assemblée générale extraordinaire, de vendre ses actions qu’elle détient dans le laboratoire QuantiLAB. Cette séparation est en soit une bonne chose puisqu’elle enlèvera toute perception de conflit d’intérêts qui pourrait exister entre ces deux entités, surtout dans la conjoncture du contrôle antidoping. Mais le fait majeur de cette assemblée extraordinaire constitue des changements aux statuts qui seront également soumis à l’approbation de la majorité des membres. La modification la plus importante est celle qui a trait à l’assemblée des membres et les élections des administrateurs. L’on y note positivement l’acceptation de l’utilisation de la voie électronique ou email pour les communications officielles. Un signe de modernité qui ne pourra que faire du bien à l’institution du MTC.

L’autre fait implique le changement concernant les procurations qui font l’objet de débats au sein du MTC depuis des décennies, au point d’avoir été au centre de la commission d’enquête Parry sur les courses hippiques. C’est un secret de Polichinelle que les procurations sont devenues depuis quelque temps déjà un objet de marchandage, parfois vendues à prix d’or à ceux qui veulent accéder au pouvoir, ou un moyen d’obtenir des faveurs des élus à l’avenir. Les procurations en l’état faussent les élections et leur enlèvent leur cachet démocratique et libre. Le conseil des administrateurs mené par Kamal Taposeea fait trois propositions pour en diminuer l’impact négatif, d’abord celle de réduire de cinq à trois le nombre de personnes représentées par un votant, ensuite que les procurations devront avoir l’en-tête du MTC et enfin que les procurations officielles pourront être envoyées par email.

À l’heure où les parlementaires du pays discutent réforme électorale et financement des partis politiques, où l’on y note un manque de courage ou de volonté politique, la proposition du MTC sur les procurations sont dans la même veine. C’est un petit pas dans la bonne direction, mais nous pensons que les administrateurs doivent avoir le courage d’aller encore plus loin pour rendre les élections des administrateurs plus démocratiques et transparentes. Ce qui redonnerait au MTC sa grandeur d’antan en tant qu’institution respectée et respectable. Il faut rendre le vote obligatoire, étendre le nombre de jours du vote et réduire les procurations à leur plus simple expression — uniquement pour ceux qui sont absents du pays. Pour les autres empêchés pour des raisons personnelles, ils pourraient être sollicités à domicile ou utiliser les moyens électroniques pour voter. Des propositions en ce sens ont déjà été faites par des membres, il faut en débattre sereinement, mais l’objectif d’élimination des procurations subversives doit être la priorité absolue pour un club de 600 membres seulement.

Terminons sur deux faits qui mériteraient plus de considération. D’abord celle concernant les montes du jockey Nunes sur de gros favoris ces derniers temps. Sa monte sur Our Emperor, après celle de Rule The Night et Zenzero, par exemple, méritait sans doute beaucoup plus que les explications notées puisqu’il a choisi l’extérieur alors qu’un boulevard s’était ouvert devant lui à la corde. Pour une occurrence semblable, Jeffrey Lloyd avait été lourdement sanctionné sur Perfect Warrior il y a plusieurs années. Enfin, les autorités compétentes mènent actuellement une enquête sur quatre ou cinq bookmakers qui ont un parrain commun, le magnat protégé des paris mauriciens. Les enquêteurs s’intéressent à leur chiffre d’affaires anormalement bas cette année (entre Rs 300 000 et 400 000), alors que celui des autres bookmakers est actuellement de l’ordre de Rs 1,3/Rs 1,5 million. Cette affaire intrigue plus d’un au Champ de Mars et même à la GRA, d’autant que ces bookmakers refusent de se soumettre aux règlements du MTC. Y aurait-il anguille sous roche ? Le saurons-nous ?

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