Mare-La-Chaux : le plus vieux site fossilifère de l’océan Indien livre ses premiers secrets

  • Quasiment toute la faune a disparu avec l’arrivée des premiers habitants au 16e siècle

Plus de six mois après la découverte du plus vieux site fossilifère à Mare-La-Chaux, après ceux d’Aldabra et de Madagascar, Julian P. Hume, Head au Natural History Museum de Londres et coauteur du livre Lost Land of the Dodo et Owen Griffiths, scientifique de Maurice, et surtout très connu dans le milieu de l’histoire naturelle du pays, publient dans un communiqué les premiers éléments de réponse sur la faune et la flore d’il y a plus de 12 000 ans.

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Âgé de 12 500 ans, le site situé dans le nord-est de l’île a été découvert grâce à un article de Julien Desjardins dans le Rapports Annuels Société d’Histoire Naturelle de l’Isle Maurice 1830-1834, où l’auteur décrivait un marais rempli d’ossements.

Après un premier état des lieux en 2017, c’est en septembre de l’an dernier qu’une équipe de paléontologues et palynologues locaux et étrangers, dirigée par Julian Hume, Head au Natural History Museum de Londres et coauteur du livre Lost Land of the Dodo y a effectué les premières fouilles et déterré principalement des ossements de scinque de Telfair, les deux espèces de tortues endémiques de Maurice et désormais éteintes, les Cylindraspis triserrata et le Cylindraspis inepta, de même que quelques ossements du fameux dodo.

Les premières analyses effectuées une partie à l’étranger et à Maurice donnent des informations inestimables sur cette région de l’île et du monde au moment même où débute l’âge de pierre.

Il s’agit, en effet, d’une découverte de taille d’autant que les ossements étaient assez bien préservés. En effet, le marais contient de l’argile calcaire, essentiel pour la préservation fossile. Selon les chercheurs, l’argile proviendrait des coraux et du sable emportés et déposés là par une dépression causée due à l’effondrement de tunnels de lave dans la région.

Au fil du temps, l’argile s’est solidifiée sur les bords, formant des sortes de petites poches contenant les fossiles, tandis qu’au centre, resté mou à cause de l’eau, y ont été déposés les fragments d’os, les escargots, les graines et le pollen. De plus, ces analyses ont également pu donner des pistes sur l’environnement à Maurice d’il y a 12 500 ans.

En effet, le marais était à la base un grand lac situé en haut d’un lit d’argile et de terre. Le lac était entouré d’une forêt dense et riche en palmiers, avec une abondance de plantes de marais, dont le Pandanus. La présence de l’escargot Pachystyla bicolor que l’on retrouve généralement dans des régions montagneuses prouve que la région était humide.

Aussi le lac agissait comme une oasis, qui attirait plusieurs espèces désormais éteintes qui venaient s’y abreuvoir, notamment la tortue géante Cylindraspis triserrata et le Domed tortoise C. inepta. Le lézard géant pouvait atteindre un peu plus de la moitié d’un mètre et son cousin Telfair’s Skink L. telfairii, espèce uniquement présente sur l’île ronde, mangeait les fruits tombés des arbres.

Le Dodo Raphus cucullatus, cousin du Mauritius Turtle Dove Nesoenas cicur, visitait lui aussi ce marais pour s’approvisionner en nourriture. Autre découverte confirmant que Mare-La-Chaux était bel et bien une zone marécageuse est la présence du grand oiseau Mascarene Coot Fulica newtonii.

Le grand Mauritius Lizard-owl Otus sauzieri, lui, habitait sur les arbres entourant le marais et occasionnellement y jetait des restes du Telfair Skink, une de ses proies favorites.

Par ailleurs, le marais de Mare-La-Chaux donne énormément d’informations sur l’écosystème mauricien avant l’arrivée des premiers habitants sur l’île. Quasiment toute la faune a disparu avec l’arrivée des premiers habitants au 16e siècle et les forêts ont été irréversiblement détruites.

Grâce à cette découverte, les chercheurs comprennent mieux les phénomènes d’extinction naturelle et celle provoquée par l’homme.

« Les futurs travaux de recherche seront axés sur l’étude des pollens, ce qui nous permettra d’identifier les plantes qui entouraient le lac. Les tests ADN et au carbone 14 détermineront les changements génétiques de la faune au fil du temps ainsi que la relation avec d’autres espèces. Une fois ces informations obtenues, l’on pourra peut-être tenter de reboiser cette région comme avant, pour essayer de recréer l’île Maurice d’avant : le monde perdu du dodo. »

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