Marche des fiertés : 8 participants à la contre-manifestation interrogés au CID de Port-Louis Sud

Le collectif Arc-en-Ciel prépare une action avec d’autres organisations

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Suite à la contre-manifestation à la Marche des Fiertés, qui a eu lieu samedi à la Place d’Armes, la police a convoqué aujourd’hui, huit personnes. Elles seront interrogées à la CID Sud. Par ailleurs la presse à la Réunion et à Mayotte, ainsi qu’en France, a condamné cette action, allant même jusqu’à faire une pointe d’ironie sur « l’arc-en-ciel mauricien ». Le site de réservation en ligne Vol 974 a lui, bloqué la destination Maurice en solidarité avec la communauté LGBT. De son côté, le Collectif Arc-en-Ciel a consulté son homme de loi hier, et annoncera bientôt une action.

Les huit personnes convoquées par la police aujourd’hui ont été identifiées comme étant des meneurs de la contre-manifestation qui a eu lieu samedi à la Place d’Armes. Un en particulier est connu des services de police. Il a également été identifié comme celui qui avait donné rendez-vous à la Place d’Armes pour la contre-manifestation, sur les réseaux sociaux.

Du côté du collectif Arc-en-Ciel, on est toujours sous le choc, mais on ne baisse pas les bras pour autant. « On est extrêmement secoué, choqué, de toute la haine qu’on a vue à la Place d’Armes, samedi dernier», dit Muriel Yvon, membre exécutif du collectif. Une foule hostile, brandissant des pancartes homophobes s’était en effet massée sur cette artère principale de Port-Louis.

Le collectif ne compte pas rester les bras croisés après ces incidents. Après consultation avec son homme de loi, Jean-Claude Bibi hier, il a décidé d’organiser une action qui sera communiquée plus tard. Plusieurs organisations et individus se sont également ralliés à la cause du collectif pour une action concertée.

Le collectif Arc-en-Ciel qui était déjà au courant de ces contestations a décidé d’aller de l’avant avec son événement annuel, même si certains avaient reçu des menaces de mort. « Nous sommes dans notre droit constitutionnel. Cette marche était légale, autorisée par la police. C’est la 13e année que nous l’organisons, nous n’avons jamais fait de mal à personne. Qui plus est, cette année, nous avions des invités de l’étranger. Lors de la clôture de notre workshop vendredi dernier, nous avons reçu l’Attorney General et l’ambassadeur de France qui nous ont témoigné de leur solidarité. »

La porte-parole du Collectif Arc-en-Ciel affirme n’avoir jamais vu autant d’hostilité. « C’est un visage de Maurice qu’on connaissait peu. Le plus grave c’est que sur l’une des vidéos, on entend dire : pa fer narien, bizin atann modord. Quel mot d’ordre? Visiblement, ils nous attendaient sortir pour faire quelque chose. Nous ne nous sentons plus en sécurité. »
Cette dernière trouve également dommage que la police n’ait pas agi face à cette situation. De même, elle remet en question le poste incriminé qui est considéré comme blasphématoire envers une religion. « C’est une personne qui a posté une photo avec une pancarte contenant le commentaire en question au cours de la Gay Pride à Londres. Ça n’a rien à voir avec Maurice. Pourquoi nous associer à cela? Nous ne connaissons pas cette personne. D’ailleurs, la police aurait dû interroger cette personne. À Londres, la personne qui portait la pancarte avait été arrêtée. »

Tout en appréciant l’élan de sympathie, notamment de la part de certains politiciens, Muriel Yvon avance : « Je suis également choquée de constater qu’il y avait un député du PMSD aux côtés des manifestants et qui dit défendre sa religion. C’est inacceptable. »
D’autre part, le Conseil des Religions qui se réunit aujourd’hui, abordera la question, avant de communiquer sa position.

La réputation de Maurice en jeu

La manifestation homophobe de samedi dernier a eu des échos dans la presse régionale. A la Réunion, le site zinfos 974 commente même : « Ces violents incidents sont venus ternir l’image d’une île Maurice “arc en ciel” que le gouvernement aime vendre à l’extérieur pour attirer les touristes. »

À Mayotte, le site d’orange publie le communiqué émis par le parti EELV, condamnant cette situation : « Le simple fait que les autorités n’aient pu endiguer ce déchaînement d’intolérance est en soi inquiétant et témoigne d’une homophobie persistante partagée, hélas, par plusieurs communautés religieuses. Nous condamnons fermement cette agression et appelons le gouvernement mauricien à prendre toutes ses responsabilités pour protéger les militants LGBT et à lever notamment l’interdit qui pèse sur l’homosexualité masculine en abrogeant la section 250 du Code Pénal. »
De son côté, le site de réservation réunionnais Vol 974 a bloqué les réservations sur Maurice. On y voit même une image du lagon mauricien, avec comme commentaire :

“L’autre visage du paradis”

Xavier-Luc Duval : « Salim Abbas Mamode ne participait pas à la manifestation »
Le leader du PMSD a réagi à la mi-journée concernant la présence du député Salim Abbas Mamode à la Place d’Armes samedi dernier. Il explique : « J’ai rencontré Salim ce matin et il m’a expliqué qu’à aucun moment il n’avait participé à la manifestation. Ce qui s’est passé, c’est qu’après la conférence de presse, il s’est rendu à la poste. C’est à ce moment-là qu’il a croisé les journalistes à la Place d’Armes qui l’ont interpellé sur les propos blasphématoires qui circulent. Il a réagi à cela uniquement et à aucun moment contre la communauté LGBT, contrairement à ce que montre la vidéo qui circule. Salim, comme tous les membres du PMSD, respecte tous les Mauriciens indistinctement. »
Par ailleurs, le leader du PMSD a condamné sévèrement l’attitude de la police face à ces incidents. « Je suis choqué que la police n’ait pu empêcher cette contre-manifestation, susceptible de troubler la paix publique. »

Le PM : « Les droits des citoyens doivent être respectés »

La police a ouvert une enquête sur la manifestation illégale organisée samedi en vue de bloquer la marche que devait effectuer le collectif arc-en-ciel à Port-Louis. C’est ce qui ressort du bureau du Premier ministre ce matin. Les informations indiquent que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, est « catégorique » sur le fait que les droits de chaque citoyen « doivent être respectés » dans un État de droit comme Maurice. « La “rule of law” doit prévaloir et le nécessaire sera fait par les autorités à la suite de cette manifestation inacceptable et illégale », fait-on ressortir.

Dans les milieux du PMO, on reconnaît toutefois qu’il n’y ait eu « aucun dérapage » et que la situation « soit restée sous contrôle ». On fait cependant ressortir que le Premier ministre est totalement « contre toute action susceptible de mettre en péril le “rule of law” ». Dans le discours prononcé par le Premier ministre dimanche, à l’occasion Maharana Pratap Diwas organisée par le Gahlot Rajput Maha Sabha, Pravind Jugnauth avait insisté sur le fait que la diversité culturelle et religieuse constitue « la richesse » de la nation mauricienne. Il avait invité tout un chacun à continuer à œuvrer à la consolidation des valeurs fondamentales et à la construction de la société de demain sur une base plus solide « afin de devenir une nation plus unie ».

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