MAQUETTES DE BATEAUX: Maritime Models attend la reprise économique en Europe

Le marché des maquettes de bateaux, qui était à une époque le fleuron du secteur artisanal à Maurice, passe par des moments difficiles depuis la crise financière, qui dure depuis quelques années en Europe. Nombreuses sont les entreprises qui fabriquaient ces maquettes et ayant depuis cessé leurs activités. Mais Maritime Models, à Pamplemousses, tient bon en misant sur de petites maquettes qu’elle vend aux touristes chinois et indiens en attendant la reprise. « Nous gardons espoir que ce marché retournera à la normal car, actuellement, il n’y a pas beaucoup de riches touristes venant à Maurice », déclare Sam Gangalaramsamy, directeur de Maritime Models Co Ltd, fabriquant de maquettes de bateaux et de souvenirs.
D’emblée, et pour bien illustrer la situation dans laquelle se trouve le secteur de l’artisanat à Maurice, et plus particulièrement celui des maquettes de bateaux, Sam Gangalaramsamy explique : « Il y a longtemps, un touriste sortant du jardin botanique, en face de chez nous, est entré chez nous et nous a acheté une maquette coûtant Rs 50 000 avant de repartir avec son colis sous le bras en autobus. Mais aujourd’hui, les touristes peuvent venir en voiture, voire même en limousine, mais ils n’achèteront pas une maquette de Rs 5 000. »
La fabrication d’une maquette commence par l’achat du plan original, que Maritime Models se procure aux musées de la marine en France et en Italie. Selon notre interlocuteur, une seule personne travaille sur une maquette du début à la fin, ce qui peut lui prendre d’un à six mois, dépendant de la taille et de la complexité de la maquette à fabriquer. Celle d’une grande maquette, d’une taille de 1 m à 1,20 m – avec plusieurs voiles, canons et figurines –, prend ainsi entre 3 et 4 mois, tandis que celle d’une taille allant de 2 m à 2,50 m prendra de six à huit mois à une seule personne occupée six jours par semaine. Quant aux matériaux utilisés dans la fabrication des maquettes – dont le bois et le tissu –, ils sont disponibles sur le marché local. À l’exception cependant des plaques de cuivre, que le fabricant doit quelquefois importer.
Crise financière en Europe
Le Maritime Models a été créé en 1989 par Sam Gangalaramsamy après qu’il ait quitté une entreprise allemande opérant dans le textile et les maquettes de bateaux. Petit à petit, l’entreprise s’est agrandie grâce aux commandes venant de l’étranger. À un moment, elle employait même autour de 80 personnes. « Nous exportions beaucoup de maquettes. Je voyageais aussi beaucoup pour visiter les salons étrangers, comme à Osaka et Tokyo, au Japon, mais aussi à Singapour, à Sydney, à Melbourne et même à Paris, où j’avais noué beaucoup de contacts. Cela nous a permis d’exporter beaucoup de maquettes, hormis celles que nous vendions sur le marché local », indique-t-il, avant de se souvenir de cette « belle époque » où tous les touristes européens repartaient avec une maquette dans leurs valises après avoir visité les expositions que Maritime Models tenaient le soir dans les hôtels.
Puis vint la crise financière en Europe, vers 2003/04, et l’industrie des maquettes s’écroula à Maurice. Selon Sam Gangalaramsamy, le nombre de touristes a alors chuté tandis que les hôtels faisaient des promotions rien que pour remplir leurs chambres. Et les exportations sont alors tombées à zéro. « Les touristes européens, qui étaient nos principaux clients, ont cessé de dépenser dans des produits de luxe, ce qui était le cas des maquettes de bateau. Même maintenant, ils n’en achètent plus », dit-il, avant d’indiquer que son entreprise vit actuellement grâce aux touristes chinois et indiens, qui préfèrent toutefois « les petites maquettes ».
L’entreprise vend aussi un peu sur le marché local grâce aux commandes passées par des entreprises, ministères et départements du gouvernement, qui offrent des maquettes de bateaux comme présents à leurs clients ou leurs visiteurs. Désormais, elle a diversifié ses activités en fabriquant des maquettes de marlin, de shellfish et dorade, qu’elle exporte en bonne quantité. À mesure que ce secteur s’est écroulé, un grand nombre de ses employés l’ont quitté pour intégrer d’autres secteurs. « Seuls une vingtaine d’employés sont restés, mais ils ne travaillent plus dans l’atelier, préférant le faire chez eux. Ils ne viennent ici que quand ils rencontrent des difficultés. »
Sam Gangalaramsamy ne baisse cependant pas les bras et garde espoir de faire revivre le secteur. Mais encore faut-il, dit-il, que la crise financière se termine en Europe et que les touristes européens recommencent à dépenser leur argent dans des produits de luxe, mais aussi que Maurice fasse connaître ses maquettes de bateaux dans des salons internationaux, comme auparavant. « Nos produits étaient connus dans ces salons, mais maintenant, on ne montre pas vraiment les maquettes de bateaux dans ces salons. On aurait pu le faire, car une maquette de bateau, c’est un produit “ambassadeur” de Maurice. Je vois qu’on fait des “roadshows” en Afrique, mais ça, c’est plus pour le textile, l’habillement, l’alimentation et la manufacture, et pas pour les maquettes », soutient-il. Selon lui, l’idéal serait de vendre nos maquettes de bateaux « dans des pays riches », comme en Chine, où le pouvoir d’achat augmente, selon lui.
Certes, il y a des efforts à faire pour relancer le secteur, mais il faut aussi que la production et la main-d’oeuvre suivent. Le directeur de Maritime Models espère que la clientèle dépensera « comme avant » sur de « petites maquettes, qui coûtent moins cher » et qui sont plus adaptées à son portefeuille. « Il faut fabriquer de petits souvenirs. Ce sera beaucoup plus rentable pour les entreprises. Nous essayons de nous adapter, mais j’ai espoir que ce marché de maquettes de grandes ou moyennes tailles reviendra. Ce qui est navrant, c’est que nous n’aurons alors plus d’ouvriers pour faire ce travail, car beaucoup ont déjà délaissé ce secteur. Où trouver alors des ouvriers qualifiés ? D’autant que nos jeunes ne sont pas intéressés à apprendre le métier. Peut-être faut-il en importer ? » lance Sam Gangalaramsamy, avant de rappeler comment ses ateliers bourdonnaient auparavant, avec ses nombreux ouvriers et ses clients. « C’était la belle époque !

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